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Mis à jour le 09 mai 2012
  Le cracheur de feu
  Le jeu de la mort


  Le cracheur de feu

Un roman de David Almond, publié chez Gallimard, en 2005,
dans la collection Scripto. Traduit de l'anglais.

Le cracheur de feu L'histoire est située au nord de l'Angleterre, en bord de mer, en 1962. Au moins trois familles vivent sur ce bord de la plage.
Celle de Robert Burns, surnommé Bobby, qui va entrer dans un collège prestigieux. C'est une famille simple et aimante. Son père a une grosse inquiétude à propos de sa propre santé.
Celle des Connor, qui ramassent du charbon dans la mer. Les garçons Connor sont des gens simples, virils, un peu rustres sur les bords, mais bons. Leur soeur Ailsa, une fille vive et jolie, est l'amie de coeur de Bobby. Elle ne l'accompagnera pas au collège à la rentrée alors que plus tard, elle s'y révèlera "la plus brillante et la plus audacieuse de tous."
La famille de Daniel est nouvellement arrivée. Le père est un enseignant. Daniel est un jeune informé de la vie du monde -il lit les journaux. Passionné de photographie, son père va publier un livre dans lequel seront tous ses voisins.
Mais celui qui fascine Bobby, c'est McNulty, un cracheur de feu, un homme étrange que le père de Bobby a connu soldat en Birmanie. McNulty a perdu la mémooire de sa vie. Il vit de ses exhibitions. Bobby tente de l'aider, avec Ailsa.
Tout ce petit monde mène sa vie, dans un monde dont l'avenir est perçu comme incertain à cause des événements de Cuba, de la menace atomique.
Lorsque Bobby entre au collège, il en découvre la discipline de fer au travers de Todd, un surveillant général qui frappe les mains des élèves avec une lanière de cuir. Daniel se révolte et dénonce cette violence cruelle en affichant des photographies de Todd frappant la main d'un élève terrorisé. Bobby Burns décide d'aider Daniel dans cette dénonciation.  
Délibérément. A ses risques et périls...


Ce roman est une longue tranche de vie, d'une vie quotidienne banale, dont les événements forment pourtant une trame complexes de sentiments. Ce n'est pas un texte structuré avec une progression logique, c'est une vie qui se déroule. Une vie rendue incertaine par le contexte international de la guerre froide qui génère de l'inquiétude. Une vie de garçon qui quitte l'enfance et entre dans l'adolescence, avec ce changement d'école, cette coupure avec les garçons de son village, la découverte d'un autre milieu social -la famille cultivée de Daniel, le premier amour avec Ailsa, cette découverte que les parents sont fragiles et que son père si fort peut mourir d'une maladie maintenant peu grave. Entrant au collège, Robert affirme sa personnalité, son sens de la responsabilité, sa capacité à décider de ses actes, à en accepter les conséquence -il sait qu'il va se faire exclure du collège.
Enfin, la figure de McNulty, le Cracheur de feu, est celle d'un monde détruit par la dureté de la vie -la guerre où l'homme semble avoir affronté des situations déshumanisantes. Il symbolise aussi, à travers cette relation qui s'installe avec Bobby qui veut l'aider, à travers l'affection dont lui témoignent Bobby et Ailsa avant qu'il ne meure, l'espoir d'un monde plus cordial, plus miséricordieux, plus attentif à la vie des personnes.
Ce très beau livre n'est cependant pas un livre facile à lire du fait qu'il est une succession de 54 chapitres qui sont autant de petites scènes de la vie quotidienne, parfois sans lien apparent. C'est une histoires de sentiments, d'impressions, de ressentis. L'histoire de la vie qui passe et qui peut tout aussi bien vous transformer que vous broyer.
On pourrait croire que c'est un roman dur, sévère, inquiétant. Aucontraire, j'ai ressenti une grande douceur, voire même de la tendresse, dans la façon d'écrire de David Almond, dans sa description de la vie de ses personnages.

Pour des adolescents à partir de 14 ans et pour adultes.

  © Jean TANGUY   19 mars 2006  


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  Le jeu de la mort

Un roman de David Almond, publié chez Gallimard, en 2003,
dans la collection Scripto. Traduit de l'anglais.

Le jeu de la mortKit Watson, 13 ans, vient d'arriver dans le village de sa famille. Comme John Askew, il est d'une famille de mineurs. D'ailleurs, leurs noms sont gravés sur la pierre érigée à la mémoire des cent dix-sept mineurs morts à Stoneygate, dans l'explosion de lamine, en 1821. Askew l'attire dans un groupe pour jouer au jeu de la mort. Ils se rassemblent dans une sorte de grotte, John est le maître de la cérémonie. Il fait tourner un couteau et tous les jeunes murmurent mort, mort, mort… S'arrêtant, la pointe du couteau désignera celui qui mourra. Ses copains quittent alors la grotte, l'abandonnant à son sort, le laissant seul. Quand il sort, il a la certitude qu'il a été mort et qu'il a vu les enfants. 
Au cours de cet étrange compagnonage, Kit et John vont croiser des fantômes, ceux de leurs ancêtres lorsqu'ils étaient encore enfants. Askew disparaît, puis réapparaît. Sa famille est impuissante à faire quelque chose de positif pour lui. Il semble perdu, et Kit est son point de repère. 
Le grand-père de  Kit est au plus mal. Il se bat pour prolonger sa vie. Il raconte la mine à son petit-fils : il m'emmena en promenade et me montra les traces de la présence de l'ancienne mine partout dans Stoneygate (...) 
- Tu regardes cette colline et tu penses qu'elle est pleine. Mais si tu y descendais plus profondément, tu verraie qu'elle est criblée de galeries. Un dédale ! Un vrai labyrinthe ! 
Au cours de nos promenades, je lui  posais mille questions qui le faisaient sourire : (...)
- Nous descendions très profondément, Kit. Il faisait un noir d'encre? Nous étions tous terrifiés (...)
- Mais il y avait autre chose que la peur, Kit. La mine nous attirait. Nous savions que c'était notre destin. Il y avait cette joie toute particulière à glisser ensemble dans cette obscurité qui nous effrayait. Et puis, par dessus tout, il y avait le bonheur de remonter ensemble à la surface, dans un monde magnifique...
Un jour d'hiver. le grand-père mourut.  La vie ne s'est pas arrêtée pour autant. La famille de John Askew s'est stabilisée. Il est revenu à l'école. Il a illustré l'histoire que Kit avait écrit. Le souvenir du grand-père est resté vivant. Allie, Askew, Kit et leur chien ont continué à parcourir la lande de Stoneygate...


C'est à la fois un roman fantastique et un roman noir. 
Un roman fantastique à cause des expériences de mort inexplicables, de la vison des enfants, de ces fantômes qui hantent la vie des héros, des disparitions soudaines...
Roman noir parce que l'ambiance est triste, désespérante, glauque. C'est un tiers-monde avec des gens pauvres et frustres.
Il y a cependant des moments plus lumineux, dans l'amitié forte qui unit Kit et Askew, dans l'affection amoureuse d'Allie pour Kit et dans le souci qu'elle a de lui, dans la relation qui unit Kit à son grand-père qui se bat pour vivre encore un peu.

C'est une lecture forte et dérangeante. Sans doute parce que dans ce jeu, les enfants défient la mort. Ils l'affrontent, la risquent. Sans doute aussi parce qu'il est question de transmission d'un héritage, celui de la mine qui est fermée, qui est comme morte et qui pourtant, continue d'influencer le cours de la vie de ceux qui habitent à Stoneygate. Et il y a l'amitié, des deux héros, une fraternité qui ne s'installe pas de suite, qui s'éprouve, qui se teste avant que d'exister  pour toujours. Leurs vies sont liées. Au début, ils ne le savent pas, ils ne savent pas qu'ils ne peuvent vivre l'un sans l'autre.
Le livre fermé, l'histoire continue de hanter la mémoire du lecteur. Peut-être parce que tout au long de ces pages, il a partagé l'incertitude des personnages qui ne savent pas toujours s'ils vivent dans la réalité ou le rêve. Reste que la vison leur  vision de la vie s'étend au-delà de la mort : Je sais que, tant qu’il y aura des enfants qui plisseront les yeux, nous marcherons là pour l’éternité.

Ce roman bizarre et compliqué plaira aux garçons et filles à partir de 12-13 ans.

  © Jean TANGUY   19 mars 2006