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Un roman de Marie-Claude
Bérot, publié au Seuil,
en 2008, dans la collection

La
mère de Camille est monitrice de voile. Ce
jour-là, elle est partie sur un dériveur avec trois
adolescents. Un coup de vent provoque le drame. Rémi et
Florent sont noyés. Laure, la mère de Camille est mise
en examen. La grand-mère de Laure se tait devant cet accident
de mer tout en restant discrètement présente.
Camille
est broyée par le drame. Rémi était son héros,
celui dont elle venait de devenir amoureuse et à qui elle n'a
pas eu le temps de le lui dire.
Au lycée, elle s'isole.
Elle fuit Antoine, le confident depuis l'enfance, l'ami de coeur dont
tout le monde sait qu'elle est publiquement amoureuse. Elle évite
Julien, son ami de toujours, parce qu'il est le fils du gendarme qui
est venu porter la nouvelle. Elle pense que ses amis ne pourront pas
comprendre sa douleur. Elle souffre, aussi, que sa mère ait
perdu sa joie de vivre. Pourtant, certaine que sa mère a fait
le mieux pour éviter le drame, elle refuse de croire en sa
responsabilité.
Elle qui aimait la mer se met à la
détester, à l'injurier, à la contempler sans
comprendre qu'elle puisse être si cruelle.
Au procès,
l'adolescent qui a échappé au drame témoigne en
faveur de Laure. Camille prend alors conscience de la place que sa
mère occupe dans son coeur.
Elle se sent libre, libre de
vivre une autre vie et d'aimer à nouveau...
Un
récit poignant qui rend bien compte des sentiments et de la
souffrance de l'adolescente. On pense, bien sûr, à tous
les naufrages, tous les marins qui disparaissent en mer et on
comprend que ceux qui les côtoient sur la terre ferme, se
blindent quand surviennent les drames, rentrent en eux-mêmes
pour trouver la force de continuer à vivre. La souffrance et
le désespoir sont décrits avec une précision qui
donnent à ce texte la dureté, la froideur sévère
qui conviennent à ce genre de situation.
C'est aussi un
propos sur la responsabilité. Lors d'un naufrage, qui est
responsable ? La mer ? Les hommes ? La situation maritime ? Le destin
?
Les relations sont complexes entre l'adolescente et ceux qui
l'entourent. C'est un roman sur la fragilité du bonheur, la
vie qui peut basculer d'un moment à l'autre.
Le roman
évite de s'apitoyer sur le sort des personnages. Ce n'est pas
le genre d'histoire que l'on aime lire et relire, mais elle
s'apprécie par la précision avec laquelle Marie-Claude
Bérot traite ce drame.
Pour garçons et
filles à partir de 14-15 ans.
© Jean TANGUY -- 14
septembre 2008
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