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Mis à jour le 09 mai 2012
  Les larmes de l'assassin
   Le temps des miracles

 

Les larmes de l'assassin

Un roman de Anne-Laure Bondoux, publié chez Bayard, en 2003,
dans la collection MilléZime.

Les larmes de l'assassin Là-bas, au Chili, à l'autre bout du monde, le jeune Paolo Paloverdo vit avec ses parents, dans une pauvreté extrême. La vie est rude sur cette terre inhospitalière balayée par les vents, que ne visitent guère que quelques scientifiques, ou parfois un poète. Paolo vit dans une certaine indifférence, avec des parents qui ne lui manifestent aucune affection.
Arrive Angel Allegria, un truand, un escroc, un assassin (...)  recherché par les polices de Talcahuano, de Temuco et de Puerto natales. Froidement, il tue ses parents. Il épargne Paolo parce qu'il n'a jamais tué d'enfant et parce qu'il sait faire la soupe. Ensemble, ils enterrent les deux parents, sans que cela suscite émotion ou chagrin chez l'enfant. Puis la vie continue. Ils cohabitent dans la bonne entente, s'entraident dans les travaux.
Puis arrive Luis Secunda, un riche érudit fuyant Valparaiso, qui leur demande l'hospitalité. Pour Angel, la simple présence de cet homme est une menace pour sa sécurité. Déja sa main serre le couteau, il va le tuer quand Paolo l'appelle "Papa". Il lui laisse la vie sauve. Les trois personnes vont maintenant vivre ensemble, dans des conditions matérielles de plus en plus difficiles. Angel découvre peu à peu que la confiance et la candeur lui enlèvent le goût de tuer. Luis apprend à l'enfant à lire dans un livre de poésie. Une rivalité s'instaure entre les deux hommes qui tiennent à gagner l'amour de Paolo.
Lorsque rien ne pourra plus les nourrir, ils vont se rendre à une foire au bétail. Avec l'argent de Luis, ils comptent acheter dix moutons et une vache. Ils n'ont pas prévu que le contact avec le monde extérieur va modifier le cours de leur existence. Qu'une simple nuit dans une auberge minable fait découvrir la peinture à Paolo et permet à Luis de nouer une relation avec une femme. Qu'Angel va être recherché parce qu'il a dépouillé des gens pour faire ce voyage. Que Paolo va vouloir une vie meilleure simplement parce qu'il aura foulé la moquette de la banque de Luis, qui ne retournera pas dans le sud. Qu'au retour, ils seront hébergés chez un bûcheron qui a abattu son dernier arbre et qui possède une bibliothèque pleine de livres...
Que finalement, Paolo rentrera seul sans sa Maison du bout de la terre, transformé par ce voyage...


Un roman superbement écrit, émouvant, dur et fort. Plus que l'horreur et la violence du comportement d'Angel Allegria, il y a ce voyage d'un enfant d'une quasi-animalité vers l'humanité. C'est un roman initiatique dans lequel domine la recherche de l'amour. Chaque découverte, chaque rencontre, chaque épreuve est pour chacun des personnages, une avancée en humanité, une quête d'une vie meilleure, un désir de s'accomplir dans des relations "normales". Au fil des jours, les relations affectives se nouent et évoluent sans que la volonté des personnages ne soit sollicitée.
L'assassin n'est pas antipathique, sans doute parce qu'il combat sa violence, parce qu'il a entamé une rédemption,  parce qu'il se laisse toucher par la candeur de l'enfant. Il n'échappera cependant pas au châtiment ultime pour les crimes qu'il a commis avant de rencontrer Paolo.
Pour tous, la vie est cruelle dans ce lambeau déchiré du Chili. Trop cruelle pour Luis et Delia qui le fuiront et feront un tour du monde, sans jamais oublier Paolo. trop cruelle aussi pour Angel Allegria n'y reviendra pas. Seul Paolo s'y établira à nouveau, pour y vivre plus que pour survivre. Peut-être parce que là est son histoire. Ou plutôt par c'est là que se trouve son avenir, dans la vie qu'il mènera avec Terusa, la jeune fille qui porte un uniforme de la poste chilienne.
Car, enfin, est-ce vivre que vivre sans amour ?

Pour garçons et filles aux environs de 13 ans.

 © Jean TANGUY   01 février 2004  

 

Le temps des miracles

Un roman de Anne-Laure Bondoux, publié chez Bayard, en 2009,
dans la collection MilléZime.

Le temps des miracles Blaise Fortune, raconte son histoire. Il est né dans le Caucase où il a vécu jusque douze ans. Là-bas, il s'appelait Koumaïl. Il vivait dans un immeuble, avec sa mère Gloria Bohême. C'était un squat que partageaient des réfugiés comme eux, des gens pauvres et solidaires. Gloria lui a souvent répété son histoire, qu'il est Français, qu'elle l'a recueilli lors d'un accident ferroviaire alors qu'il était tout bébé, que sa mère, Jeanne Fortune, est morte peu après qu'elle lui ait demandé de prendre soin de lui, que son père à elle possédait un beau verger, qu'elle a été obligée de partir.
Un jour la milice les délogent. Les voici repartis sur les routes. Parfois, ils s'installent et ravaillent, toujours dans des conditions difficiles, comme sur cette décharge très polluée où ils trient des ampoules électriques. Ils se lient à d'autres compagnons d'infortune, des amis qu'ils laissent pour continuer d'aller vers la France.
Car Koumaïl est Français, il s'appelle Blaise Fortune, ainsi qu'en témoigne un passeport et un courrier officiel que Gloria garde soigneusement dans leur barda. Il est né au Mont Saint-Michel.
A une frontière, Gloria fait Blaise se cacher dans la caisse du camion. Plus tard, quand les douaniers le trouvent sur un parking d'autoroute, elle a disparu. Blaise connaît alors les centres de rétention et les foyers. Mais sa volonté est forte et il reste en France.
Des années plus tard, quand le livre commence, Blaise va retrouver Gloria à Tbilissi, en Géorgie. Pour lui, le temps de la vérité est arrivé.


Belle histoire, belle écriture, beaux personnages : une réussite !
En fait Blaise Fortune n'est pas celui qu'il croit être. Quand il retrouve Gloria, sa mère, à Tbilissi, il apprend de qui il est le fils. Il découvre le mensonge de sa mère qui est aussi la preuve de son immense amour.
Avec cette histoire que Blaise/Koumaïl narre avec une belle dose de naïveté -à moins que ce ne soit une humble simplicité, Anne-Laure Bondoux emporte ses lecteurs dans l'actualité des pays en guerre et des gens qui cherchent à survivre en s'exilant. Elle joue sur la fierté d'appartenir au "pays des droits de l'homme" qui sait accueillir et éduquer le jeune adolescent. Elle interdit de juger le mensonge de Gloria sur les origines de son fils. Sur ce point, on pourrait faire un rapprochement avec l'assassin de "Les larmes de l'assassin" qui tire du bon de sa très mauvaise action. A la fin, le lecteur comprend l'histoire de Gloria et de son fils, tire au clair les raisons du comportement de Gloria et donne une nouvelle perspective aux événements.
En écrivant sur des thèmes aussi délicats que les sans-papiers, l'absence d'enfance, la guerre civile, l'exil, Anne-Laure Bondoux crée une atmosphère qui subjugue et émeut, avec des personnages difficiles à quitter et à oublier.

Sur un joli site que l'auteur consacre au roman, on trouvera toute la documentation qui a suscité son inspiration et qui a guidé son écriture. http://letempsdesmiracles.bondoux.net/

Pour garçons et filles aux environs de 13 ans et plus.

 © Jean TANGUY   17 février 2007