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Un roman de Janine Bruneau, édité
chez Syros, en 2001, dans la collection Souris poche.
Miléna est une fille du voyage. Sa tribu familiale est stationnée
sur un parking de centre commercial. La police les fait évacuer.
Mais la famille de Miléna ne part pas. La grand-mère est
trop malade. Et surtout, sa mère, Anita, veut se sédentariser
pour que sa fille aille à l'école.
L'accueil n'est pas franchement cordial. Les enfants se méfient
de cette fille si différente. Ils lui prêtent des pouvoirs,
ce qu'elle ne dément pas. Miléna n'est pas disposée
à se lier avec les gadgé. Sa grand-mère le lui a
toujours dit : tu es différente, ne baisse jamais les yeux devant
les autres. Alors, elle s'isole, elle marmonne en romani. Elle se
laisse imposer un personnage un peu sulfureux, qu'il faut craindre. Pourtant,
elle aime l'école, elle aime apprendre et elle apprend vite.
Son père, Valdo, est forgeron, ce qui lui vaut de pouvoir rendre
des services au centre équestre de la commune. Cela n'empêche
pas les gens de préférer leur départ, parce qu'ils
dérangent, parce qu'ils rapinent un peu.
La situation s'envenime. Ils vont devoir partir. Alors les enfants se
révoltent. Et le vieux monsieur Grégoire, l'ancien propriétaire
du centre équestre, entre en action. Il s'entend bien avec Miléna,
il la comprend. Quand il lui dit qu'on est tous de la même famille,
même si on vit différemment ! On est de la famille des hommes,
Miléna l'écoute. Les gens du village aussi....
Un romans intéressant parce qu'il rend bien compte
de la mentalité et des conditions de vie des gens du voyage. Des
gens fiers de leurs traditions, des gens différents qui vivent
autrement, qui parlent une autre langue. Un autre culture. D'autres horizons.
D'autres explications du monde. Une autre conception de la liberté.
Difficile à comprendre pour ceux qui ont toujours été
sédentaires, à la ville comme à la campagne. Tout
comme il est difficile aux gens du voyages de s'arrêter et de s'intégrer.
Mais c'est un peu idyllique. Les gens du voyage ne quittent pas si facilement
le voyage. Les obstacles sont difficiles à surmonter. On voudrait
pour les intégrer, qu'ils cessent d'être différents.
Difficile... Dans ce roman, ils pourront garder leur caravane près
de la maison qu'on leur prête, exercer un métier traditionnel
de tsigane moldave, Miléna continuera à aller à l'école.
Dans combien de cas est-ce ainsi ? Tous les enfants du voyage n'ont pas
la chance de rencontrer une institutrice aussi accueillante que celle
du roman (je pense à Sabrina, sur qui son instituteur lançait
des morceaux de craie parce qu'elle ne savait pas qu'elle ne parlait pas
comme les autres de la classe...).
C'est malgré tout un livre utile, pour résister à
l'uniformisation, pour garder à l'esprit que les différences,
pour difficiles qu'elles soient à vivre, sont source de richesse...
Pour garçons et filles dès 11 ans.
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