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Mis à jour le 09 mai 2012
 

La reine des mots

Un roman de Armand Cabasson, publié chez Flammarion, en 2011,
dans la collection Tribal

La reine des mots

  Jenny aime bien apprendre des mots, jouer avec des mots, d'où son surnom. A part ça, c'est une adolescente normale jusqu'au jour où elle ne peut plus résister à faire des actes irrationnels, genre sauter sur l'adduction d'eau des toilettes de son lycée et créer une inondation, déclencher l'alarme incendie, passer les plus précieux DVD de son père au micro-ondes, ... On lui fait rencontrer la psychologue scolaire qui la teste et la déclare surdouée avant de l'envoyer chez un psychiatre.

Elle continue d'avoir des comportements décalés dont elle cherche le sens avec cet homme. Par exemple, lors de sa première rencontre avec sa demi-soeur, se croyant poursuivie, traverser la rue au milieu des voitures et se retrouver à l'hôpital. C'est là que son père, un brillant mathématicien enseignant à Polytechnique, lui apprend qu'il va se séparer de son épouse et partir réaliser son rêve : travailler pour la NASA, aux Etats-Unis... Dans les entretiens que ses parents et elle ont avec le psychiatre, Jenny découvre tout un pan de la vie de son père qu'elle ignorait. Elle a une demi-soeur aînée, fruit des amours de son père lorsqu'il était étudiant, dont on ne lui a jamais parlé. Son père rêve depuis toujours travailler à la Nasa, à la conquête de l'espace. Les aléas de la vie l'ont incité à tempérer son rêve. Un rêve tellement fort que Jenny s'appelle Jenny à cause de ce projet d'aller vivre aux Etats-Unis, pour qu'elle y soit moins dépaysée...

Il raconte aussi que son grand-père, un modeste cheminot mécanicien, ne rêvait que d'avions. Que c'est ce grand-père qui l'a poussé à travailler ses maths et qu'il est mort en lui léguant les trois seuls livres qu'il possédait, écrits par Saint-Exupéry. Son père était un mineur qui s'est usé à la tâche pour payer les études de son fils.

Avec une telle histoire familiale, comment, un jour, ne pas aller au bout de ses rêves...


Cette histoire aurait pu être cucu, larmoyante, mélo... Au contraire, c'est un texte agréable à lire, avec de nombreuses pointes d'humour, des jeux mots, des situations cocasses. Jenny est une fille qui ne manque pas de culot. Cultivée, elle lit  beaucoup, ce qui  nous vaut quelques références littéraires et artistiques. Elle cause beaucoup, aussi, ce qui donne de l'épaisseur au livre...

C'est bien sûr une histoire sur le mal-être adolescent et sur les secrets de famille, mais narrée par une adolescente très en verve. Les entretiens entre Jenny et son psychiatre ont l'avantage de ne pas être abscons, peut-être parce que l'auteur est lui-même psychiatre et qu'il travaille avec les adolescents en difficulté...

J'ai bien aimé un tas de petits détails : l'habitude de Jenny de demander à son psy qu'il lui fasse cadeau d'un mot (asthénie, culpabilité, déplacement), sa façon très vive de s'exprimer, ses bêtises, sa rencontre avec sa demi-soeur, l'histoire de sa famille que le père raconte vers la fin du livre, son rêve qu'il n'a pas oublié, la fin de l'histoire, l'humour.

Un roman pour détendre les adolescents, leur donner l'idée de s'exprimer, mais qui ne fait pas sérieux, ce n'est pas si courant !

Pour garçons et filles à partir de 11 ans.

© Jean TANGUY  --  17 avril 2011