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La reine des mots Un roman de Armand
Cabasson, publié chez Flammarion,
en 2011, ![]() Jenny aime bien apprendre des mots, jouer
avec des mots, d'où son surnom.
A part ça, c'est une adolescente normale jusqu'au jour où elle ne
peut plus résister à faire des actes irrationnels, genre sauter sur
l'adduction d'eau des toilettes de son lycée et créer une inondation,
déclencher l'alarme
incendie, passer les plus
précieux DVD de son père au micro-ondes, ... On lui fait rencontrer la
psychologue scolaire qui la
teste et la déclare surdouée avant de l'envoyer chez un psychiatre. Elle continue d'avoir des comportements décalés dont elle cherche le sens avec cet homme. Par exemple, lors de sa première rencontre avec sa demi-soeur, se croyant poursuivie, traverser la rue au milieu des voitures et se retrouver à l'hôpital. C'est là que son père, un brillant mathématicien enseignant à Polytechnique, lui apprend qu'il va se séparer de son épouse et partir réaliser son rêve : travailler pour la NASA, aux Etats-Unis... Dans les entretiens que ses parents et elle ont avec le psychiatre, Jenny découvre tout un pan de la vie de son père qu'elle ignorait. Elle a une demi-soeur aînée, fruit des amours de son père lorsqu'il était étudiant, dont on ne lui a jamais parlé. Son père rêve depuis toujours travailler à la Nasa, à la conquête de l'espace. Les aléas de la vie l'ont incité à tempérer son rêve. Un rêve tellement fort que Jenny s'appelle Jenny à cause de ce projet d'aller vivre aux Etats-Unis, pour qu'elle y soit moins dépaysée... Il raconte aussi que son
grand-père, un modeste cheminot mécanicien, ne rêvait que
d'avions. Que c'est ce grand-père qui l'a poussé à travailler ses
maths et qu'il est mort en lui léguant les trois seuls livres qu'il
possédait, écrits par Saint-Exupéry. Son père était un mineur
qui s'est usé à la tâche pour payer les études de son fils. Avec
une telle histoire familiale, comment, un jour, ne pas aller au bout
de ses rêves... Cette histoire aurait pu
être cucu, larmoyante, mélo... Au contraire, c'est un
texte agréable à lire, avec de nombreuses pointes d'humour, des jeux
mots,
des situations cocasses. Jenny est une fille qui ne manque pas de
culot. Cultivée, elle lit beaucoup, ce qui nous vaut
quelques références
littéraires et artistiques. Elle cause beaucoup,
aussi, ce qui donne de l'épaisseur au
livre... C'est bien sûr une histoire sur le mal-être adolescent et sur les secrets de famille, mais narrée par une adolescente très en verve. Les entretiens entre Jenny et son psychiatre ont l'avantage de ne pas être abscons, peut-être parce que l'auteur est lui-même psychiatre et qu'il travaille avec les adolescents en difficulté... J'ai
bien aimé un tas de petits détails : l'habitude de Jenny de
demander à son psy qu'il lui fasse cadeau d'un mot (asthénie,
culpabilité, déplacement), sa façon très vive de
s'exprimer, ses bêtises, sa rencontre avec sa
demi-soeur, l'histoire de sa famille que le père raconte vers
la fin du livre, son rêve qu'il n'a pas oublié, la fin de l'histoire,
l'humour. Un
roman pour détendre les adolescents, leur donner l'idée de s'exprimer,
mais qui ne fait pas sérieux, ce n'est pas si courant ! Pour garçons et filles à partir de 11 ans. © Jean TANGUY -- 17 avril 2011 |