Le mystère de la fille sans nom
 Des barreaux pleins les yeux
 Vers des jours meilleurs
 Moi, Félix, 10 ans, sans-papiers

Le mystère de la fille sans nom

Un roman de Marc Cantin, édité chez  Milan en 2001, dans la collection Milan poche.

Le mystère de la fille sans nom  Quand Bastien rentre de l'école, il a l'habitude de marcher en équilibre au bord du trottoir, parce que côté route, c'est un précipice. Côté mur, c'est infesté de serpents. Quand il se retourne, ce soir-là, une fille est derrière lui, une fille qui ne le suit pas, dit-elle, mais qui va par là, comme lui, face de thon...
Curieusement, la fille, qui s'appelle Li, va chez lui, saute au cou de la mère de Bastien en lui disant : Maman, comme tu m'as manqué aujourd'hui !  Avouez que cela a de quoi surprendre... Mais au bout de la soirée, Bastien trouve que Li aurait pu être sa soeur. 
Li raconte d'abord qu'elle habite dans un hôpital où ils mettent les enfants quand leurs parents sont morts. Ce qui a le don d'émouvoir fortement les parents de Bastien. Puis elle avoue la vérité, son père la battait, sa mère la brûlait, pour son bien , disaient-ils. Quand le père de Bastien appelle la police, Li s'enfuit.
Bastien ne se remettra pas de cette rencontre. D'abord, il continue à mettre un couvert de trop, ce qui énerve ses parents. Puis, à la fin de l'hiver, il fugue pour aller revoir Li dont il a réussi à se procurer l'adresse. Il vont au bord de la mer, logent sous un abri de jardin, derrière un tas de bois. Quand Li tente de fuir en pleine nuit à bord d'une barque, il la retient et les gendarmes les retrouvent. Ils sont à nouveau séparés. Bastien s'entête. Il va la voir dans sa clinique où elle est soignée parce qu'elle ne mange plus. Puis au collège, il se comporte comme si sa soeur Li était toujours à côté de lui, ce qui agace vraiment tout le monde...
Son père a craqué la premier, puis sa mère a accepté. Ils vont voir Li, ils acceptent que Bastien prenne Li pour soeur. Li qui accepte de se laisser soigner et qui compte bien continuer à voir Bastien.


Un roman attachant sur l'attachement de deux enfants qui n'auraient pas dû se lier l'un à l'autre. On a plutôt tendance à rejeter celui qui souffre qu'à s'y attacher. En ce sens, la réaction du père qui appelle la police est plus normale que celle de Bastien qui cache Li dans sa chambre.
 Li se choisit un frère, quelqu'un qui va lui permettre de survivre, d'éviter la folie ou la mort, comme le fait dans une toute autre situation, le Béquille de Peter Härtling. On sent bien qu'il y a une blessure ouverte dans la famille de Bastien, que Li vient refermer. Même si les parents, bouleversés résistent. 
On sait que Li a subi des violences, elle les décrit à la famille de Bastien. On devine seulement qu'elle est anorexique, et c'est bien ainsi. le roman reste pudique. On se perd un peu dans le dédale des institutions : foyer, clinique, ferme thérapeutique, mais l'ensemble est cohérent. 
Ce roman qui traite d'une vie difficile et malheureuse, est pourtant plein d'espoir. Sans doute du fait de la force et de la détermination des deux enfants à grandir ensemble, en se soutenant l'un et l'autre. La volonté de Li est fascinante, au premier abord, mais finalement, la constance de Bastien et sa générosité, ne le sont pas moins. 
Voici un roman très tendre, avec des situations parfois finement décrites, des personnages positifs et attachants, une vision intéressante de l'accueil de l'autre dans sa différence et sa souffrance.

Une tranche de vie facile à lire, qui devrait plaire à des garçons et filles de 11-12 ans et un peu plus. 

© Jean TANGUY - 29 avril 2001

   Des barreaux pleins les yeux

Un roman de Marc Cantin, publié aux éditions Thierry Magnier en 2001, dans la collection Roman

Des barreaux pleines les yeux Un homme se tient devant la porte d'une prison. C'est un juge qui vient voir Marie, la détenue 43-276, treize ans, pour tenter de comprendre comment sa vie a basculé.
Elle menait une vie normale, avec sa mère et son jeune frère, jusqu'à l'arrivée de Jérôme, un garçon plus âgé qu'elle, qui l'a immédiatement fascinée.
Pour partir en cavale avec lui, elle a volé l'argent de sa mère et jeté son jeune frère dans l'étang : Jérôme valait tous les sacrifices. Pour rester avec lui, elle n'a reculé devant aucun geste, même le plus violent. Elle a volé, frappé, drogué, incendié. Tout celà pour les beaux yeux de Jérôme, le corps de Jérôme, le sourire de Jérôme. Elle s'est même évadée pendant son transfert au tribunal pour la confrontation avec Jérôme, avec l'idée de tuer cette fille, cette Séverine qui le dévorait des yeux, dans cette ferme à laquelle elle a mis le feu.
Toute cette dérilection pour un garçon sans scrupule qui l'avait trahie depuis longtemps, sans qu'elle ne s'en rende compte.


Âmes sensibles s'abstenir. Incrédules aussi. Parce qu'il existe des filles et des garçons qui, à l'adolescence, sont hallucinés, perdent le contact avec la réalité et s'étourdissent dans une violence sans limite, fuguent sans prendre garde au pire des dangers, oubliant toute morale, tout sentiment d'une appartenance sociale. Plus rien ne compte que le mirage de leur obsession, comme s'ils étaient déconnectés de leur conscience. Et plus tard, ils se retrouvent en prison pour des faits dont la gravité leur échappe complètement.
Ce texte est plein de la violence de cette adolescente, qui à treize ans, est en prison pour sept annnées. Une histoire de fou, vraiment. Mais qui n'est pas sans espoir, grâce à un juge qui cherche à comprendre, qui ne s'en tient pas à l'apparence des faits, et qui confondra le coupable.
A la lecture, on sent que l'auteur a, pour son héroïne, une affection désolée. Ce qui lui vaut peut-être une fin heureuse.

Pour les garçons et filles à partir de 13-14 ans.

©Jean Tanguy - 29 avril 2001

   Vers des jours meilleurs

Un roman de Marc Cantin, publié aux éditions Thierry Magnier en 2001,
dans la collection Roman

Vers des jours meilleurs Zack, un lycéen de seize, ans fume régulièrement de l'herbe. Quand il va dans les fêtes, il lui arrive gober de l'ectasy, avec sa complice, Marjorie. Il aime s'amuser, délirer, se laisser aller. Il aime les sensations que lui procure la drogue. Mais il dit qu'il se contrôle, qu'il sait s'arrêter...
Il est très amoureux de Maïa et tout irait pour le mieux si elle acceptait de s'amuser avec lui. Mais Maïa ne fume pas. Ce n'est pas qu'elle soit coincée, mais elle sait ce qu'elle veut. Elle aime Zack, elle n'aime pas qu'il fume, elle ne veut pas fumer (sa mère étant en dépression chronique et prenant continuellement des antidépresseurs, elle sait ce que c'est que la dépendance). Elle aime Zack, elle aime l'embrasser et le caresser, mais elle n'est pas encore décidée à faire l'amour avec lui.
Un jour, alors qu'il sait qu'il va à l'anniversaire de Marjorie, Boris, son fournisseur lui fait un petit cadeau. Dans un papier plié, il y a de la poudre blanche, une lame de rasoir et deux pailles. Zack se promet de partager la coke avec Marjorie. Tôt dans la soirée, ils se sont retirés dans une chambre pour sniffer quand Maïa les découvre. Zack réagit, remballe la poudre, sachant que Maïa n'acceptera jamais qu'il sniff, qu'elle refusera de faire l'amour comme elle le lui a dit. Le temps qu'il la retrouve, elle s'est fait pièger. Elle a bu un verre d'eau sans se douter qu'on y avait dissout du GBH, la "poudre du viol", et elle est complètement shootée .
Pour Zack, c'est le choc qui le ramène à la réalité. Pas question qu'on touche à Maïa. Il la ramène. Sur le chemin du retour, il rencontre un gars pas bien commode, à qui il a vendu une barrette de henné, et qui le prend très très mal...


La position de Marc Cantin a le mérite de la clarté : la drogue, c'est dangereux, à ne pas toucher. Et le courage, c'est de s'en éloigner si on y a touché.
Dans la bouche de son héros, lycéen brillant, il met tous les arguments qu'emploient les usagers des drogues. En même temps, il décrit bien le prosélytisme de ceux qui deviennent accros, la pression du groupe, la nécessité pour la plupart des adolescents de faire comme tout le monde.
Mais heureusement, l'amour de Zack pour cette fille déterminée qu'est Maïa est plus fort que la drogue...
Un roman sans concession, qui ne fait pas livre de commande. Marc Cantin explique bien comment on fait, ce qu'on ressent, ce qu'on risque. C'est clair, c'est franc. C'est direct et parfois violent. C'est clair. Un bon outil de prévention qui ne fait pas de leçon de morale.

A conseiller aux garçons et aux filles à partir de 13-14 ans.

©Jean Tanguy - 4 mai 2002

   Moi, Félix, 10 ans, sans-papiers

Un roman de Marc Cantin, publié chez Milan en 2000, dans la collection Milan Poche.

Moi, Félix, 10 ans, sans-paiers   Félix arrive  à Brest en provenance d'Abidjan après avoir voyagé avec sa famille dans les soutes d'un cargo porte-conteneurs.
C'est Samba, le cuisinier du bord qui a organisé le voyage et qui les a fait quitter le cargo, cachés parmi les poubelles qu'un chariot élévateur a transporté à terre. Le petit groupe quitte le port sans se faire voir et cherche sa route en ville. C'est le sens d'orientation de Félix qui leur permet de trouver l'appartement d'un oncle.
L'oncle et la tante Massoudé ont quitté la Côte-d'Ivoire depuis longtemps et leurs enfants sont nés en France. Pour eux, Félix et sa famille sont de vrais africains. Il tente d'ailleurs de satisfaire leur curiosité en leur racontant tout de la forêt, des animaux, des champs de bananiers, des caféiers, de cacaoyers, des poètes et des griots.
Félix va braver l'interdiction de sortir, faire des tours dans le quartier, découvrir Brest. Un imprudent bavardage avec l'épicier fait repérer et arrêter la famille. Sauf Félix qui était absent.
Alors qu'il songe à se livrer à la police pour rejoindre sa famille, son oncle l'en dissuade : qu'il reste en France pour que sa famille garde espoir lorsqu'elle sera à nouveau en Côte-d'Ivoire. Il part, en train. Des gens qui n'aiment pas les Noirs le forcent à rester sur le quai à Lamballe.
Il y fera une heureuse rencontre...


Un petit roman facile à lire, qui fait découvrir une facette de la vie des sans-papiers qui arrivent en France clandestinement. De la générosité, une fin très heureuse, beaucoup de réalisme dans un roman tout simple, mais qui ne laissera pas les jeunes lecteurs insensibles.

Dès 10 ans.

©Jean Tanguy - 30 novembre 2003