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Un roman de Stefan Casta,
publié chez Thierry Magnier,
en 2009,
dans la collection Grands romans
Traduit du suédois par Agneta Segol
Victor vit dans une ferme perdue dans la
campagne suédoise. C'est un chasseur. Alors qu'il allait tirer sur un
cerf, une fille blonde les cheveux en pétard se dresse devant lui. On
apprend qu'elle est arrivée par le train et qu'elle doit rejoindre sa
famille d'accueil. Mais c'est dans la ferme de Victor qu'elle décide de
rester.
Victor vit avec Brigitte, sa mère, une femme âgé et handicapée, qui a
été cantatrice et qui a parcouru le monde. Son père est italien, mais a
adopté les façons de vivre et de penser des Suédois. On apprendra
incidemment que Victor est adopté et qu'il n'est pas blanc.
La fille est farouche et déterminée. Elle s'appelle, selon les
circonstances, Esmeralda, Alice, Caroline ou Louise. D'elle, on ne sait
rien d'elle et elle ne dit rien. Il faudra du temps, des saisons, la
responsabilité des moutons, la connivence du chien de berger, des
repas, des silences, de l'attention pour qu'elle dévoile son passé,
qu'on la comprenne.
Victor devra le reconnaître : Le soir où elle, Esmeralda, est
arrivée, tout a changé. Ç'a été le déclenchement d'une période
bouleversante dont la fin a été surprenante. Surtout pour moi. Je me
rappelle avoir pensé que tout ça, c'était peut-être décidé d'avance.
Qu'il était écrit qu'elle mettrait notre existence tranquille sens
dessus dessous. Et que c'est pour moi qu'elle avait été envoyée.
On peut effectivement penser que la fille est restée là pour Victor.
Comme on peut penser, puisqu'elle l'affirme, qu'elle est la petite
fille de Brigitte, la fille de l'enfant que Brigitte avoue avoir
abandonné à une famille pour aller chanter dans le monde. Vrai ou faux,
c'est égal, l'important étant que ces gens puissent continuer à vivre
ensemble.
Victor était lycéen. Il lit de la philosophie dans des livres que lui
apporte la factrice ou sur Internet qui est son vrai lien au monde
jusqu'à ce qu'il décide de poursuivre ses études à l'université. Et
vers le milieu du livre, il s'est mis à écrire. Peut-être même est-ce
lui qui a écrit tout le livre ?
Stefan Casta écrit là quelque chose
d'étonnant. Dans ce livre de plus de trois cents pages, il ne se passe
quasiment rien, hormis les choses de la vie quotidienne, la vie au
rythme des saisons, les relations les plus banales qui soient. Après
tout, la vie de Brigitte et Gustavo est une vie simple de gens qui
vivent dans une campagne profonde où il ne passe rien qui mérite
de constituer la matière d'un roman !
Mais il
y a la narration de Victor, son regard incertain et fragile sur ce
qu'il voit, de jolies paroles sur le fait d'écrire, des sentiments
qu'il livre avec pudeur, une attention constante à ce et à ceux qui
l'entourent, des choses simples, finalement... Et il y a la fille qui
provoque un courant d'air dans ces vies étriquées qui se répètent
semblablement d'année et année. Elle réveille les gens, les questions
par sa présence et le fait qu'elle ne livre rien de son passé, leur
ouvre des horizons qu'ils n'espéraient plus.
C'est un roman ou l'on va de sensation en sensation, où on s'inquiète
de ce que vont devenir les personnages, où l'on est heureux avec eux
quand ils le sont, où l'on se réjouit de croiser ces gens le temps de
la lecture. Un roman qui charme...
Que dire de plus ? Pour lecteurs ados de 15-16 ans et davantage.....
© Jean TANGUY --
30 novembre 2009
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