Un roman de Stéphane Daniel, publié chez Rageot, en 2005,
dans la collection Heure noire.

Dans un collège de Boulogne, Fabien réussit de moins en moins bien. Quelque chose le tracasse. Est-ce sa voisine Dado ? Où plutôt ce trio de garçons qu'il fuit, jusqu'à sortir du collège en sautant par-dessus le grillage ? Trois garçons qui ne lui veulent pas que du bien. Pourtant, Johnson est le frère de Dado et ne devrait pas avoir de raison de l'importuner...
Les parents de Fabien  ne s'aperçoivent pas que leur fils va mal. Alvaro, le père, chauffeur de taxi, est souvent sur la route. C'est un homme sec, un peu taciturne. Fabien ne sait rien de son histoire. Marie, sa mère travaille dans un centre d'appel, avec des horaires contraignants. Ils ne voient même pas que Fabien ne met pas le blouson en cuir que sa grand-mère lui a offert.   
Pourtant Malik a vu Fabien, sous le tunnel, avec les trois garçons... Et il sait que son père est passé et qu'il n'a rien fait... Pourtant son père se semble pas être homme à ne pas voler au secours de son fils, ni à avoir peur de ces trois adolescents.
Et pourquoi le commissaire Ferrini se met-il à fouiner dans la vie d'Alvaro. Qu'est-ce qui le pousse à s'intéresser à Fabien ? 

Mais que cache le père de Fabien ? 

Un thriller de bonne tenue avec tous les ingrédients nécessaires à faire monter l'angoisse : la banlieue ouvrière, le petit caïd qui a souffert et qui à son tour fait souffrir, le racket, le père qui se défile, la lettre anonyme susceptible d'aggraver le cas du garçon, les humiliations et les brimades qui s'accumulent et qui vont le faire exploser, la violence qui s'étend à plusieurs personnages...
Une dénonciation du racket qui démonte bien l'engrenage de la peur. La galerie de personnages est à double face, avec un méchant vraiment dangereux et des gens charmants et bons. Le père de Fabien est un homme courageux et droit malgré les apparences, qui a su tenir sa parole en taisant son passé tumultueux. Marie est une femme amoureuse et droite. Il y a aussi une écoutante sensible, une grand-mère accueillante, un élève qui est un vrai ami de Fabien. Le commissaire est un homme intelligent et sensible, un humaniste. 

Sur le thème de la répétition d'un secret de famille, une variation intéressante, agréable à lire, qui tient son lecteur en haleine jusqu'aux toutes dernières pages.  

Pour garçons et filles à partir de 12-13 ans.
Roman sélectionné pour l'édition 2006-2007 de  "22 V'la les polars", le prix des jeunes lecteurs de romans policiers.

Novembre 2006 : je le relis  et je le trouve vraiment intéressant. La  belle écriture détaille avec précision l'ambiance, les lieux, les personnages, ce qui donne beaucoup de rélaisme au roman.  Au début du roman,parce qu'on ne voit pas encore toute la gravité de la situation et même s'il s'agit d'un racket, c'est l'histoire assez banale d'une tranche de vie dans un collège . Puis on comprend que le père cache un secret et quand le commissaire apparaît, on comprend pourquoi il n'affronte pas le trio de jeunes, par peur de sa propre violence. Dans les derniers chapitres,  le roman prend toute sa dimension angoissante, tant le lecteur est entré en empathie avec les personnages.

© Jean TANGUY   28 novembre 2005 et 4 novembre 2006