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Mis à jour le 09 mai 2012
 

Sale gamine

Un roman de Valérie Dayre, édité à L'École des loisirs en 1999, dans la collection Médium.

  Marguerite habite seule, en pleine campagne, à l'écart du village et des gens. Elle mène une vie austère, pauvre, dans une ancienne gare désaffectée. Une glaciale nuit d'hiver, une gamine en robe légère et chaussures vernies frappe à sa porte. Son père, dit-elle, a eu un accident grave, il se meurt. Marguerite sort le secourir. Mais quelque chose ne va pas : la voiture a disparu. Pourtant, il s'est bien passé quelque chose, comme le confirment les traces que relève Marguerite le lendemain... Ninon, la gamine, la petite chose,  se révèle insupportable. C'est qu'elle est habituée à une vie très luxueuse, avec son père qui mène grande vie. Marguerite, qui aime qu'on lui fiche la paix, cherche donc à s'en débarrasser au plus vite, elle l'emmène même à Paris, où Ninon trouve l'appartement vide, complètement vide. Cela énerve Marguerite qui est persuadée que Ninon raconte des mensonges, qu'elle dissimule de curieuses choses. Et quand les policiers se mêlent de savoir ce qu'est il advenu du père de Ninon, ils soupçonnent Marguerite qui a bien des raisons de chercher à se faire oublier de la police. Tout comme Ninon, mais pour d'autres raisons...


D'abord, j'aime bien le titre, parce que, des fois, je dis cela -pas trop fort tout de même, ni trop sérieusement- à des collégiennes de 4e-3e un peu trop capricieuses, genre "gosse de riche qui n'a jamais manqué". Et Ninon apparaît ainsi.
J'aime, aussi, la rencontre de deux mondes que tout oppose, la personnalité rude, apparemment revêche de Marguerite, son langage décalé, sa liberté qu'elle paie si cher, son passé de gauchiste. Dans sa façon d'accueillir sans le vouloir cette petite chose de Ninon, elle m'a fait penser à la grand-mère Abigail des Enfants Tillerman. 
Ninon aussi est attachante, avec son ton hautain quand elle parle à la campagnarde, sa façon d'évoluer dans sa relation à Marguerite, qu'elle finit par respecter, son attachement à ses parents dont témoigne sa volonté de fuir la police... 

Un roman qui cache sa sensibilité, écrit un peu comme le monologue intérieur d'une vieille personne qui se raconte, avec humour,sa vie passée. L'énigme tient bien, sans qu'on soit surpris du dénouement. L'épilogue, qui envisage diverses retrouvailles entre Marguerite et Ninon, n'annule pas le tragique de la séparation sans doute définitive.  Mais l'intérêt est dans la description de l'évolution des personnages. Comment l'une et l'autre s'apprivoisent, s'attachent, se transforment. Intéressante description de l'indifférence égoïste et écervelée du père, un adulte plus intéressé par la promotion de sa personne que par celle de sa progéniture.
Un roman pour des 12-13 ans minimum.

       © 04 octobre 2000 - Jean TANGUY