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Mis à jour le 09 mai 2012
J'envie ceux qui sont dans ton coeur
Verte
Et Dieu dans tout ça ?
 

 

  J'envie ceux qui sont dans ton cœur

Un roman de Marie Desplechin, édité à L'Ecole des loisirs, 1997,   dans la collection Médium.

J'envie ceux qui sont dans ton coeurQuand il n'est pas au collège, Bartholomé tient la réception de l'hôtel de ses parents. Coincé derrière le comptoir, il se demande si chaque année de sa vie, il devra voir revenir la Société des Amis des jardins ? Jusqu'à quand son père l'obligera-t-il à porter une chemise blanche pour ce travail ? Jusqu'à quand devra-t-il supporter la compagnie désolante des clients qui trouvent l'hôtelier chaleureux mais malin, et l'hôtesse si belle ?
Tout change quand une fille inconnue, habillée d'une robe rouge, entre dans l'hôtel lui demander, en le vouvoyant, si elle peut téléphoner. Elle vient d'arriver dans la ville. Elle habite au bout de la rue. Elle s'appelle Hélène.
Entre l'hôtel et Hélène, il y a la maison de Rosaimée, sa grand-tante, et d'Edmonde. Lorsqu'il y a une réunion chez Ernest, dans la maison d'Hélène, Bartholomé passe par leur jardin pour qu'on ne sache rien de ses activités nocturnes.
Parce qu'il se trouve que le maire du village a décidé de raser le magnifique parc boisé qui se trouve derrière l'hôtel pour en faire une base de loisirs. Le père de Bartholomé est enthousiaste, il y voit une amélioration de ses affaires qui sont au plus mal. Bartholomé est contre ce projet, tout comme Rosaimée, Ernest et Hélène.
Pour éviter ce désastre, Bartholomé et Hélène se lancent dans le collage d'affiches, la nuit. Une nuit qui va changer la vie du bourg de Mont-Chevrigny, celle de ses parents, et la leur...


Le très joli titre de ce livre est une phrase d'Hélène. Elle avait posé une question un peu indiscrète à Bartholomé à propos de la vie de Rosaimée et Edmonde. Il lui avait expliqué qu'elle est juste Rosaimée, qu'il la prend comme elle est et que tant qu'elle ne lui a rien dit, il s'interdit de penser quoi que ce soit, de leur mettre des étiquettes. Épatée Hélène lui répond : Bart, si c'est comme ça que tu aimes, j'envie ceux qui sont dans ton cœur.
Le reste du livre est à l'avenant, plein de délicatesse et de respect. Celui de la mère de Bartholomé qui ne prendra pas parti pour ou contre son fils. Celui de Rosaimée pour les caprices d'Edmonde.
Ne pas croire que c'est dégoulinant de bons sentiments. Au contraire, c'est une histoire ordinaire de gens ordinaires qui ont des soucis d'une grande banalité. L'hôtel est en faillite, ce qui risque de mener le couple à la séparation. La mère d'Hélène, très prise par son travail, est à Los Angeles. Bartholomé n'a pas d'amis... Mais c'est écrit avec une fine et constante ironie.
Marie Desplechin décrit avec bonheur une atmosphère ordinaire et ennuyeuse qui bascule quand paraît l'inattendu et qui s'enchante soudain. C'est un récit sur la possibilité d'accueillir les imprévus de la vie en restant fidèle à soi-même. La possibilité de ne pas se trahir ni décevoir ceux qu'on aime. Et c'est une belle histoire pleine d'amour.
Un livre de 250 pages qui se lit facilement et avec plaisir. Collégiens.

   Verte

Un roman de Marie Desplechin, édité à L'Ecole des loisirs,  dans la collection Neuf.

Verte  Verte est une petite sorcière de onze ans, qui ne manifeste aucun goût pour la sorcellerie. D'ailleurs, c'est simple : elle ne sait rien faire de néfaste. Elle préfère s'intéresser aux garçons de sa classe (elle veut se marier, plus tard) plutôt qu'apprendre les recettes de ces infâmes brouets qui peuvent rendre malade le chien des voisins, comment déclencher un vent violent ou apprendre à casser la vaisselle rien que par le fait de sa propre volonté. Le problème est qu'elle a déjà des pouvoirs de sorcière, sans savoir les maîtriser. Heureusement, Ursule, sa chère mère se décide à confier à Anastabotte, sa grand-mère, le soin de faire son éducation de sorcière. Le premier mercredi, s'en retournant avec Verte, elles rencontrent Soufi, un garçon de la classe de Verte. La grand-mère l'invite à goûter. En l'attendant, elle décide de montrer à sa petit-fille ce qu'on peut faire avec l'ombre bleue, une sorte de rêve téléguidé qu'elle envoie à... Soufi. Au goûter, celui-ci raconte l'histoire incroyable de ce qui lui est arrivé alors qu'il attendait, sur le banc de touche du terrain de foot... Verte est impressionnée. Les résultats éducatifs d'Anastabotte vont plus que combler les attentes d'Ursule, et même l'étonner...


Une histoire de sorcières pleine d'humour, mais de sorcières atypiques, différentes... L'histoire est racontée tour à tour par les différents personnages. Ici et là, les réflexions inattendues et pleines de bon sens des personnages donnent de la vraisemblance à cet incroyable récit.  
Un livre absolument ravissant qui remporte un franc succès chez les jeunes collégiens.
On ne peut pas manquer ça....

Et Dieu dans tout ça ?

Un roman de Marie Desplechin, édité à L'Ecole des loisirs en 1994, dans la collection Neuf.

Et Dieu dans tout ça ?  Trois choses intéressent Henri, les dinosaures, le big bang et Dieu, un des rares sujets qui se suffise à lui-même. Mais personne n'interroge Henri sur Dieu, aussi décide-t-il d'interroger les adultes. Ses parents sont désunis dans la vie comme sur la question de l'existence de Dieu. Son père affirme qu'il n'existe pas. Sa mère serait tentée d'y croire, sans se décider vraiment, mais pense qu'il faut connaître les histoires de la Bible. Ses grands-parents y croient, chacun à sa façon. Sa grand-mère, qui entretient une relation étroite et confiante avec Dieu, l'initie à la pratique religieuse privée. Son grand-père a plutôt une relation utilitariste. Quant à son original oncle Alfred, bien qu'athée, il aime beaucoup en discuter. Quand Henri rend une excellente rédaction où il est question d'une discussion avec un ange qui lui rend visite, c'est Alfred qui l'aide à faire l'exposé sur Dieu qui le rendra célèbre dans l'école. Après avoir erré dans le domaine divin et constaté que c'est l'exposé réussi qui a amélioré sa vie courante, c'est avec son ami Thomas qu'il décide de sa position, que c'est une question qui se discute.


Avec toute l'ironie distanciée dont elle sait faire preuve, Marie Desplechin nous donne un roman sur le thème du dialogue de l'enfant avec les adultes. Et à ceux qui en douteraient, elle rappelle qu'un enfant est capable de penser, d'avoir des idées, des intérêts pour toutes sorte de questions. Elle signale aussi, avec raison, que c'est la réussite qui dope l'activité humaine, qui conduit à d'autres réussites, et non l'échec, les réprimandes, le rappel des manques, les incitations à travailler plus...
Sous une forme très agréable à lire, elle nous fait un petit traité de théologie pluraliste pendant qu'Henri construit son exposé à la bibliothèque municipale. Elle nous fait même un petit traité de théologie tout court, en rappelant que le Dieu des religions, loin d'être un Dieu puissant est un Dieu impuissant qui ne peut rien pour qui ne fait contre les insuffisances humaines, personnelles ou collectives.
Elle laisse la fin ouverte, si bien que l'histoire continue encore un peu dans l'imagination du lecteur.
On retrouve avec plaisir le ton Desplechin, cette façon charmante de dire des choses graves et sérieuses sur un ton badin et léger, très détaché, sans nous tromper sur leur valeur.
Un livre qui peut être lu par des moins de dix ans. Se lit encore bien chez les jeunes collégiens.