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J'envie
ceux qui sont dans ton cœur
Un roman de Marie Desplechin,
édité à L'Ecole des loisirs, 1997,
dans la collection Médium.
Quand
il n'est pas au collège, Bartholomé tient la réception de l'hôtel
de ses parents. Coincé derrière le comptoir, il se demande si
chaque année de sa vie, il devra voir revenir la Société des
Amis des jardins ? Jusqu'à quand son père l'obligera-t-il à
porter une chemise blanche pour ce travail ? Jusqu'à quand devra-t-il
supporter la compagnie désolante des clients qui trouvent l'hôtelier
chaleureux mais malin, et l'hôtesse si belle ?
Tout change quand une fille inconnue, habillée d'une robe rouge,
entre dans l'hôtel lui demander, en le vouvoyant, si elle peut
téléphoner. Elle vient d'arriver dans la ville. Elle habite
au bout de la rue. Elle s'appelle Hélène.
Entre l'hôtel et Hélène, il y a la maison de Rosaimée, sa grand-tante,
et d'Edmonde. Lorsqu'il y a une réunion chez Ernest, dans la
maison d'Hélène, Bartholomé passe par leur jardin pour qu'on
ne sache rien de ses activités nocturnes.
Parce qu'il se trouve que le maire du village a décidé de raser
le magnifique parc boisé qui se trouve derrière l'hôtel pour
en faire une base de loisirs. Le père de Bartholomé est enthousiaste,
il y voit une amélioration de ses affaires qui sont au plus
mal. Bartholomé est contre ce projet, tout comme Rosaimée, Ernest
et Hélène.
Pour éviter ce désastre, Bartholomé et Hélène se lancent dans
le collage d'affiches, la nuit. Une nuit qui va changer la vie
du bourg de Mont-Chevrigny, celle de ses parents, et la leur...
Le très joli titre de ce livre est une phrase
d'Hélène. Elle avait posé une question un peu indiscrète à Bartholomé
à propos de la vie de Rosaimée et Edmonde. Il lui avait expliqué
qu'elle est juste Rosaimée, qu'il la prend comme elle est et
que tant qu'elle ne lui a rien dit, il s'interdit de penser
quoi que ce soit, de leur mettre des étiquettes. Épatée Hélène
lui répond : Bart, si c'est comme ça que tu aimes, j'envie
ceux qui sont dans ton cœur.
Le reste du livre est à l'avenant, plein de délicatesse et
de respect. Celui de la mère de Bartholomé qui ne prendra
pas parti pour ou contre son fils. Celui de Rosaimée pour
les caprices d'Edmonde.
Ne pas croire que c'est dégoulinant de bons sentiments. Au
contraire, c'est une histoire ordinaire de gens ordinaires
qui ont des soucis d'une grande banalité. L'hôtel est en faillite,
ce qui risque de mener le couple à la séparation. La mère
d'Hélène, très prise par son travail, est à Los Angeles. Bartholomé
n'a pas d'amis... Mais c'est écrit avec une fine et constante
ironie.
Marie Desplechin décrit avec bonheur une atmosphère ordinaire
et ennuyeuse qui bascule quand paraît l'inattendu et qui s'enchante
soudain. C'est un récit sur la possibilité d'accueillir les
imprévus de la vie en restant fidèle à soi-même. La possibilité
de ne pas se trahir ni décevoir ceux qu'on aime. Et c'est
une belle histoire pleine d'amour.
Un livre de 250 pages qui se lit facilement et avec plaisir.
Collégiens.
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Verte
Un roman de Marie Desplechin,
édité à L'Ecole des loisirs, dans la collection
Neuf.
Verte est une petite sorcière de onze ans, qui
ne manifeste aucun goût pour la sorcellerie. D'ailleurs, c'est simple
: elle ne sait rien faire de néfaste. Elle préfère s'intéresser
aux garçons de sa classe (elle veut se marier, plus tard) plutôt
qu'apprendre les recettes de ces infâmes brouets qui peuvent rendre
malade le chien des voisins, comment déclencher un vent violent
ou apprendre à casser la vaisselle rien que par le fait de sa propre
volonté. Le problème est qu'elle a déjà des pouvoirs de sorcière,
sans savoir les maîtriser. Heureusement, Ursule, sa chère mère se
décide à confier à Anastabotte, sa grand-mère, le soin de faire
son éducation de sorcière. Le premier mercredi, s'en retournant
avec Verte, elles rencontrent Soufi, un garçon de la classe de Verte.
La grand-mère l'invite à goûter. En l'attendant, elle décide de
montrer à sa petit-fille ce qu'on peut faire avec l'ombre bleue,
une sorte de rêve téléguidé qu'elle envoie à... Soufi. Au goûter,
celui-ci raconte l'histoire incroyable de ce qui lui est arrivé
alors qu'il attendait, sur le banc de touche du terrain de foot...
Verte est impressionnée. Les résultats éducatifs d'Anastabotte vont
plus que combler les attentes d'Ursule, et même l'étonner...
Une histoire de sorcières pleine d'humour, mais
de sorcières atypiques, différentes... L'histoire est racontée tour
à tour par les différents personnages. Ici et là, les réflexions
inattendues et pleines de bon sens des personnages donnent de la
vraisemblance à cet incroyable récit.
Un livre absolument ravissant qui remporte un franc succès chez
les jeunes collégiens.
On ne peut pas manquer ça....
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Et Dieu
dans tout ça ?
Un roman de Marie Desplechin,
édité à L'Ecole des loisirs en 1994, dans la collection
Neuf.
Trois choses intéressent Henri, les dinosaures, le big bang et Dieu,
un des rares sujets qui se suffise à lui-même. Mais personne
n'interroge Henri sur Dieu, aussi décide-t-il d'interroger les adultes.
Ses parents sont désunis dans la vie comme sur la question de l'existence
de Dieu. Son père affirme qu'il n'existe pas. Sa mère serait tentée
d'y croire, sans se décider vraiment, mais pense qu'il faut connaître
les histoires de la Bible. Ses grands-parents y croient, chacun
à sa façon. Sa grand-mère, qui entretient une relation étroite et
confiante avec Dieu, l'initie à la pratique religieuse privée. Son
grand-père a plutôt une relation utilitariste. Quant à son original
oncle Alfred, bien qu'athée, il aime beaucoup en discuter. Quand
Henri rend une excellente rédaction où il est question d'une discussion
avec un ange qui lui rend visite, c'est Alfred qui l'aide à faire
l'exposé sur Dieu qui le rendra célèbre dans l'école. Après avoir
erré dans le domaine divin et constaté que c'est l'exposé réussi
qui a amélioré sa vie courante, c'est avec son ami Thomas qu'il
décide de sa position, que c'est une question qui se discute.
Avec toute l'ironie distanciée dont elle sait
faire preuve, Marie Desplechin nous donne un roman sur le thème
du dialogue de l'enfant avec les adultes. Et à ceux qui en douteraient,
elle rappelle qu'un enfant est capable de penser, d'avoir des idées,
des intérêts pour toutes sorte de questions. Elle signale aussi,
avec raison, que c'est la réussite qui dope l'activité humaine,
qui conduit à d'autres réussites, et non l'échec, les réprimandes,
le rappel des manques, les incitations à travailler plus...
Sous une forme très agréable à lire, elle nous fait un petit traité
de théologie pluraliste pendant qu'Henri construit son exposé à
la bibliothèque municipale. Elle nous fait même un petit traité
de théologie tout court, en rappelant que le Dieu des religions,
loin d'être un Dieu puissant est un Dieu impuissant qui ne peut
rien pour qui ne fait contre les insuffisances humaines, personnelles
ou collectives.
Elle laisse la fin ouverte, si bien que l'histoire continue encore
un peu dans l'imagination du lecteur.
On retrouve avec plaisir le ton Desplechin, cette façon charmante
de dire des choses graves et sérieuses sur un ton badin et léger,
très détaché, sans nous tromper sur leur valeur.
Un livre qui peut être lu par des moins de dix ans. Se lit encore
bien chez les jeunes collégiens.
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