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J'ai
suivi la ligne bleue
Un
roman de Christine
Fleuret-Fleury, publié
aux Editions du
Rouergue, en 2005,
dans la collection doAdo.
Quand il avait 14 ans,
Guillaume s'était fracturé la jambe en
jouant au
tennis. Il avait passé une nuit à
l'hôpital, une nuit à se promener en suivant la ligne bleue
qui partageauit en deux le couloir,
il n'avait pas sommeil. C'est
là qu'il avait connu Bulle, une fille gracile qui vivait
dans une
chambre stérile, avec une guitare, un blouson en jean dessus
son pyjama.
Pour l'approcher, il faut un équipement de cosmonaute,
D'ailleurs, l'accès à sa chambre est interdit, sauf riverains.
Comme elle avait un ordinateur, quand il rentrait chez lui, il lui
envoyait, à sa rive reine des mails pleins de petits mots
tendres qui la faisient rire. Il lui téléphonait
longtemps, longtemps. Puis un jour, il avait refusé une
montre dont elle voulait lui faire cadeau. Et elle l'avait
chassé. Puis, plus tard, il avait appris sa mort . Il en
avait conçu un immense et violent désespoir. Il
s'était appliqué à oublier.
Quatre années s'étaient
écoulées avant qu'une amie évoque un
annuaire des morts qui recenserait les coordonnées de ceux
qui nous ont quittés. Il s'était alors
souvenu de cette fille qui s'appelait Sylvie, et qui se faisait appeler
Bulle. Elle rêvait d'immensité, elle qui
savait que son temps était limité,. Elle l'avait
voulu tout entier pour elle, toutes ses pensées., tout son
temps. Elle avait lutté de toutes ses forces pour
vivre et lui n'avait pas su rester toute sa vie avec elle.
Alors, il lui écrit une lettre pour lui dire tout ce qu'il
n'a pas su lui dire avant de cesser de la suivre. Il cherche le
cimetière où elle est enterrée. Un
endroit en face de la montagne de la Sainte-Victoire. Il s'y rend pour
lui porter cette letre.
C'est là, devant sa tombre, qu'il rencontre la
grand-mère de Bulle qui le reconnait de suite parce qu'elle
sait leur histoire. Elle aussi a mis un terme à une vie, a
quitté un monde qui n'existait plus...
Superbe
roman, sur le premier amour, le deuil et sur la
fidélité.
Une histoire
émouvante et
pathétique écrite avec beaucoup de pudeur.
Le garçon éprouve avec délicatesse des
sentiments d'estime et d'amour pour cette jeune fille au fort
tempérament. Mais elle dans sa bulle avec ses
rêves d'aventures, et lui dans sa petite vie de famille sage
et rangée, ça ne pouvait durer. Il a
essayé d'effacer tout ce qui lui rappelait cette fille, sans
succès. En se rendant au cimetière pour
rencontrer cette fille morte, il rencontre sa grand-mère qui
connaît leur histoire, qui pourrait lui dire ce qui s'est
passé après leur éloignement. Mais il
refuse de savoir. Parce qu'elle n'est plus là et qu'il n'y a
plus rien à apprendre. Il n'y a plus qu'à la
laisser disparaître et a continué à
vivre. Sa grand-mère aussi a tourné une
page, un jour, quand elle a réalisé que le
Viêt-nam où elle était née,
le pays de son enfance et de ses souvenirs qu'elle avait dû
quitter, ce monde-là n'existait plus. Parfois, les souvenirs
nous empêchent de vivre. Un jour, j'ai compris que le monde
où j'avais cru vivre mon enfance n'existait plus (...)
Chaque soir, notre vie bascule dans le passé, dans
l'absence. Au matin, nous croyons le retrouver, nous retrouver, mais ce
n'est qu'un leurre. Il a changé, et nous aussi. Est-ce que
ça doit nous empêcher de l'aimer ?
Vraiment,
un beau roman...
Pour
garçons et filles dès
11-12 ans.
© Jean
TANGUY 18 avril 2005
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