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La maison des voyages
Un roman écrit par Alain Wagneur
et Pierrette Fleutiaux, édité chez Gallimard
en 1998,
dans la collection Page Blanche.
Sonia, quatorze ans, a un petit côté énervant, genre
gamine gâtée. Michel Guévenec ne supporte pas ses récriminations, ni les
embouteillages du dimanche soir. L'ancien capitaine qui a passé sa vie
sur les mers du globe n'est pas habitué à cela. Après une remarque de
trop, il quitte l'autoroute pour une route défoncée au milieu des rails.
Il s'arrête devant une maison de cheminots, abandonnée depuis longtemps.
Passe un train, Michel Guévenec retrouve ses quinze ans. Avec trois autres
garçons, ils sont souvent venus ici. Il y avait une fille pas comme les
autres, Annie, toujours assise, se sortant pas, n'allant pas à l'école
ni au drugstore. Une jeune myopathe. Elle avait tout de suite plu à Michel
Guévénec. Ils étaient venus fidèlement, chaque jour. Ensemble, ils avaient
préparé le brevet, s'aidant les uns les autres à progresser dans leurs
études. Pour ses quinze ans, Michel Guévenec avait fait pour elle le voyage
en train qu'elle ne pouvait pas faire. Un cadeau original pour une fille
qui ne ressemble à aucune autre fille au monde. Elle l'avait embrassé.
Qui sait ce qui serait arrivé si ses parents n'avaient pas déménagé sans
laisser d'adresse, à cause de l'accident mortel survenu à Eusébio, un
des garçons qui aimait trop la mère d'Annie. Plus tard, Michel s'est marié.
La mère de Sonia ressemblait beaucoup à Annie. Quand elle est morte Sonia
avait six ans. Son père a continué à naviguer. Ce soir, enfin, il rattache
ensemble les morceaux de sa vie. Maintenant, ça va aller mieux...
Joli roman écrit par deux auteurs. Beaucoup de
délicatesse dans l'évocation de l'amour des deux jeunes, de la fidélité
de Michel Guévenec à Annie, de justesse de ton dans ce récit du
souvenir. Bien sûr, la situation familiale de la jeune fille élevée chez
elle par "une personne de confiance" et un père marin n'est
pas très courante. Mais l'ensemble se tient, les personnages sont vrais
dans leurs réactions et leurs propos. J'y ai retrouvé la délicate et fragile
complexité des vies des personnages de "Nous sommes tous
éternels", le gros roman de Pierrette Fleutiaux. Et leur
force de caractère, l'amour durable de l'homme pour la jeune fille.
Ce beau livre a obtenu le prix de la revue Lire au collège en 1998..
Pour tous lecteurs de 13-14 ans et plus
©
Jean TANGUY - 24 juillet 2000
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