L'oeil
du chat
Un roman de Paula Fox,
édité à L'École des loisirs, en 1991,
dans la collection Médium.
Le
jeune Ned Wallis, onze ans, vit dans une maison isolée au
haut d'une colline, au-dessus de l'Hudson. Il mène une existence
morne, entre un père pasteur, sévère et d'une
infinie bonté, une mère malade depuis qu'il a cinq
ans, une gouvernante prétendant connaître tout sur
tout.
Pour ses onze ans, un jour de septembre 1934, son oncle Hilary,
le frère de sa mère, grand voyageur, lui fait cadeau
d'un fusil. Le cadeau ne plaît pas au père, car que
peut-on imaginer face à une arme ? sinon la mort.
Mr Wallis range le fusil au grenier, jusqu'aux quatorze ans de Ned.
Au cours de la nuit, Ned ne résiste pas, il monte prendre
le fusil, essayer la carabine. Rien qu'une fois, puis il l'oublierait.
Il se rend près de l'écurie, épaule le fusil,
voit quelque chose bouger et avant qu'il ait eu le temps de réfléchir,
son doigt avait appuyé sur la détente. En rentrant,
sans savoir ce qu'il a touché, Ned a la certiude que quelqu'un
l'a vu. Mais qui ?
Cet acte de désobéissance à son père
inquiète énormément Ned, d'autant plus qu'il
ne peut en parler. Il va chaque jour aider son voisin, Mr Scully.
Il découvre que le vieil homme nourrit un chat sauvage, un
chat qui n'a qu'un oeil et qui a été blessé.
Aller voir le caht devient une raison de plus d'aller rendre des
services au vieil homme, à qui il est très attaché.
Lorsque victime d'une attaque, Mr Scully part vivre dans une maison
de soins, Ned continuera à lui rendre visite, et lui avouera
enfin son secret avant la mort du vieillard.
A près quoi, il aura une oaccasion de parler à sa
mère de ce chat qu'il a sans doute blessé.
Voici un roman où l'action n'a pas vraiment
d'importance. C'est une tranche de vie tout à fait ordinaire,
d'un enfant sensible et droit, qui porte un secret trop lourd pour
lui.
Ce qui est important, ce sont les personnages, les sentiments, les
émotions, les joies simples et les soucis communs. Paula
Fox installe des la première page, une atmosphère
grave et des personnages aux vies difficiles. La mère, malade
et courageuse, a fui la maison quand Ned était petit, apeurée
par la bonté de son mari. Le père, rigoriste et bon,
est tout entier absorbé par sa responsabilité de pasteur.
La gouvernante est envahissante jusqu'à en être insupportable.
Le vieux voisin termine sa vie dans la solitude, sans sa fille qui
tenet de l'oublier. Le personnage central vit dans ce milieu complexe
et sérieux. Sa vie en est affectée, conditionnée,
même s'il sait papoter et se chamailler avec ses calmarades
d'école. C'est un garçon méditatif, qui a une
conscience aigüe de sa vie et du sens de ses actes. C'est aussi
un garçon fidèle en amitié, en témoignent
ses visites qu'il rend à son voisin jusqu'à la fin
de sa vie.
Donc, ne cherchez pas d'action dans ce roman au rythme lent. C'est
une oeuvre sobre et puissnate, écrite avec soin, précision
et vivacité. L'auteur y fait montre d'une grande finesse
émotive, et d'attention à une rectitude certaine de
la vie de ses personnages. Lesqules sont des gens de qualité,
avec une réelle épaisseur humaine, des gens droits,
pleins de sentiments qu'ils expriment avec pudeur.
C'est un beau et fort récit, peu ordinaire, qu'il faudra
proposer à de bons lecteurs à partir de 12-13 ans.
© Jean TANGUY - 21 avril 2002
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