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Mis à jour le 09 mai 2012

 Le cerf-volant brisé

  L'oeil du chat

Le cerf-volant brisé

Un roman de Paula Fox, édité à L'École des loisirs, en 1995, dans la collection Médium.

Le cerf-volant briséLiam, treize ans, apprend par sa mère que son père va bientôt mourir. Du sida, infecté, lui dit-elle, lors d'une transfusion sanguine. Mais il sait que cela fait déjà longtemps que le sida ne se transmet plus par les transfusions. Qu'on lui ment. Il se souvient d'avoir vu son père avec un homme, et il comprend de qui vient ce sida. Son père fuit le domicile familial pour s'isoler dans un bungalow, au bord de la mer, loin de là. Liam et sa mère lui rendent de rares mais régulières visites. Jusqu'au jour où il se décide à aller lui-même le voir, pour tenter de comprendre le mystère de l'amour. Il passe quelques temps près de lui, tentant de l'aider à mourir, lui qui n'a pas encore appris à vivre...


Le livre de Paula Fox est profondément émouvant. Certes la mort et le sida sont de graves sujets, mais ce sont des maux bien réels avec lesquels il faut apprendre à vivre. Sans mièvrerie, Paula Fox décrit ici l'itinéraire d'un jeune garçon qui affronte le sort et grandit dans l'épreuve. Il témoigne tout à la fois de la déréliction d'une société qui admet sans s'offusquer l'homosexualité d'un père, et de sa tolérance, quand elle met en avant qu'il y a de la grandeur à ne pas juger, à recevoir l'autre tel qu'il est et non tel qu'on souhaite qu'il soit. "L'autre m'oblige" disait le philosophe Emmanuel Lévinas.
On appréciera la délicatesse et la justesse avec lesquelles sont dépeints les personnages au travers de l'impossibilité de la mère de Liam de parler de ce qui arrive, de sa colère, de sa tentative d'exclure de sa vie tout à la fois l'homme, la maladie et la mort annoncée. Le portrait sans doute un peu excessif de la tante est superflu....

   © Jean TANGUY - 24 juillet 2000

L'oeil du chat

Un roman de Paula Fox, édité à L'École des loisirs, en 1991,
dans la collection Médium.

Le jeune Ned Wallis, onze ans, vit dans une maison isolée au haut d'une colline, au-dessus de l'Hudson. Il mène une existence morne, entre un père pasteur, sévère et d'une infinie bonté, une mère malade depuis qu'il a cinq ans, une gouvernante prétendant connaître tout sur tout.
Pour ses onze ans, un jour de septembre 1934, son oncle Hilary, le frère de sa mère, grand voyageur, lui fait cadeau d'un fusil. Le cadeau ne plaît pas au père, car que peut-on imaginer face à une arme ? sinon la mort. Mr Wallis range le fusil au grenier, jusqu'aux quatorze ans de Ned.
Au cours de la nuit, Ned ne résiste pas, il monte prendre le fusil, essayer la carabine. Rien qu'une fois, puis il l'oublierait. Il se rend près de l'écurie, épaule le fusil, voit quelque chose bouger et avant qu'il ait eu le temps de réfléchir, son doigt avait appuyé sur la détente. En rentrant, sans savoir ce qu'il a touché, Ned a la certiude que quelqu'un l'a vu. Mais qui ?
Cet acte de désobéissance à son père inquiète énormément Ned, d'autant plus qu'il ne peut en parler. Il va chaque jour aider son voisin, Mr Scully. Il découvre que le vieil homme nourrit un chat sauvage, un chat qui n'a qu'un oeil et qui a été blessé. Aller voir le caht devient une raison de plus d'aller rendre des services au vieil homme, à qui il est très attaché. Lorsque victime d'une attaque, Mr Scully part vivre dans une maison de soins, Ned continuera à lui rendre visite, et lui avouera enfin son secret avant la mort du vieillard.
A près quoi, il aura une oaccasion de parler à sa mère de ce chat qu'il a sans doute blessé.


Voici un roman où l'action n'a pas vraiment d'importance. C'est une tranche de vie tout à fait ordinaire, d'un enfant sensible et droit, qui porte un secret trop lourd pour lui.
Ce qui est important, ce sont les personnages, les sentiments, les émotions, les joies simples et les soucis communs. Paula Fox installe des la première page, une atmosphère grave et des personnages aux vies difficiles. La mère, malade et courageuse, a fui la maison quand Ned était petit, apeurée par la bonté de son mari. Le père, rigoriste et bon, est tout entier absorbé par sa responsabilité de pasteur. La gouvernante est envahissante jusqu'à en être insupportable. Le vieux voisin termine sa vie dans la solitude, sans sa fille qui tenet de l'oublier. Le personnage central vit dans ce milieu complexe et sérieux. Sa vie en est affectée, conditionnée, même s'il sait papoter et se chamailler avec ses calmarades d'école. C'est un garçon méditatif, qui a une conscience aigüe de sa vie et du sens de ses actes. C'est aussi un garçon fidèle en amitié, en témoignent ses visites qu'il rend à son voisin jusqu'à la fin de sa vie.
Donc, ne cherchez pas d'action dans ce roman au rythme lent. C'est une oeuvre sobre et puissnate, écrite avec soin, précision et vivacité. L'auteur y fait montre d'une grande finesse émotive, et d'attention à une rectitude certaine de la vie de ses personnages. Lesqules sont des gens de qualité, avec une réelle épaisseur humaine, des gens droits, pleins de sentiments qu'ils expriment avec pudeur.

C'est un beau et fort récit, peu ordinaire, qu'il faudra proposer à de bons lecteurs à partir de 12-13 ans.

© Jean TANGUY - 21 avril 2002