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Mis à jour le 09 mai 2012
 

Route 225

Un roman de Chiya Fujino, publié chez Thierry Magnier, en 2003, dans la collection Roman.
Traduit du japonais par Sylvain Chupin

Tellement tu es ma soeur !   A la demande de sa mère, Irika part à la recherche de Daigo, son petit frère. Elle le trouve juché sur une balançoire, dans un square non loin de son quartier. Peut-être n'ose-t-il pas rentrer chez lui parce que sa chemise d'uniforme est salie par une inscription Dio... xine... 8 fois ! ? Toujours est-il qu'en retournant à la maison, ils s'aperçoivent que le monde a changé. Par exemple, la route nationale traversée tout à l'heure n'existe plus (...) La nationale était devenue une large rivère entourée de digues en béton. Ils rencontrent une fille qui a été dans la même classe que Daigo, qui est pourtant décédée.
Après bien des détours, ils finissent par retrouver leur maison... sans leurs parents. Ils pensent qu'ils se sont absentés. Plus tard, il leur faudra bien admettre la réalité, leurs parents ont disparu. Pourtant, quand ils appellent leur maison à partir d'une cabine téléphonique, et uniquement avec la carte de Daigo, leur mère répond....

Comment comprendre ce qu'ils vivent ? Existe-t-il un monde parallèle ? Retrouveront-ils leurs parents ?


Par sa thématique d'enfants abandonnés se débrouillant seuls, ce roman pourrait rappeler "Les enfants Tillerman" de Cynthia Voigt. Mais il s'agit ici d'autre chose. C'est une écriture de l'étrange, d'une situation difficilement perceptible et de ce fait, insidieusement dérangeante. Les enfants vivent dans un monde qui ressemble au monde dans lequel ils ont toujours vécu, et ce n'est pourtant pas ce monde. Quelques détails leur permettent de le percevoir, sans être immédiatement certains qu'il s'agit bien "d'un monde (prime)", selon l'expression de la jeune fille. Il y a comme une erreur, une altération de la réalité, une panne, un rouage qui s'est grippé, et qui provoque l'égarement des deux jeunes dans un monde décalé. Une des particularités de ce roman réside dans cette difficulté à admettre et à percevoir qu'il existe deux mondes parallèles qui ont quelques points de contact. A la différence d'autres romans exploitant la veine fantastique, dans lesquels les héros passent dans un autre monde sans se poser la moindre question, les deux jeunes sont d'abord incrédules. Rationnellement, ils doutent et explorent leur nouveau monde, jusqu'à déceler les détails qui leur assureront qu'ils ont perdu le contact avec le monde réel, leur monde d'origine.
Une fois qu'ils ont admis être dans ce monde parallèle, ils peuvent s'assurer que leurs parents sont encore en vie et, après un ultime contact téléphonique, garder une preuve ce cette double réalité, évitant ainsi le désespoir.

Le lecteur français prend lui aussi quelques contacts avec un autre monde, le monde japonais où les écoles ne sont pas mixtes, où les élèves portent un uniforme, où des règles de courtoisie norment les relations amicales et familiales.

Un roman qui joue avec l'invraisemblable, avec une mise en scène de la vie quotidienne dasn ce qu'elle a de plus simple et de plus banal. Un texte qui intrigue, qui excite la curiosité.

Assez facile à lire par des garçons et des filles à partir de 13-14 ans.

 

© Jean TANGUY  1er janvier 2004