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Mis à jour le 09 mai 2012
 

Le ring de la mort

Un roman de Jean-Jacques Greif, édité à L'Ecole des loisirs en 1998,
dans la collection Médium.

Ce livre raconte la déportation de Moshé Wisniak. D'origine polonaise, il était venu habiter et travailler à Paris pour échapper à la misère. Il est arrêté en mai 1941 par des policiers français. Après un court séjour à Pithiviers, il est déporté à Auschwitz, puis Birkenau, Jawwishowitz, Buchenwald d'où il est évacué à Ohrdruf. C'est à Theresienstad qu'il est recouvre la liberté en mai 1945. Venu à Paris à la suite de son frère, Moshé Wisniak a exercé le métier de tailleur. Il s'y est profondément assimilé -les membres de la famille changent de prénom- tout en restant Juif. Il se marie vers vingt ans avec Rachel, une jeune fille rencontrée sur un terrain de camping. Leur fils Élie naît en mai 1939Wisniak étant de petite taille avait appris très tôt à se défendre. Il était devenu un boxeur de bon niveau. Lorsqu'il s'est arrêté de boxer, l'homme pesait 80 kilos, à la libération il n'en pesait plus que 35. C'est tout de même sa résistance et quelques combats de boxe l'ont aidé à survivre au froid, aux privations, aux sévices physiques, au travail dans la mine de charbon, aux travaux harassants. S'il a réussi à survivre, c'est aussi à cause de sa détermination à ne pas mourir pour, un jour, pouvoir témoigner.


L'ouvrage s'appuie sur ce que Lorek Greif qui porte un numéro bleu sur le bras a raconté à son fils de sa vie au camp. Il s'inspire aussi de la rencontre de Maurice Garbar, ancien déporté lui aussi, qui a raconté son séjour dans son livre Un survivant (Plon, 1984) qui n'est plus édité. L'auteur signale qu'il y a eu des combats de boxe à Auschwitz, que pour y survivre, il ne suffisait pas d'être vigoureux et de sa voir se battre (...) il fallait aussi avoir beaucoup de chance.
C'est un roman historique qu'on en peut plus lâcher quand on l'a commencé. J'ai lu un certain nombre de livres sur la Shoah, je suis toujours aussi incapable de réaliser le niveau d'horreur de la déportation et du génocide des Juifs. Ce roman est dérangeant, déroutant, parce que le narrateur raconte ses quatre années de déportation comme un événement quasi-ordinaire de sa vie. Et c'est pourtant l'horreur à toutes les pages, la souffrance, la cruauté, la barbarie, la mort... On comprend ce que dit Moshé Wisniak à la fin du livre : "Chaque nuit, je revois le camp dans mes cauchemars. Les SS, les fouets, les chiens, les musulmans. Je me réveille trempé de sueur et je ne comprends pas où je suis. Renée ne comprend pas non plus. Elle pense que je suis malade. C'est une maladie que je vais garder toute ma vie."

Un ouvrage que tous les jeunes devraient avoir lu avant de quitter le collège. Même si c'est autre chose que la nuit d'Élie Wiesel ou Si c'est un homme de Primo Levi.

© Jean TANGUY -- 24 juillet, 2000