|
La malédiction de la coca
Un roman de Roger Judenne, publié
chez Michalon, en 2003,
dans la collection Les Petits rebelles.
Là-bas, dans le sud de la Colombie, des paysans récoltent
des feuilles de coca. Surviennent des avions militaires qui arrosent les
plantations de cocaiers d'un produit chimique qui en détruit les
feuilles. Les paysans n'ont pas souvent le temps de se mettre à
l'abri.
C'est ce qui arrive à la famille de Celso. Le produit déclenche
une violente crise d'asthme chez Maria, sa petite soeur. Le chamane du
village l'aide à surmonter la crise.
Dans la plaine, la guerilla kidnappe plusieurs personnes en représailles
des plantations. On amène au village Sierva Laura, la fille d'un
grand propriétaire terrien. On confie à la famille de Celso
le soin de la garder et de la cacher. Epuisée par le trajet à
pied sur les pistes, la jeune fille fait une crise d'asthme qui la laisse
prostrée. Les hommes de la guerrilla pense qu'elle simule. Le chamane
ne peut la soigner. Seule Maria comprend ce qui se passe, que l'angoisse
aggrave son état, qu'elle risque de mourir. Elle reste à
ses côtés, lui fait mâcher des feuilles de la coca
pour qu'elle se calme.
Les hommes de la guérilla effectuent des visites chez les paysans
des plaines pour prélever de la nourriture. Chacun de leur côté,
militaires et miliciens payés par les propriétaires terriens
préparent une offensive pour récupérer les otages.
Les hommes de la guerilla décident d'attaquer un camp de base militaire,
à une trentaine de kilomètres du village. Ils contraignent
les villageois à les accompagner et à prendre part à
l'assaut dont ils sortiront victorieux.
Discrétement, Celso en profite pour se fournir en aérosols
destinés à guérir Sierva Laura de sa crise d'asthme...
C'est presqu'un documentaire sur un aspect
de la situation économique et politique de la Colombie. Le lecteur
prend part à un moment de la vie des paysans qui cultivent la coca
sur les hauts plateaux de la Colombie. Il voit leur grande pauvreté
et toute l'importance de la coca dans leur vie quotidienne. Il voit les
hommes de la guerilla en action lorsqu'ils ont pris des otages et que
les miliciens financés par les propriétaires terriens tentent
de les récupérer. Il voit les abus des uns et des autres,
que les armes pervertissent autant les guerilleros que les miliciens.
Plongé dans la violence de la vie sociale, il comprend la dépendance
de ce pays à l'égard des pays riches, notamment des Etats-Unis.
Il devine la puissance des cartels mafieux, liée au pouvoir de
l'argent sale dans une économie déséquilibrée.
Et s'il désire plus d'informations, une discrète mention
à la fin de l'ouvrage le renvoie au chapitre correspondant dans
l'atlas Mondes rebelles junior.
Ce n'est pas un roman larmoyant sur la situation des paysans colombiens.
C'est plus un récit qui témoigne d'une prise de position
militante, d'une colère, dans le genre de la collection "J'accuse..."
chez Syros. Si c'est un roman qui se termine bien, nécessité
liée à sa place dans une collection destinée à
la jeunesse, il ne cache aucune des réalités de ce pays,
la pauvreté dramatique, la soumission, la violence, les choix politiques,
les disparités.
Plutôt que de l'avoir lu dans une collection destinée à
des jeunes, et avec l'aspect romanesque en moins, on aurait pu le trouver
dans les dernières pages du Courrier international, sous la signature
d'un journaliste qui aurait vécu la situation.
On aura à l'esprit, du même auteur : Une vie à
tout prix, publié chez Rageot, dont le thème est le
trafic d'organes dans un pays d'Amérique du Sud.
Pour garçons et filles dès 10-11 ans.
© Jean
Tanguy -- 2 novembre 2003 |