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Mis à jour le 09 mai 2012
 

Esie-la-bête

Un roman de Rose-Claire Labalestra, édité chez Thierry Magnier en 1999,
dans la collection Roman.

Esie-la-bête Les parents d'Elisabeth, dix ans, sont handicapés mentaux. Depuis sa naissance, elle a vécu entourée de leur amour et de l'affection des ses éducateurs, Sophie et Pablo. A l'école, l'institutrice, Mme Munant s'est attachée à cette petite fille intelligente et sensible. En grandissant, la vie devient difficile pour Élisabeth. Elle se rend bien compte que ses parents ne sont pas comme les autres. Son père parle fort dans la rue, quand il se passionne pour quelque chose. A l'école, ce sont toujours les éducateurs qui se déplacent quand Élisabeth a trop de difficultés avec les divisions. Les autres élèves le savent, surtout ce garçon qui ne rate pas une occasion de l'appeler Esie-la-bête depuis qu'il a appris que sont père l'appelle souvent Esie-le-belle. Même Houria, sa meilleure copine, finit par se lasser des histoires de la fillette. Au fur et à mesure que l'année du CM2 s'avance, la vie d'Elisabeth lui est de plus en plus insupportable. Elle est déchirée entre son affection pour ses parents et son désir d'être comme les autres. Elle a besoin de la tendresse de ses parents et d'une voisine, et toute cette tendresse l'étouffe. Lorsque ses éducateurs le lui proposent, elle accepte de s'éloigner de  sa famille, d'aller vivre dans un foyer. Là, avec Milane, sa camarade de chambre, avec Gème, la bibliothécaire qui vient conter des histoires, et avec Pablo, l'éducateur qui la connaît depuis qu'elle est toute petite, elle continue d'y construire sa vie, d'accepter sa différence.


Être l'enfant d'un couple d'handicapés mentaux n'est pas facile, on l'imagine sans peine. Être un enfant normalement sensible et intelligent est encore plus difficile. Ce roman montre bien l'écartèlement de l'enfant entre son affection pour ses parents et sa honte, quand ils ne se comportent pas comme tout le monde. Il montre bien toute la difficulté d'Esie d'assumer cette situation, la violence quand les mots manquent pour dire sa souffrance, les relations de substitution qui se nouent avec les éducateurs ou la bibliothécaire. L'histoire se passe au cours de l'année scolaire de CM2, de septembre à juin, une année qui se termine bien parce que l'enfant a bénéficié de beaucoup d'affection et d'attention, parce qu'elle a pu faire confiance à ceux qui l'entourent.
Dans l'ensemble, les personnages sont décrits, avec justesse. Les situations sonnent vrai. La vie en foyer d'enfants de cet âge est plutôt bien rendu. Les éducateurs sont parfaits, même si l'une d'eux semble moins douée pour ce noble mais difficile métier.
Dans la réalité, la vie est plus dure, le foyer moins rose, les éducateurs sont moins doués pour établir des relations positives avec les enfants, et les enfants sont moins réceptifs, plus rétifs aux bonnes volontés éducatives...
Malgré ces réserves -et peut-être même à cause d'elles- il faut en conseiller la lecture pour ce qu'il fait connaître d'un monde inconnu et inimaginable à tous ceux qui n'ont pas côtoyé de près l'enfance inadaptée.

 

© 16 mai 1999