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Mis à jour le 09 mai 2012
 

L'enfer secret d'Adélaïde

Un roman de Jackie Landeaux, publié chez J'ai lu, en 2002,
dans la collection (Scènes de vie)...

Tellement tu es ma soeur ! Le chien d'Adélaïde s'appelait Beauregard. Renversé par une voiture, elle a voulu qu'il soit immergé dans l'étang.
Adélaïde, quatorze ans, a toujours été une drôle de fille. Une fille obstinée, changeante, fantasque, mais qui prend tout au sérieux, qui déroute avec des questions tordues auxquelles personne ne peut répondre. Même Larry, son voisin et ami d'enfance. Mais après cet accident, elle devient très imprévisible, alternant mutisme et volubilité, air buté et joie débordante, volonté d'être seule et envie de voir du monde. Elle broie des idées noires. Elle se met à boire du lait, beaucoup de lait, à cause du parfum d'la tendresse dont lui a parlé le vieux Jerry. Elle se met aussi à mâcher du chewing-gum.
Avec Larry, c'est la douche écossaise continuelle. Elle accepte qu'il l'accompagne au bal annuel de son école, mais elle danse avec un autre. Il faut dire que ce soir-là, Larry avait traîné avec ses copains et un peu trop forcé sur le whisky de Jimmy. Quand elle avait voulu l'embrasser, il l'avait repoussée parce qu'il empestait l'alcool... De plus en plus souvent, d'ailleurs, elle sort avec ce Jimmy, qui l'emmène sur sa moto. Larry se demande ce qui s'est passé entre elle et Jimmy. Il tente d'en parler, il la surveille, pas toujours discrètement. Maladroit, manquant de cran, il se fait constamment rabrouer par Adélaïde.
Peu à peu, au fil des hasards, l'idée vient à Larry qu'il y a de l'alcool dans la vie d'Adélaïde. Elle nie. Elle s'enfonce dans l'enfer de l'alcool. Elle va vers des drames terribles.
Mais Larry est patient. Il l'aime, il veille...


Au début, j'ai cru lire un roman sur la thématique de la mort dont on ne parle pas. On comprend vite que la jeune fille est très choquée par la mort de son chien. L'intérêt maladroit que lui portent ses parents, très occupés ailleurs, ne fait qu'agraver la situation. Adélaïde se sent seule, différente, sans valeur. Elle perd ses repères au fur et à mesure qu'elle s'enfonce dans l'acoolisme.
Le récit est celui de Larry. C'est son regard qui nous fait suivre l'évolution de la vie tumultueuse d'Adélaïde. Les personnages sont bien campés. Les situations vraisemblables, même pour un roman situé aux Etats-Unis, et l'intrigue est réelle. On comprend les difficultés qu'éprouve Larry à supporter Adélaïde, à affronter la réalité, à percer son secret.
Larry prend conseil auprès d'un de ses professeurs, ancien alcoolique, qui milite aux Alcooliques Anonymes. Avec tout le respect que j'ai pour les A.A., je dois dire que c'est sans doute la situation qui me gêne le plus. Elle donne l'impression d'un prosélytisme qu'on a déja pu remarquer dans le roman de Pierre Coran, La mémoire blanche, paru dans la collection Travelling, chez Duculot. Elle a tout de même le mérite de rappeler que personne ne vit seul, que personne ne se répare seul quand le problème est important, que l'aide est souvent difficile à accepter.

Un bon livre qui traite correctement un sujet rarement abordé dans la littérature de jeunesse.
Pour garçons et filles entre 12 et 15 ans.

© Jean TANGUY   16 avril 2002