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La fille du canal
Un roman de Thierry Lenain,
édité chez Syros, 1993,
dans la collection Les Uns les autres.
Un
double drame se déroule dans ce petit texte. Celui de Sarah,
"abîmée" par un adulte, un peintre qui l'utilise comme
modèle. Celui de l'institutrice qui a vécu une histoire semblable
et qui parviendra à l'aider. Le secret lancinant que la fillette
détient l'obsède au point de perturber gravement son travail
scolaire et de gêner son épanouissement. L'institutrice, dès
qu'elle a deviné ce que cache la fillette, est bouleversée malgré
l'énergie qu'elle dépense pour oublier son propre passé,
douloureux, lui aussi. Sa souffrance revient, intacte malgré
des années d'étouffement. Par compassion, elle cherche à aider
Sarah. Elle sait où la chercher quand elle disparaît : le long
du canal...
Le livre est remarquable par le thème
de l'abus sexuel que Thierry Lenain a le courage d'aborder.
Il le fait avec la plus grande pudeur, en superposant avec habileté
le destin des deux personnages. Il le fait aussi avec une réelle
efficacité, en témoignent ceux avec qui j'ai parlé de ce roman
et qui m'ont dit être restés sous le choc une fois le livre
fermé.
Dommage que le livre n'évite pas certains poncifs. Fallait-il
présenter des adultes aussi maladroits ? La mère de Sarah est
une personne continuellement pressée, agacée par les silences
de sa fille. Le père est un homme faible, qui délègue à son
épouse le soin d'éduquer sa fille. D'un autre point de vue,
il est vrai que dans ce domaine, la fiction peut-être être bien
plus tendre que la réalité. L'institutrice est la seul personne
qui puisse communiquer avec Sarah qui est enfermée à double
tour à l'intérieur d'elle-même. Seul le peintre lui procure
un peu de tendresse, mais à quel prix ! Enfin, il ne faudrait
pas que l'appartement cossu des parents laisse croire
que ces abus n'arrivent que dans les beaux quartiers...
Ce livre a suscité des débats parmi les bibliothécaires, le
lecteur comprendra pourquoi. C'est tout de même un texte joliment
écrit et dont une fonction est d'aider à parler.
Il a obtenu le Totem du roman au Salon du Livre de jeunesse
de Montreuil en 1995. Auparavant, il avait été remarqué par
le jury du Ministère de la jeunesse et des sports qui lui avait
accordé son prix en 1992 (ce prix est décerné sur manuscrit
anonyme, avant publication) et par les professionnels lecteurs
de Livres-Hebdo, qui lui ont décerné un Cercle d'or en 1993.
C'est un des très rares livres que j'ai lu au CDI dans lequel
je travaille. C'était une fin de matinée avant d'aller déjeuner.
Cela fait plus de cinq ans et je me rappelle encore que j'étais
bizarre, pas en forme, pas envie de discuter du temps qu'il
fait avec les collègues...
Je me souviens aussi de la tête de ma filleule à qui je l'avais
offert à la fin de sa sixième, qui l'avait lu au cours d'un
voyage en voiture... C'est vous dire que ce livre dégage de
l'émotion...
Peut être lu dès 9-10 ans. Plutôt par les filles.
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Un
Pacte avec le diable
Un roman de Thierry
Lenain, édité chez Syros, 1993,
dans la collection Les Uns avec les autres.
Roxane vit avec sa mère divorcée. Ne supportant
plus son beau-père, elle fugue avec l'idée d'aller chez son
père. Elle tombe sur une porte close, il est absent pour la
semaine. Un garçon, David, la repère et lui propose de l'héberger.
Comme elle, il a des bleus à l'âme. Il l'appelle petite
soeur, ce qui l'émeut. Elle découvre qu'il se drogue. Elle
voudrait bien l'aider, elle le surveille un peu. Quand elle
trouve le moyen, il est trop tatrd. Il est mort. David a
divorcé d'avec la vie. Et dans ce cas-là, on ne se remlarie
jamais...
Un tout petit livre que l'on quitte avec soi-même
un petit bleu à l'âme. C'est un livre plaisant à lire, une belle
histoire très humaine et pleine d'amitié et de générosité. C'est
aussi un roman grave et dur comme la vie de ces jeunes
qui galèrent, comme la réalité des méfaits de la drogue.
Un livre militant comme beaucoup dans cette collection. Un texte
écrit avec délicatesse et bonté.
A obtenu le prix Sorcières du roman en 1989 décerné par les
Libraires pour la jeunesse.
Ce n'est pas parce que c'est un texte de moins de soixante-dix
pages qu'il faut le donner à lire aux enfants du primaire. Et
encore moins, ne pas le donner à lire aux collégiens...
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Un
Marronier sous les étoiles
Un roman de Thierry Lenain,
édité chez Syros, 1990,
dans la collection Souris rose.
Le
livre commence par le rappel de la mort du grand-père de Jules,
il avait huit ans et il ne s'en était jamais remis.
Dans un service d'urgences hospitalières, le jeune infirmier
voit arriver une petite fille, Lola, victime d'un accident de
la circulation. Ses parents sont morts sur le coup. A la sortie
de la salle d'opération, personne ne peut dire si elle va vivre.
Jules reste près d'elle quand il le peut. Il s'attache à cette
petite. Avant d'être à nouveau opérée, elle lui raconte, sur
une cassette, son rêve de petite fille. Un rêve dans lequel
elle vit parmi les étoiles avant de décider de devenir la petite
fille d'un couple d'amoureux. Elle sait qu'elle ne va pas tarder
à redevenir une étoile...
Une histoire d'affection qui se termine
mal comme parfois dans la vie... C'est aussi une histoire qui
parle du destin de chaque être humain : naître, vivre, aimer,
mourir. C'est écrit sur un rythme rapide, qui ne laisse pas
le temps de se ressaisir. Quand on arrive à la fin de cette
courte histoire, on est aussi triste que Jules...
A ne pas donner à lire sans précaution au prétexte qu'il est
publié dans une collection "rose".
Pour les collégiens...
©
Jean TANGUY - 28 février 1999
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