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Mis à jour le 09 mai 2012
 

Danger mineur

Un roman de Valérie Mathieu, publié au Seuil, en 2008,
dans la collection Karactère(s)

Danger mineur Victor est venu en haut d'une falaise pour faire un grand plongeon dans la mer, pour affronter sa peur de l'eau. Dans la grotte au bord de la falaise, il s'accroche à un canot pneumatique. Il découvre le cadavre d'un homme. Victor prend peur mais décide de ne rien dire. Car Victor vit dans un centre éducatif fermé près de Marseille. Il a connu la prison et ne veut plus y retourner. Au centre, il trouve la paix en faisant de la mécanique.  
Pourtant, il se décide à en parler à son éducateur, parce qu'il a récupéré une arme dans le canot et qu'il a conscience qu'il est dangereux de la garder. Il est interrogé par l'inspecteur Lucas, qui sent que Victor est innocent, qu'il n'aurait pas dû trouver le cadavre. Quelque chose se passe entre l'inspecteur et le jeune qui lui livre quelques indices. L'inspecteur protège Victor, le fait sortir du centre pour des promenades, sous le prétexte des besoins de l'enquête. ce qui a pour conséquence que peu à peu, Victor devient le tête de turc d'un autre jeune et de l'animateur sportif. 
Il est découvert une nuit, en train de chercher à fouiller dans l'ordinateur du directeur. Il est passé à tabac et expédié en prison dès le lendemain matin.
L'inspecteur continue à le visiter, ainsi qu'une femme qu'il lui a fait rencontrer. C'est à elle qu'il remettra la carte  qu'il a trouvé dans la crosse du pistolet. Elle contient le journal du mort, un récit qui va permettre d'arrêter les trafics que mènent le directeur du centre et l'animateur sportif.
Victor va pouvoir sortir de prison et revoir, brièvement, le soleil dans le ciel du monde libre...


C'est un roman noir avec d'intenses scènes de violence, violences physiques, mais aussi violence psychologique et morale. L'analyse psychologique des deux personnages principaux est vraisemblable. La description de la vie intérieure du jeune est faite avec sensibilité, finesse et réalisme. Lire ce roman permet de percevoir ce qui se passe dans la tête de certains jeunes, leur mal-être, leur violence, leurs rituels (le recours au dictionnaire), leur vision du monde et des relations humaines. Une relation de sympathie peut se créer entre un fonctionnaire de police et un jeune. 
Généralement, les foyers hébergeant des adolescents délinquants ou les centres éducatifs fermés ne sont pas des oasis de calme et de paix. La vie dans ce centre est particulièrement dure, avec une violence des jeunes entre eux très présente. Le comportement de certains adultes confine à la perversité.  C'est une situation qui peut exister, certes. Par contre, il est plus difficile de suivre l'auteur quand elle campe un directeur et un animateur qui appartiennent au grand banditisme. C'est laisser penser que n'importe qui peut prendre un emploi dans ce genre d'établissement. Du coup, l'intrigue perd de sa force et le suspense est considérablement réduit. Cependant, alors qu'on espérait que ce jeune allait avoir une seconde chance, le roman se termine de façon très noire et inattendue. 

L'intrigue étant déficiente, le lecteur s'attachera surtout à la vie de Victor,  à ce qui bouillonne en lui et qui constitue l'intérêt du roman. 
Etre admis dans un foyer est une chance de s'en sortir pour un jeune, quand il n'y arrive pas trop tard et quand la qualité du travail éducatif est élevée. Le roman met le lecteur devant cette évidence : plutôt éduquer que punir ces jeunes délinquants qui ne sont pas des bêtes sauvages. Ils sont des êtres humains avec leur sensibilité, leur honneur, leur honnêteté, leur désir et leur espoir de devenir autre. Et pour ceci, il suffit parfois de peu de choses.

Pour garçons et filles à partir de 13-14 ans.

© Jean TANGUY  --  24 octobre 2008