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Un roman de Valérie
Mathieu,
publié au Seuil,
en 2008,
dans la collection Karactère(s)
Victor est venu en haut d'une
falaise pour faire un grand plongeon dans la mer, pour affronter sa
peur de l'eau. Dans la
grotte au bord de la
falaise, il s'accroche à un canot pneumatique. Il découvre le cadavre
d'un homme. Victor prend peur mais décide de ne rien dire. Car Victor
vit dans un centre éducatif fermé près de Marseille. Il a connu la
prison et ne veut plus y retourner. Au centre, il trouve la paix en
faisant de la mécanique.
Pourtant,
il se décide à en parler à son éducateur, parce qu'il a récupéré une
arme dans le canot et qu'il a conscience qu'il est dangereux de la
garder. Il est interrogé par l'inspecteur Lucas, qui sent que Victor
est innocent, qu'il n'aurait pas dû trouver le cadavre. Quelque chose
se passe entre l'inspecteur et le jeune qui lui livre quelques indices.
L'inspecteur protège Victor, le fait sortir du centre pour des
promenades, sous le prétexte des besoins de l'enquête. ce qui a pour
conséquence que peu à peu, Victor devient le tête de turc d'un autre
jeune et de l'animateur sportif.
Il est découvert une nuit, en
train de chercher à fouiller dans l'ordinateur du directeur. Il est
passé à tabac et expédié en prison dès le lendemain matin.
L'inspecteur
continue à le visiter, ainsi qu'une femme qu'il lui a fait rencontrer.
C'est à elle qu'il remettra la carte qu'il a trouvé dans la
crosse du pistolet. Elle contient le journal du mort, un récit qui va
permettre d'arrêter les trafics que mènent le directeur du centre et
l'animateur sportif.
Victor va pouvoir sortir de prison et revoir, brièvement, le soleil
dans le ciel du monde libre...
C'est
un roman noir avec d'intenses scènes de violence, violences physiques,
mais aussi violence psychologique et morale. L'analyse psychologique
des deux personnages principaux est vraisemblable. La description de la
vie intérieure du jeune est faite avec sensibilité, finesse et
réalisme. Lire ce roman permet de percevoir ce qui se passe dans la
tête de certains jeunes, leur mal-être, leur violence, leurs rituels
(le recours au dictionnaire), leur vision du monde et des relations
humaines. Une relation de sympathie peut se créer entre un
fonctionnaire de police et un jeune.
Généralement,
les foyers hébergeant des adolescents délinquants ou les centres
éducatifs fermés ne sont pas des oasis de calme et de paix. La vie dans
ce centre est particulièrement dure, avec
une violence des
jeunes entre eux très présente. Le comportement de certains adultes
confine à la perversité. C'est une situation qui peut
exister, certes.
Par contre, il est plus difficile de suivre l'auteur quand elle campe
un directeur et un animateur qui appartiennent au grand
banditisme. C'est laisser penser que n'importe qui peut prendre un
emploi dans ce genre d'établissement. Du coup, l'intrigue perd de sa
force et le suspense est considérablement réduit. Cependant, alors qu'on espérait
que ce jeune allait avoir une seconde chance, le roman se termine de
façon très noire et inattendue.
L'intrigue
étant déficiente, le lecteur s'attachera surtout à la
vie de
Victor, à ce qui bouillonne en lui et qui constitue l'intérêt
du
roman.
Etre admis dans un foyer est une chance de s'en
sortir pour un jeune, quand il n'y arrive pas trop tard et
quand la qualité du travail éducatif est élevée. Le roman met
le
lecteur devant cette évidence : plutôt éduquer que punir ces jeunes
délinquants qui ne sont pas des bêtes sauvages. Ils sont des êtres
humains avec leur sensibilité, leur honneur,
leur
honnêteté, leur désir et leur espoir de devenir autre. Et pour ceci, il
suffit parfois de peu de choses.
Pour garçons et
filles à partir de 13-14 ans.
© Jean TANGUY -- 24
octobre 2008
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