Ijaz est soldat. Son chef lui donne un l'ordre d'aller voir une femme, pour la tuer, pour la violer, on le saura un peu plus tard. Il y va à contre-coeur. Sur un geste, il réalise la noirceur de ce qu'il allait faire et décide de s'échapper avec la femme. Sa fuite est difficile, épuisante et fait remonter de vagues souvenirs profondément enfouis dans sa mémoire.
Epuisé, il échoue devant une grille et, pour la femme qu'il porte, il implore l'aide de celle qui se présente à lui. Elle s'appelle Neige et l'accueille dans une forteresse qu'elle appelle le dispensaire, et qui n'est habitée que par des femmes et des enfants. Il va rester là, sans rien trouver à faire au début, abruti par ses délires et ses cauchemars. Puis il cherche et se rend utile en redonnant vie à des objets abandonnés dans un hangar.
Jusqu'au jour où cet adolescent revoit enfin la femme qu'il a sauvé....

Un livre sur le drame personnel des enfants soldats qui ne décrit aucun combat, aucun moment de la vie de ces enfants, évitant ainsi tout voyeurisme. Une évocation de leur douleur, de leurs souffrances, de la folie qui naît de leur soumission. Le texte est puissamment évocateur de ce qui peut agiter leurs pensées. Il laisse comprendre en creux que leur reconstruction, une fois le jeune extrait de sa bande, est d'une longueur incertaine mais difficile, qu'il y faut de la patience, de la tolérance et de la volonté. La partie du livre portant le titre de Le cimetière est une parabole de cette reconstruction. Le texte est beau et porte bien le drame que vivent ces gosses qu'on force à vivre dans un âge qui n'est pas le leur, des choses qu'ils veulent ensuite oublier pour être comme les autres jeunes de leur âge. La lecture du livre n'est pas des plus plaisante, mais elle est prenante et émouvante.

Pour des lecteurs de 13-14 ans, avertis de la dureté avec laquelle le sujet est traité.

© Jean TANGUY  --  10 mai 2012