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Mis à jour le 09 mai 2012
  Le Royaume de Kensuké
  Seul sur la mer immense

 

  Le Royaume de Kensuké

Un roman de Michael Morpurgo, illustré par François Place publié chez Gallimard, en 2000.
Traduit de l'anglais.

Le royaume de Kensuké   Le père de Michael ne supportant plus le chômage avait quitté la maison. Une semaine, seulement, le temps de trouver un bateau pour emmener sa famille autour du monde.
C'est ainsi que Michaël embarqua sur la Peggy Sue.
Quelques mois plus tard, la veille de l'anniversaire de ses douze ans, en pleine nuit, il est emporté par une vague, avec son chien. Il croit sa dernière heure arrivée. Son ballon fétiche l'aide à ne pas se noyer. Au matin, il se réveille sur une île qu'il croit déserte. Pourtant, quelqu'un veille sur lui, un vieux Japonais qui le nourrit tout en lui interdisant de dépasser une frontière tracée dans le sable et de pénétrer dans son territoire. Il ne veut pas, non plus qu'il fasse du feu et qu'il sa baigne. Quand il enfreint cet interdit, il est piqué par des méduses. Il serait mort sans l'aide de Kensuké qui le soigne.
Peu à peu, le vieil homme et l'adolescent s'acceptent et Michael découvre la vie de Kensuké. Pendant la guerre, il était médecin et soignait les soldats blessés. Sa ville, Nagasaki, a été détruite. Il pense que sa famille est morte. Son bateau ayant fait naufrage au bord de l'île, il s'y installe et vit seul jusqu'à l'arrivée de Michael. Seul avec une famille d'orangs-outans qu'il protège.
Mais Michael est nostalgique. Il est jeune et espère un avenir ailleurs que sur cette île. Il lance des messages à la mer. Quand Michael quitte l'île, le vieil homme choisit de rester.
Après avoir respecté au silence de dix ans, conforme au voeu de Kensuké, Michael raconte cette aventure exceptionnelle.


Une très belle histoire de rencontre et d'amitié entre une personne agée et un adolescent, avec la nature, des animaux, la présence de la guerre. C'est à la fois un roman d'aventure et un récit initiatique qui ne donne pas de leçon de morale au lecteur. On découvre des personnes qui se rencontrent, se respectent et s'acceptent dans leurs différences, qui font preuve de bonté et de compassion, de courage et d'optimisme. On lit ce texte et on est impressionné par ces personnages plein de sagesse et d'humanité..
La fin n'est ni gaie, ni triste. Elle ouvre un avenir possible entre le jeune homme et celui qui lui écrit. C'est une jolie fin réaliste.
Il ne faut pas passer à côté de ce superbe roman dont aucune bibliothèque, ni aucun CDI digne de ce nom ne peut se passer !

Ce roman a obtenu trois prix littéraires au cours de l'année 2001 (Prix Sorcières, Prix Lire au Collège, Prix Tam-tam Je bouquine). Garçons et filles peuvent le lire dès 11-12 ans.

 © Jean TANGUY   11 juin 2002   

 

  Seul sur la mer immense

Un roman de Michael Morpurgo, publié chez Gallimard, en 2008.
Traduit de l'anglais.

Seul sur la mer immenseArthur Hobhouse a été exilé d'Angleterre en Australie à l'âge de 6 ans. Il laisse derrière lui sa soeur, Kitty, qui lui a donné une clef dont il ne se rappelle plus à quoi elle sert.
Sa vie australienne commence dans le ranch Cooper où il vit comme un esclave avec d'autres orphelins. Le fermier est un homme violent, un tyran qui exploite les enfants, les faisant travailler dur au prétexte de les aider  à trouver les chemins qui mènent à Dieu. Son épouse lui est soumise. Toutefois, enhardie par le malheur et des réactions de résistance des enfants, elle aidera Arthur et son ami Marty à s'enfuir avec le cheval de la ferme.
Des aborigènes les conduisent à travers le bush vers l'Arche, la maison de Megs Molloy qui recueille des animaux abandonnés. Elle va devenir une mère pour ces deux enfants qu'elle aide à grandir. Elle apprend à Arthur à faire des modèles réduits de bateaux, comme ceux que faisait son défunt mari. Lorsqu'ils ont quinze ans, elle les envoie travailler dans le chantier naval de M. Dodds, un ami. C'est un nouvel arrachement et aussi un nouveau départ. En quelques années, ils deviennent  les hommes de confiance du patron qui les envoie en mer essayer ses bateaux. Mais quand M. Dodds met le feu à son chantier pour échapper à ses créanciers, le malheur les rattrapent.
Pendant une quinzaine d'années, Arthur se sent à nouveau orphelin. Ce sont des années de traversée du désert. Des années de massacre des thons à la pêche hauturière, de perte de son ami, de massacre des hommes pendant la guerre au Vietnam. Des années de dérive et de solitude.
A quarante-cinq ans, alors qu'il a échoué dans un hôpital où il récite sans cesse le "Dit du vieux Marin" à haute voix, il croise une infirmière qui l'écoute et qui l'accueille. C'est Zita, la fille d'un crétois constructeur de bateaux. Les Crétois deviennent sa seule famille. Il se marie avec Zita. Ils auront une fille Allie, à qui il construira des bateaux de plus en plus grands. Jusqu'à Kitty IV qu'il  destine à aller en Angleterre pour retrouver Kitty, sa soeur. Avec Allie, ils vont faire de grandes navigations pour se préparer à ce voyage. Mais la mort ne lui permettra pas de faire ce tour du monde tant désiré.

Après la mort de son père, Allie part en mer sur Kitty IV pour rallier l'Angleterre. Elle est accompagnée dans ce voyage périlleux et souvent difficile, d'un albatros, des disques de son père, du même poème de Coleridge, le Dit du vieux Marin. Elle essuie quelques tempêtes, passe le Cap Hrn, fait escale en Nouvelle-Zélande puis aux Malouines pour réparer et avitailler, croise des dauphins, entre en relation avec un navigateur de l'espace, Marc Topolski.
Elle vit aussi sa traversée du désert lorsque l'albatros meurt, puis une rencontre qui lui redonne le goût et la force de continuer. Un accident de mer et une avarie de gouvernail la contraignent à s'arrêter aux îles Scilly. Fin du voyage en solitaire.
C'est en ferry qu'elle gagne Londres. Car l'histoire ne s'achève pas ici...rthur Hobhouse a été


 La longueur de ce résumé dit assez bien que le livre est magnifique. Comme le sont son titre, sa couverture et la traduction de Diane Ménard.
L'histoire d'Arthur est à la fois douloureuse -c'est un orphelin de guerre qui a eu des années difficiles- et belle par les rencontres qu'il fait, son amitié avec Marty, sa relation avec Zita et avec sa fille, sa passion pour la mer. Il est émouvant par sa fidélité à une chanson, London bridge is falling down, un poème de Coleridge, le Dit du vieux Marin, ** et sa foi en sa clef-porte bonheur.
Sa vie est racontée de manière classique, avec une certaine nostalgie, un ton qui accroche le lecteur. Elle est hantée par l'interrogation de son origine : Kitty a-t-elle vraiment existé ? Qu'est-elle devenue ? Malgré tout ceci, il est sensible à ce qui l'entoure, aux hommes, aux paysages, aux animaux d'Australie, à la mer. A la mer, surtout...
Le voyage d'Allie est plus personnel et plus actuel. C'est elle qui raconte. Elle utilise un portable pour communiquer au moyen de la messagerie électronique, avec sa famille restée en Tasmanie. Elle fait un récit de mer avec tous les ingrédients du voyage maritime.
Dans ces deux récits, on trouve les grands thèmes du récit d'apprentissage : l'épreuve, le passage de l'enfance à l'âge adulte, la solitude suivie de l'amitié, la quête de son identité, la transmission de valeurs, la constitution d'une généalogie.

Le roman est inspiré par des faits réels dont la postface se fait l'écho.

Il faut lire ce récit magnifique, toujours émouvant qui attriste parfois, qui inquiète, qui rend gai et qui émeut, qui fait voyager dans le temps et en mer, qui fait rencontrer de belles personnes.  Il faut être Morpurgo pour réussir à mêler tout ceci...
Des jours après en avoir achevé la lecture, cette histoire continue à m'habiter.

A lire absolument, donc, et à faire lire dès 13-14 ans.


** Noter que dans le poème de Coleridge, un albatros guide un équipage vers des mers hospitalières comme il guide Allie vers l'Angleterre. Mais un marin le tue, ce qui déchaîne une série d'événements surnaturels. Le vieux marin, désorienté par sa culpabilité, finit par retrouver la raison et commence alors à porter un regard bienveillant sur la nature qui l'entoure, rompant ainsi le maléfice.

On peut écouter Michael Morpurgo, de passage à Etonnants Voyageurs, sur le site de Gallimard Jeunesse.

 © Jean TANGUY   19 juillet 2008