Loeïza
Un roman de Frédérique Niobey,
édité au Rouergue, en 2001
Nadia vit dans une Zup isolée, loin du centre-ville. C'est une fille plutôt solitaire, surtout depuis que sa meilleure amie Stéphanie est partie habiter en Bretagne, face à la mer. Nadia fréquente a minima la bande de jeunes de sa cité. Elle va à la maison de quartier, mais elle s'agace quand l'éducatrice lui propose des activités, quand elle l'incite à avoir un projet. Le plus souvent, elle se promne avec un casque de walkman sur les oreilles et elle écoute Céline Dion. Alors, elle n'entend rien d'autre. Surtout pas la petite vieille qui trouve bizarre q'elle soit seule. La même petite vieille qui lui prend le chat qu'elle préfère lorsqu'elle en a trois à donner. Loeïza , qu'elle s'appelle, cette petite vieille qu'elle ne cesse de rencontrer, en bougonnant. Pourtant, quand Loeïza lui sourit, c'est un peu comme quand elle caresse le chat. Quelque chose se dénoue dans son ventre. Et Loeïza sait la regarder, deviner ce qu'elle vit.
Mais Loeïza est une petite vieille qui s'essouffle rien qu'en descendant l'escalier., qui n'a plus grand temps devant elle....
Premier roman émouvant. Une histoire d'adolescente blessée par le départ de son amie, la sensibilité à fleur de peau, murée dans sa tristesse, qui rencontre enfin quelqu'un qui s'intéresse gratuitement à elle.
Loeïza est écrit avec des phrases courtes. Comme des pulsions qui jaillissent sans qu'on puisse les retenir. La jeune fille est une sauvageonne, une abrutie, bien plus revêche que la vieille femme. Peu à peu, elle
sort de son cocon et découvre que d'autres existent et qu'elle peut prendre du plaisir à perdre son temps en leur compagnie. Elle s'ouvre à d'autres valeurs.
Si la fin du roman est triste, parce que Loeïza meurt, elle rassure sur le devenir de la jeune fille qui a gagné en maturité et en liberté dans cette trop brève relation.
Premier roman, donc, très fort. Une écriture saccadée et vive, une façon de raconter qui étreint le lecteur et le captive.
Pour des jeunes de 13-14 ans, et plutôt pour des filles.
© Jean TANGUY -- 29 septembre 2004 |