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Mis à jour le 09 mai 2012
 

La pluie comme elle tombe

Un roman de Serge Pérez, édité à L'Ecole des loisirs en 1998,
dans la collection Médium.

Le garçon n'a pas de chance. A peine arrivé en colonie, il retrouve un camarade de l'année précédente qui s'accroche à lui. Dès la première activité, une sortie en canoë-kayak, ce camarade chavire et se noie. Le garçon est le témoin immédiat. Dès lors, on le remarque, ce qui lui déplaît. Mais tout et tout le monde lui déplaît dans cette colonie...
Il y a surtout une fille qui le remarque. Une fille qui a voulu venir à la montagne pour ne pas retrouver et subir ses amies de l'année précédente ne parlant que des garçons vus à la plage. Elle remarque le garçon. Elle l'observe. Elle s'ingénue à trouver des moyens de le regarder encore et encore, ou à être pas trop loin de lui. Et cela suffit à son bonheur. Elle l'aborderait bien, mais l'occasion ne se présente pas et elle n'ose pas,
La colonie, vue par le garçon, est infiniment triste. Il pleut des jours entiers. Il ne s'y passe rien qui puisse égayer une vie terne, morne, plate, sans joies ni peines, sans passé ni avenir. Pour cet esseulé, tout est d'une affligeante banalité.
La colonie se termine sans que la fille ait pu rencontrer le garçon. Lui ne s'est pas aperçu de l'intérêt de la fille à son égard. A elle, il lui suffit de l'avoir observé, d'avoir rêvé de lui. Déprimant !


Ce qui est gênant dans le roman de Serge Perez, c'est une totale absence d'ouverture, d'avenir, de perspective. Tout est triste et l'horizon -s'il existe- est bouché. Le regard sur la vie, sur les choses et sur les gens est désabusé. Aucune personne ne vaut le coup d'être fréquentée. Le plaisir et le bonheur sont absents de toute activité. L'intérêt d'un moniteur pour le garçon l'ennuie au plus haut point. Il est dans un solitude profonde. C'est une vie monotone, d'où rien n'émerge pour aider à vivre. On a l'impression d'avoir affaire à une machine qui fonctionne parce qu'elle est en état de fonctionner, sans autre raison.
C'est un livre fort et bien écrit, certes, mais profondément déprimant. Comment peut-on vivre dans un tel dénuement relationnel et affectif ???
La seule touche de joie et d'espoir est un dessin tracé par la fille sur la vitre d'une voiture, en quittant la colonie. Mais, paradoxalement, il signe l'absence définitive de communication du garçon avec la fille.
Je trouve cette vison du monde trop triste et trop pessimiste. Si on doit le lire, attendre une journée de grand, de très grand soleil.
Exclusivement pour des lecteurs de 14-15 ans au naturel optimiste...

    © Jean TANGUY -- 23 mai 1998