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Mis à jour le 09 mai 2012
 

L'île de mon père

Un roman de Brigitte Peskine, publié chez Casterman, en 2005,
dans la collection Feeling.

L'île de mon pèreLe père de Justin vient de quitter la maison à la suite d'un conflit en apparence banal. Sa mère lui apprend qu'il est déjà parti, lorsqu'elle était enceinte, que la vie a été dure pour lui. Elle lui donne à lire des cahiers que, pensant que cela l'aiderait, elle lui avait fait écrire ce qu'il avait vécu.
C'est ainsi que Justin découvre que son père n'avait pas dix ans lorsqu'il a été placé dans un foyer avec sa petite soeur, puis dans une maison de redressement, avant de quitter La Réunion pour arriver en France, dans la Creuse, en plein décembre. Il est placé dans une ferme, chez des paysans pour qui il était tombé de la Lune. Impossible de savoir si sa soeur est ou non restée à La Réunion. Lors d'une fugue, il a la chance de rencontrer un directeur de foyer, M. Clovis, un Réunionnais de Saint-Benoît, sur la côte est de l'île. Marié à une zoreille, mais brave quand même. Grâce à lui, il peut sortir de sa ferme et entrer en apprentissage chez un boulanger du Cantal.  Par lui, il apprendra que sa soeur, Marie-Jeanne Boyer, est venue en France, qu'elle a été adoptée par une famille du Mans. Plus tard, il embarquera et deviendra boulanger-pâtissier sur un paquebot. En reprenant une vie sédentaire, il rencontre celle qui deviendra la mère de Justin.
Mais il reste fragile, avec un passé qui le hante et qu'il fuit, en rendant malheureux ceux qui vivent près de lui et qui l'aiment.

Mais Justin n'est pas résigné. Il veut retrouver son père. Retrouver une tante, une famille, une histoire. Leur histoire.... 


Ce roman s'inspire de faits réels qui se sont déroulés dans les années 1960. Michel Debré, qui a été député de l'île de le Réunion de 1963 à 1988, avait initié des migrations de réunionnais vers la métropole pour remèdier au chômage. Outre les milliers de réunionnais qui vinrent travailler en France, l'administration transféra 1641 enfants qui furent placés en famille ou dans des foyers, dans la Creuse et dans le Cantal.

Brigitte Peskine renoue avec un genre dans lequel elle excelle, en relatant l'histoire de Jean-Philippe dans un journal personnel et en la situant dans l'actualité de sa vie de famille. Même si l'histoire se termine très -trop ?- bien, le roman dénonce avec franchise et vigueur le scandale des enfants transplantés de La Réunion dans le centre de la France, sans précaution, comme on le faisait au temps de l'esclavage. La douleur de cet homme exilé et déraciné est bien rendue. De même que celle de sa soeur qui, pourrait-on croire, a tout pour être heureuse. Il a une perception sensible de la situation affective des personnages, de leur difficulté à se construire, à se trouver une identité. 

 L'alternance de moments difficiles et de périodes où le lecteur peut espérer un dénouement positif rend ce roman lisible par des garçons et filles dès 11-12 ans.

© Jean TANGUY   18 septembre 2005