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Mis à jour le 09 mai 2012
  153 jours en hiver
  Le col des Mille Larmes

 

  153 jours en hiver

Un roman de Xavier-Laurent Petit, publié chez Flammarion, en 2004,
dans la collection Castor poche.

  Ryham est chauffeur d'un camion, un Ural, 48 tonnes, huit essieux. Galshan, sa fille rêve de l'accompagner dans l'un de ses longs et parfois dangereux voyages. Mais voici que Daala est enceinte, qu'elle doit rester au repos jusqu'à la naissance du bébé, et que Galshan doit partir vivre cinq mois chez son grand-père Baytar. 153 jours, elle a compté.
Pour Galshan, Baytar est un vieux fou qui vit seul au mileu de ses chevaux et de ses moutons. Son grand-père n'a pas accepté que Ryham se marie avec une enseignante d'anglais, une femme qui ne savait ni traire les bêtes, ni monter à cheval, ni agneler les brebis. Ni que Ryham choisisse de devenir camionneur et ne soit plus berger comme les hommes de la famille l'avaient toujours fait. Et en plus, c'est une fille, Galshan, qui était l'aînée de ce couple !
Baytar habite Tsagüng, loin de la ville. Il est le dernier berger d'un troupeau de trois cent brebis. Au début, il ne semble pas apprécier la présence de sa petite-fille. Heureusement, elle sait et aime monter à cheval, son père le lui a appris. Baytar lui donne Gris-de-Fer.
Au bout de quelques jours arrive l'inspecteur du district scolaire, qui s'inquiète de ne pas avoir vu Dalshan au collège. Baytar refuse de laisser partir sa petite-fille, parce que ce qu'il veut lui apprendre, elle le sait déja. Parce qu'il n'est plus tout jeune, et qu'il veut qu'elle vive ces journées près de lui. Parce que ce qu'il veut lui montrer est tout neuf pour elle.
de fait, Baytar va lui apprendre à faire voler un aigle. Il lui monter d'abord Seigneur Khar, l'aigle qu'elle avait repéré depuis longtemps. Un rapace qui vole si haut qu'il doit voir voir sa mère là-bas, allongée sur son lit. Ce même jour, elle l'appelle Attas, grand-père, ce vieillard qui ne sait pas lire et à qui elle lit quelques pages d'un roman, Le vieil homme et la mer.
Comme c'est l'hiver, les rapaces n'ont plus guère à manger. Baytar le sait, il peut en capturer un pour sa petite-fille, ce sera Kudaj. Seigneur Kudaj. Il apprend à Galshan comment le dresser et s'assurer de sa fidélité.
Mais au soixante et onzième jour, revient l'inspecteur du district scolaire qui veut emmener Galshan. Baytar refuse et informe l'homme que dès le lendemain, le Djout va s'abattre sur la région. Le terrible hiver du Davkar Djout, l'hiver de la Mort Blanche, qui va rendre impossible les déplacements. L'homme qui a écouté la météo ne le croit pas. Il a tort, les anciens savent observer la nature.
Dans la nuit, le vent forcit brusquement. La neige tombe et recouvre tout. La température chute. Commence un hiver d'une extrême rigueur, une terrible épreuve pour les animaux. Un hiver où le vieil homme et la jeune fille vont souffrir et tout risquer.


Baytar dit Notre pays est un pays d'hommes debout. Il aurait pu dire de surhommes, tellement l'hiver est dur pour ces nomades. Si Galshan n'avait pas connu le bonheur auprès de ses parents, aurait-elle pu survivre ? Peut-être, car au fil des journées, s'est installée une tendre complicité avec son grand-père, une toute simple relation d'affection mutuelle qui la rendue plus forte.
A cette petite fille de la ville, son grand-père apprend ce qu'il n'a pu transmettre à son fils, restaurant aussi une relation avec ce fils qui l'avait déçu. Dans les moments les plus difficiles, alors qu'il est guetté par la mort, elle reste à ses côtés, parce qu'elle a acquis suffisamment d'autonomie pour ne pas se sentir complètement en péril, parce qu'elle sait tirer partie du peu des ressources matérielles que le Djout leur a laissé. A ses côtés, elle a gagné en maturité.
Xavier-Laurent Petit laisse entendre à son lecteur que la liberté, la maturité, la sagesse même, ne se conquièrent pas sans combat, sans courage et détermination.
Il nous entraîne dans une nature simple, dure et cruelle, dans un monde dénué du confort et de la sécurité modernes. Avec des phrases courtes et sans laisser aucun répit à son lecteur, il décrit l'hiver de La mort blanche, il nous fait ressentir toute la dureté, l'inhumanité du Djout. Il nous fait éprouver le froid et la peur animale.
On appréciera en outre les superbes descriptions de la nature, le dressage de l'aigle, sa façon de décrire les relations entre les gens (presque tous les jours j'ai rêvé qu'un aigle comme celui-ci m'apportait de tes nouvelles, dit sa mère en voyant Kudaj, l'aigle de Galshan, à la fin de l'histoire).

Pour tous lecteurs, dès 10-11 ans

© Jean TANGUY  22 janvier 2004  

 

 Le col des Mille Larmes

Un roman de Xavier-Laurent Petit, publié chez Flammarion, en 2004,
dans la collection Castor poche.

Tellement tu es ma soeur !

Ryham est chauffeur d'un camion, en Ouzbékistan. Pour retrouver plus rapidement sa famille, il décide de passer par le col des Mille Larmes. Il a pourtant promis à Daala, sa femme, de ne plus emprunter cette route très dangereuse qui passe par un col élevé. Dans la montée, il rencontre le brouillard. Il pense s'être perdu. Il descend de son camion pour se repérer. Alors, la montagne entière se met à trembler (...) Des roches basculent. Il est heurté par une pierre. Il perd conscience.Un glissement de terrain emporte son camion.
Galshan, sa fille, s'inquiète. Elle a suivi sur sa carte, le voyage de son père. Elle l'attend. Il devrait être de retour. Une nuit, elle rêve d'un camion vide qui fonce sur elle et bascule au fond d'une gigantesque crevasse. Elle fait chaque nuit le même cauchemar, et toujours, le camion est vide. Elle acquiert alors la certitude que son père est vivant, qu'il est là-haut, au col des Mille Larmes.
Sa mère l'emmène chez Baytar, son grand-père pour construire un owoo, une pyramide de pierre en souvenir de son père. Baytar est un berger qui va partir avec son troupeau de brebis au pied des monts Khöörgha, pour les pâturages d'hiver. Elle décide de l'accompagner là, sur ces hauts plateaux qui sont près du col des Mille Larmes.
Ils font route avec un autre berger, Uugan, et son troupeau. Elle découvre ce qu'est la conduite d'un troupeau en montagne avec les chiens, le froid de l'hiver en Mongolie, la neige et les loups, la tente en feutre qu'on monte chaque soir, le lien qui unit Uugan à Baytar.
Là-haut, dans les monts Khöörgha, on raconte qu'il se passe des choses pas ordinaires. Qui sait si Galshan n'y retrouvera pas son père?


Xavier-Laurent Petit écrit une histoire qui se passe en pleine nature. Avec un brin de fantastique lorsqu'il met en scène ces hommes que nul ne connaît et qui vivent dans des régions inhospitalières.
Au travers del'aventure dans laquelle s'engage la jeune fille, il décrit le lien très fort qui l'unit à son père, , la confiance qui l'habite, cette certitude qui l'oblige à se dépasser, à n'écouter que sa voix intérieure. Il met en valeur le grand-père, un sage qui connaît la vie, un vieillard presqu'aveugle qui connaît la montagne comme personne, qui décèle les moindres odeurs, qui est habité d'une vigueur insoupçonnée et qui est mu par une force de caractère peu commune.
Il montre aussi la solidarité qui unit ces hommes d'une société traditionnelle. Solidarité nécessaire des bergers pendant la transhumance, et surtout, solidarité nouée pour toujours dans l'aide que l'un a apporté à l'autre, il y a bien longtemps. Il oblige ainsi le lecteur au respect de ses personnage courageux, honnêtes, qui incarnent des valeurs de générosité et de fraternité.
Il décrit une nature superbe, sauvage et impitoyable, qu'affrontent et dominent les hommes. Il écrit une histoire se passe dans un ailleurs qui n'est pas exotique, qu'on peut trouver sur les cartes.
L'écriture de Xavier-Laurent Petit est efficace et vive. Après une période de calme où l'on voit s'affirmer la détermination de la jeune fille, il nous entraîne dans une finale haletante où les humains sont héroïques. Il sait raconter, créer l'ambiance, mettre en scène, montrer des comportements, des façons de vivre, exposer des sentiments forts, décrire une nature quasi-sauvage.
C'est un roman d'initiation, de nature, de montagne. On peut le lire en ayant comme images mentales les paysages du film Himalaya, l'enfance d'un chef.

Vraiment, le temps passé à lire ce livre a été un beau et bon moment. On peut le lire indépendamment de 153 jours en hiver, ce que j'ai fait. Mais ce serait dommage de ne pas connaître la nature du lien qui unit Baytar et Galshan.

Pour garçons et filles dès 11-12 ans.

© Jean TANGUY   21 août 2004