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Mis à jour le 09 mai 2012
Le muet du roi Salomon
  Chroniques de la fin du monde. 1 : Au commencement
Issa, enfant des sables
  Chroniques de la fin du monde. 2 : L'exil

 

  Chroniques de la fin du monde
1 : Au commencement

Un roman de Susan Beth Pfeffer, publié chez Pocket Jeunesse, en 2011.

Au commencement   Miranda habite dans une petite ville de Pennsylvanie. Elle mène une vie d'adolescente normale, parfois attristée par le deuil récent d'une amie. Au printemps, un astéroïde va heurter la Lune. Tout le monde observe ce phénomène rare. Mais le choc est si violent que la Lune modifie sa position par rapport à la Terre. Il s'ensuit des séismes, des tsunamis, l'éruption des volcans.
D'abord, le ciel est voilé en permanence. Puis les pannes d'électricité sont plus fréquentes, le froid s'intensifie. Il neige au mois d'août...
Dès l'accident, la mère de Miranda s'organise pour survivre dans une période qui s'annonce hostile. Elle vide son compte bancaire pour pouvoir payer en espèces. Elle emmène toute sa famille au super-marché et chacun remplit des caddies. Une partie de la maison est transformée en entrepôt...
Puis les écoles ferment parce qu'il n'y a plus d'enseignants ou qu'elles ne peuvent plus nourrir les élèves. L'électricité disparaît. Les amies son parties. L'une d'elles se laisse mourir. Son père et sa nouvelle compagne ont décidé de changer de province et ne donnent plus de nouvelles. Les liaisons se raréfient, puis sont rompues. Aller au centre-ville n'a plus de raison. Il faut rationner les vivres, ne plus faire qu'un repas par jour. C'est l'isolement dans le froid. L'univers de la jeune fille devient restreint. Les tâches dévolues à la survie occupent tout le temps disponible.
Jusqu'au jour où elle décide d'aller au centre-ville voir si elle a du courrier de son père, en sachant qu'elle est trop affaiblie pour revenir vivante.
Au contraire, l'espoir revient de continuer à vivre...


Le roman ressemble à une film-catastrophe, dont on sait qu'il se terminera bien pour les personnages principaux.
Le journal intime de Miranda est écrit d'une façon vraiment simple. C'est un récit des petits et grands moments de chaque jour. Elle s'épanche peu sur ses sentiments, l'angoisse de la fin du monde. Elle s'inquiète surtout pour sa famille, ses frères, une dame âgée du voisinage, pour son père parti avec sa nouvelle compagne enceinte dont elle n'a pas de nouvelles, pour ses amies. Quand l'électricité disparaît, la famille se replie sur elle-même. L'eau manque, on rationne les vivres, chacun saute des repas, on aménage la maison en vue du froid intense d'un hiver qui arrive au mois d'août... La situation est déprimante, mais le lecteur reste accroché en se disant que non, ce n'est pas possible que cette famille disparaisse comme tant d'autres gens. La tension reste forte et inquiétante.
Mais l'électricité revient à la fin du roman. Un avenir reste possible. Miranda envisage de quitter la ville.

Le roman présente un réel intérêt. D'abord, il est assez plausible, même s'il y a des invraisemblances. Le fait que cette catastrophe puisse arriver oblige à poser un regard critique sur la fragilité de notre style de vie moderne. Ensuite, il montre des gens que la catastrophe change, notamment la mère de Miranda qui devient une autre personne. On se pose alors la question de ce que nous ferions ? Comment gérer la relation avec les autres ? Serions-nous aussi égoïstes que la mère de Miranda ?

Un deuxième volume est annoncé avec un autre personnage principal, ce qui rend obscur le projet de l'auteur...

Le roman m'a fait penser à Z comme Zacharie de Robert C. O'Brien. Une adolescente croit être la seule survivante après une catastrophe biologique. Elle survit dans sa ferme. Une fumée lui fait penser qu'il y a au moins un autre survivant. Elle se décide à aller vers lui, partagée entre l'espoir et la crainte. Elle traverse des paysages désolés. L'atmosphère est triste, voire oppressante, comme dans ce roman.

Pour garçons et filles à partir de 13 ans.

 © Jean TANGUY   17 avril 2011      

  Chroniques de la fin du monde

2 : l'exil

Un roman de Susan Beth Pfeffer, publié chez Pocket Jeunesse, en 2011

L'exil   A New-York, Alex Moralès vit au rez-de-chaussée d'un immeuble avec ses deux sœurs cadettes. Sa mère, infirmière, est au travail dans un hôpital, son frère aîné est engagé dans les Marines, son père est en voyage, à Porto Rico.
Dès la nouvelle de la catastrophe, son oncle emmène les trois jeunes dans un supermarché, faire une razzia d'alimentation. Alex prend très vite conscience de la situation. Il n'en parle pas à ses sœurs. Peu à peu, les conséquences de la catastrophe pèsent sur la vie quotidienne. Alex ne peut compter sur le retour de sa mère, peut-être morte pendant son retour de l'hôpital dans une galerie inondée du métro. Il n'y a plus d'avions, donc son père est bloqué à Porto Rico. Son frère doit être en train de sauver des gens.
Les jeunes fréquentent des établissements scolaires religieux catholiques plutôt stricts sur les règles de vie. Le repas du midi est servi aux élèves à condition qu'ils soient présents aux cours. Quand la vie devient plus difficile, Alex envoie sa jeune sœur en pension dans une école rurale. Puis il visite les appartements inoccupés pour récupérer tout ce qui est comestible et des couvertures.
Alex a un ami faisant partie d'une famille aisée, avec qui il a été en émulation sur le plan scolaire. Quand ce jeune homme quitte New-York, il le met en rapport avec Kevin, un lycéen qu'on appelle "la Fouine". Commence alors une période de trafic d'objets qui sont échangés contre de la nourriture chez un commerçant qui a compris comment survivre. Puis les deux garçons dépouillent les cadavres des gens morts en pleine rue. Quand l'hiver arrive, la survie devient encore plus difficile. Les jeunes perdent des forces. La jeune sœur d’Alex, qui est revenue après la fermeture de son école, décède d'épuisement. Il tente de quitter New-York grâce à l'aide du père de son ami, mais le transport est annulé.
Vont-ils survivre ?


Puisqu'on a lu le premier volume, on sait que la situation va s'améliorer. Ceci ne nuit pas à l'intérêt que l'on peut porter au roman.
La vie urbaine ne ressemble pas à la vie rurale. On pourrait penser qu'en cas de catastrophe, elle est plus difficile. Ce n'est pas certain, une ville dépeuplée offre beaucoup de moyens de vivre, puis de survivre. A la lecture du premier volume, j'avais ressenti une impression de resserrement de la zone de vie de la famille. Ici, les jeunes vont à l'école, continuent de sillonner la ville, de croiser des gens, de faire des affaires. La ville reste une ville, mais la vie ralentit, devient triste. La pauvreté, puis la misère s'installent. Les jeunes deviennent égoïstes, car leur vie en dépend. C'est chacun pour soi. Puis la ville se meurt, les gens s'en vont, des convois sont organisés pour la vider de ses habitants. 

Le roman met en valeur le courage du garçon, son obstination à ne pas perdre l'espoir, sa volonté que restent ensemble les derniers membres de la famille. La solidarité n'est pas assurée par les services municipaux, mais par l’Église, par les prêtres et les sœurs des deux établissements scolaires. Ils se montrent fois rigoureux et conservateurs, tout en sachant être généreux et humains. Vers la fin, Alex va voir le père de son ami qui a quitté New-York, lequel, en souvenir de leur amitié et de l'exemple qu'Alex fournissait à son fils, lui donne des passe-droits pour quitter la ville. La générosité des religieux, la reconnaissance de cet homme, la franche camaraderie d'Alex et de Kevin, son respect pour les valeurs de la famille font de ce livre autre chose qu'un simple roman d'horreur. Même si on peut gentiment railler cet aspect "bons sentiments"...

C'est un roman bizarre, à la fois horrible et supportable. Sans doute parce qu'il est difficile d'envisager que c'est vraiment la fin du monde, que ça ne va pas s'arranger.

 

 © Jean TANGUY   23 décembre 2011