Chroniques
de la fin du monde
2 : l'exil
Un roman de Susan
Beth
Pfeffer, publié chez Pocket Jeunesse,
en 2011
A New-York, Alex Moralès vit au rez-de-chaussée d'un immeuble avec ses
deux sœurs cadettes. Sa mère, infirmière, est au travail dans un
hôpital, son frère aîné est engagé dans les Marines, son père est en
voyage, à Porto Rico.
Dès la nouvelle de la catastrophe, son oncle emmène les trois jeunes
dans un supermarché, faire une razzia d'alimentation. Alex prend très
vite conscience de la situation. Il n'en parle pas à ses sœurs. Peu à
peu, les conséquences de la catastrophe pèsent sur la vie quotidienne.
Alex ne peut compter sur le retour de sa mère, peut-être morte pendant
son retour de l'hôpital dans une galerie inondée du métro. Il n'y a
plus d'avions, donc son père est bloqué à Porto Rico. Son frère doit
être en train de sauver des gens.
Les jeunes fréquentent des établissements scolaires religieux
catholiques plutôt stricts sur les règles de vie. Le repas du midi est
servi aux élèves à condition qu'ils soient présents aux cours. Quand la
vie devient plus difficile, Alex envoie sa jeune sœur en pension dans
une école rurale. Puis il visite les appartements inoccupés pour
récupérer tout ce qui est comestible et des couvertures.
Alex a un ami faisant partie d'une famille aisée, avec qui il a été en
émulation sur le plan scolaire. Quand ce jeune homme quitte New-York,
il le met en rapport avec Kevin, un lycéen qu'on appelle "la Fouine".
Commence alors une période de trafic d'objets qui sont échangés contre
de la nourriture chez un commerçant qui a compris comment survivre.
Puis les deux garçons dépouillent les cadavres des gens morts en pleine
rue. Quand l'hiver arrive, la survie devient encore plus difficile. Les
jeunes perdent des forces. La jeune sœur d’Alex, qui est revenue après
la fermeture de son école, décède d'épuisement. Il tente de quitter
New-York grâce à l'aide du père de son ami, mais le transport est
annulé.
Vont-ils survivre ?
Puisqu'on
a lu le premier volume, on sait que la situation va s'améliorer. Ceci
ne nuit pas à l'intérêt que l'on peut porter au roman.
La vie urbaine ne ressemble pas à la vie rurale. On pourrait penser
qu'en cas de catastrophe, elle est plus difficile. Ce n'est pas
certain, une ville dépeuplée offre beaucoup de moyens de vivre, puis de
survivre. A la lecture du premier volume, j'avais ressenti une
impression de resserrement de la zone de vie de la famille. Ici, les
jeunes vont à l'école, continuent de sillonner la ville, de croiser des
gens, de faire des affaires. La ville reste une ville, mais la vie
ralentit, devient triste. La pauvreté, puis la misère s'installent. Les
jeunes deviennent égoïstes, car leur vie en dépend. C'est chacun pour
soi. Puis la ville se meurt, les gens s'en vont, des convois sont
organisés pour la vider de ses habitants.
Le roman met en valeur le courage du
garçon, son obstination à ne pas perdre l'espoir, sa volonté que
restent ensemble les derniers membres de la famille. La solidarité
n'est pas assurée par les services municipaux, mais par l’Église, par
les prêtres et les sœurs des deux établissements scolaires. Ils se
montrent fois rigoureux et conservateurs, tout en sachant être généreux
et humains. Vers la fin, Alex va voir le père de son ami qui a quitté
New-York, lequel, en souvenir de leur amitié et de l'exemple qu'Alex
fournissait à son fils, lui donne des passe-droits pour quitter la
ville. La générosité des religieux, la reconnaissance de cet homme, la
franche camaraderie d'Alex et de Kevin, son respect pour les valeurs de
la famille font de ce livre autre chose qu'un simple roman d'horreur.
Même si on peut gentiment railler cet aspect "bons sentiments"...
C'est un roman bizarre, à la fois
horrible et supportable. Sans doute parce qu'il est difficile
d'envisager que c'est vraiment la fin du monde, que ça ne va pas
s'arranger.
©
Jean TANGUY 23 décembre 2011
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