Un roman d'Ellen Potter, publié au Seuil, en 2006.
Traduit de l'anglais (américain)

Les parents de Clara Frankofile tiennent le Too Much, le plus chic des restaurants de New-York. Chaque jour, dans la même petite robe noire et avec des superbes lunettes de soleil sur le nez, Clara se tient seule à une table et décide qui a le droit de fréquenter l’établissement. Impitoyablement, elle renvoie toute personne jugée "sans importance" est renvoyée. Mais quand elle renvoie un vieil ami, le docteur Piff, qui lui dit : "Tu n’as pas remarqué quelque chose de très spécial et de très mystérieux qui se déroule juste sous ton nez.", elle est déstabilisée. 
Avec Annabelle, une jeune voleuse qu'elle a aidé et qui lui doit un service, elle dirige son enquête sur une aide-cuisinière, Audrey qui ne quitte jamais l'immeuble, qui semble y avoir habité depuis plus que son âge.
Elle cache un secret qui la tient prisonnière des lieux, un chagrin d’amour vieux de deux cents ans pour un garçon qui a été pendu sous ses yeux.
Clara trouvera le moyen de la guérir de ce chagrin.

Clara Frankofile est une jeune fille solitaire, très liée à la vie du restaurant de ses parents. Le lieu d’habitation est chargé de souvenirs du passé. Clara est une gamine très gâtée qui dispose de nombreuses salles de jeu plus étonnantes les unes que les autres : l'une contient une plage, l'autre des auto-tamponneuses, une troisième à un arbre à grimper si haut qu'il déborde au dessus du toit. Si Audrey est bizarre, c'est qu'elle habite la maison depuis deux siècles, et qu'elle ne peut ni en sortir ni mourir parce que sa peine l'en empêche. Seul le docteur Piff est au courant de cette étrange situation.

Le récit est raconté par un observateur, ce qui donne au lecteur une sensation bizarre de froideur, de moquerie, et même de folie. Le suspense est très correct. Autant le personnage de Clara est froid et figé, peu sympathique, autant celui plus fantaisiste et ouvert d'Annabelle est attachant. C'est d'ailleurs elle qui va permettre à Clara d'évoluer, de devenir plus aimable et plus humaine.
Ce roman fantastique et assez déjanté est tout à fait original. Il pose en plus une critique d'une société qui se construit sur le paraître. A travers le père de Clara, qui n'est pas du tout français comme il le prétend, l'auteur critique les personnes qui se donnent une apparence qui cache leur insignifiance. Il moque aussi le ridicule et le snobisme des riches parvenus, le professeur qui se promeut lui-même...

Un bon roman dasn lequel j'avoue avoir euu du mal à entrer du fait d'un début pas franchement agréable.

Pour garçons et filles dès 12-13 ans.

© Jean TANGUY   04 février 2007