Un
documentaire de Françoise de Guibert,
avec une histoire de Marie-Sabine Roger,
publié par les éditions Autrement,
dans la collection Autrement Junior.
Société.
Dans une classe de
collège, pendant une heure d'anglais, un garçon
se dissipe avec Kévin. Arrive la CPE qui discute avec le
professeur avant de repartir. Le prof demande à
Kévin d'aller voir la CPE, en emportant ses affaires. Toute
la classe se récrie, trouvant que c'est une mesure
sévère pour une blague pas grave.
Kévin parti, le prof explique pourquoi Kévin est
parti : son père est mort dans un accident de voiture.
Emotion forte dans la classe...
Lorsqu'un parent
d'élève meurt dans un établissement
scolaire, c'est toujours une forte émotion, un moment
difficile. Plus encore quand c'est un élève qui
meurt. D'un accident, on est triste et on trouve que c'est injuste. De
suicide, la classe est sidérée, c'est une immense
tristesse, un grand désarroi, l'incompréhension
totale. Des questions se posent. On parle de la mort. Pas toujours
cependant, parce que la mort est un tabou dans nos
sociétés modernes. Un livre, quand il est bien
fait, est toujours bienvenu, qui pourra être lu par certains
de ceux qui ne peuvent parler.
Le texte de Marie-Sabine Roger est très court - trois
petites pages- et très fort. Il rend très
exactement l'atmosphère d'une classe, le choc subi, un
premier geste de deuil (la lettre que les élèves
vont écrire à Kévin),
l'émotion de l'adulte.
Le documentaire tente de
répondre aux questions que l'on peut se poser : Est-il
vraiment mort ? Que fait-on de son corps ? Je trouve ça
injuste ! Qui va s'occuper de mon copain ? Il était jeune !
Est-ce qu'il était malade ? Est-ce qu'il a souffert ? Les
morts des guerres. On est tous obligés de mourir ? Personne
n'a pu le secourir ?
Les réponses abordent l'aspect religieux, les
obsèques, le deuil, la disparition des parents, la
durée de vie, la maladie, le suicide, la souffrance...
L'ouvrage se clôt sur des extraits de romans, des adresses,
la loi sur l'euthanasie, la peine de mort en France et dans le monde,
un lexique.
L'ensemble est de bonne
facture : clair, honnête et franc. Les informations sont
d'une grande précision. On pourra même trouver
qu'il y a trop de chiffres... C'est un excellent ouvrage que l'on
pourra faire lire dès 10 ans, jusqu'à la fin du
collège. Car, avec moins de 30 pages de texte (il y a 10
pages d'illustrations), cette plaquette se feuillette
aisément, même quand on est un grand.
Ce soir, en lisant ce
texte et en écrivant cette page, je pense très
fort à François-Quentin qui s'est
suicidé, il y a quelques semaines, et aux lycéens
des classes de terminale de mon établissement. A leur
tristesse, à leurs visages graves, à leur
émotion, à leur respect pour le geste de leur
camarade.
© Jean
TANGUY 7 juillet 1999
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