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Mis à jour le 09 mai 2012
Pourquoi on meurt ?
La saison des singes

Pourquoi on meurt ?

Un documentaire de Françoise de Guibert,
avec une histoire de Marie-Sabine Roger,
publié par les éditions Autrement,
dans la collection Autrement Junior. Société.

 

Dans une classe de collège, pendant une heure d'anglais, un garçon se dissipe avec Kévin. Arrive la CPE qui discute avec le professeur avant de repartir. Le prof demande à Kévin d'aller voir la CPE, en emportant ses affaires. Toute la classe se récrie, trouvant que c'est une mesure sévère pour une blague pas grave. Kévin parti, le prof explique pourquoi Kévin est parti : son père est mort dans un accident de voiture. Emotion forte dans la classe...


Lorsqu'un parent d'élève meurt dans un établissement scolaire, c'est toujours une forte émotion, un moment difficile. Plus encore quand c'est un élève qui meurt. D'un accident, on est triste et on trouve que c'est injuste. De suicide, la classe est sidérée, c'est une immense tristesse, un grand désarroi, l'incompréhension totale. Des questions se posent. On parle de la mort. Pas toujours cependant, parce que la mort est un tabou dans nos sociétés modernes. Un livre, quand il est bien fait, est toujours bienvenu, qui pourra être lu par certains de ceux qui ne peuvent parler.

Le texte de Marie-Sabine Roger est très court - trois petites pages- et très fort. Il rend très exactement l'atmosphère d'une classe, le choc subi, un premier geste de deuil (la lettre que les élèves vont écrire à Kévin), l'émotion de l'adulte.

Le documentaire tente de répondre aux questions que l'on peut se poser : Est-il vraiment mort ? Que fait-on de son corps ? Je trouve ça injuste ! Qui va s'occuper de mon copain ? Il était jeune ! Est-ce qu'il était malade ? Est-ce qu'il a souffert ? Les morts des guerres. On est tous obligés de mourir ? Personne n'a pu le secourir ?
Les réponses abordent l'aspect religieux, les obsèques, le deuil, la disparition des parents, la durée de vie, la maladie, le suicide, la souffrance...
L'ouvrage se clôt sur des extraits de romans, des adresses, la loi sur l'euthanasie, la peine de mort en France et dans le monde, un lexique.

L'ensemble est de bonne facture : clair, honnête et franc. Les informations sont d'une grande précision. On pourra même trouver qu'il y a trop de chiffres... C'est un excellent ouvrage que l'on pourra faire lire dès 10 ans, jusqu'à la fin du collège. Car, avec moins de 30 pages de texte (il y a 10 pages d'illustrations), cette plaquette se feuillette aisément, même quand on est un grand.


Ce soir, en lisant ce texte et en écrivant cette page, je pense très fort à François-Quentin qui s'est suicidé, il y a quelques semaines, et aux lycéens des classes de terminale de mon établissement. A leur tristesse, à leurs visages graves, à leur émotion, à leur respect pour le geste de leur camarade.

  © Jean TANGUY  7 juillet 1999

La saison des singes

Un roman de Marie-Sabine Roger, publié chez Bayard,
dans la collection Les romans de Je Bouquine.

Marie, neuf ans, passe l'été avec son frère dans la propriété de ses grands-parents. Ce sont des vacances enchantées remplis de jeux pluriels, et de rêveries des singes d'Afrique. Comme chaque année, son frère, qui est l'aîné, va passer quinze jours en colonie pendant que leurs parents partent pour des pays lointains. Puis à l'approche de la rentrée, ils reviennent avec son frère, pour la chercher.
Mais cette année, c'est la grand-tante Elise qui vient chercher Marie à qui on dit que ses parents et son frère sont partis pour un long voyage.
Elle s'installe chez cette grand-tante, prenant ses quartiers dans sa propriété des Saules, se liant avec les domestiques, continuant de croire à ce voyage de la famille.
Quand elle sera plus grande, à treize ans, son grand-père lui avouera la triste vérité.
Enfin, elle perdait ses parents et son frère tant aimé. Et elle retrouvait l'Afrique...


Un roman écrit dans un ton nostalgique, presque suranné. Comme si cette histoire s'était passée dans le début de seconde moitié du vingtième siècle, dans une famille bourgeoise, de bonne éducation. Mais c'est un très beau texte, tout en délicatesse et en finesse.
Le personnage de Marie est très délicat et sensible. Bien élevée, la jeune fille ne pose pas de questions inconvenantes aux adultes. Elle n'en pense pas moins. Elle sait que ce long voyage n'est pas ce qu'on lui laisse entendre. Elle ne comprend pas encore. Mais tant qu'on ne lui a rien dit, ses parents et son frère sont absents. il faut qu'elle sache qu'ils sont morts, qu'ils sont définitivement partis pour qu'enfin, ils deviennent présents dans son souvenir.
Pour éviter de trop faire souffrir Marie, sa famille ne lui a rien dit. Marie-Sabine Roger nous fait comprendre, s'il en est besoin, qu'il ne sert à rien de cacher des événements au prétexte qu'ils sont trop graves, que les secrets de famille brident la vie. Qu'il faut préférer la vérité au silence ou au mensonge.

Un roman magnifique, triste et gai tout à la fois.

  © Jean TANGUY  5 janvier 2003