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Un
roman de Hermann
Schulz, publié
à L'école
des loisirs,
en 2004,
dans la collection Médium. Traduit de l'allemand.
L'histoire commence avec la facétie d'un africain qui, sous leurs yeux, s'empare du drapeau des Britanniques en montant au mât pendant la cérémonie des couleurs. Très vexés, les soldats s'empressent de capturer l'homme. Le gouverneur décide qu'il sera mis à mort. Alors le roi Usimbi fait appel à Friedrich Ganse, un pauvre missionnaire, pour qu'il plaide la cause de l'homme. Ganse monte donc à la ville de Kigoma. Sa plaidoirie ne convainc pas vraiment l'officier britannique. En dernier recours, il lui écrit une lettre avant de remonter sur sa moto et de reprendre la route de son village pour rejoindre sa femme et sa fille. La pluie qui s'est mise à tomber fait le voyage se prolonger.
Quand il arrive à sa maison, sa femme est morte et sa fille Gertrud est au plus mal.
Le guérisseur l'attend. C'est curieux, car ils ne se sont jamais fréquenté et Ganse n'a aucune estime pour lui. Il conseille à Gaanse de prendre la pirogue et de descendre le fleuve. En cinq jours, tu peux arriver à la ville. L'air du fleuve fera du bien à ta fille. Il ne lui laisse même pas le temps d'enterrer sa femme, l'assurant que les Noirs du village s'en occuperont selon ses ordres.
Ganse part immédiatement, sur la pirogue que lui ont soigneusement préparé les gens du village. Ils ont aménagé un lit d'herbes pour y coucher sa fille et un auvent pour l'abriter du soleil. Ganse couche Gertrud inanimée et part sans remarquer qu'elle porte une patte de coq attachée autour du cou, une patte qui va être examinée avec soin par ceux qui vont l'accueillir, le soir, dans les villages au bord du fleuve, puis entaillée le lendemain, avant qu'ils partent. Le guérisseur a recommandé à Ganse de parler à sa fille tout au long du voyage. Il lui raconte ce qu'il n'a jamis dit, son enfance, son pays, sa jeunesse, sa décision de partir pour l'Afrique, son amour pour Eva...
Quand il arrivera à la ville, lui qui est hostile à la médecine traditionnelle, aura-t-il encore besoin de montrer sa fille à un médecin européen ?
Un roman d'aventures qui se passe dans un monde inconnu et déroutant pour les Occidentaux. Friedrich Ganz est un brave missionnaire qui ne s'est jamais trop posé de questions existentielles. Il assure obstinément son oeuvre d'évangélisation, sans trop de résultats, par une sorte d'obéissance, de devoir. C'est un homme simple, droit et juste qui suit la route qu'on lui a indiqué de parcourir.
Sa fille souffrait d'une affection grave : la maladie de "la mort du coq", parce que les gens qui en sont atteints se recroquevillent sur eux-mêmes comme un poulet
malade. Ils s'étiolent, dorment beaucoup, ne veulent plus manger et perdent le contact avec la réalité. Ganse, qui n'avait été que missionnaire, préoccupé par sa mission, ne pouvait connaître ni la maladie, ni la façon de la soigner. Après avoir descendu le fleuve en affrontant divers dangers, après avoir été généreusement accueilli dans les villages, maintenant que sa fille était guérie, depuis qu'il avait entendu les explications d'Amina et de Kaguma, il savait qu'il n'avait plus qu'à vivre avec les villageois, à être avec eux en étant bon et droit, sans chercher à les convertir. Il avait sauvé sa fille et c'était une grande action, il en prenait conscience. Il avait aussi sauvé l'Africain insolent, ce qu'on savait dans les villages alors même qu'il avait oublié cette action. En quelques jours, il avait appris qu'il ne faut pas se contenter de regarder à la surface des choses, qu'en Afrique, elles ont toujours plusieurs significations.
L'histoire de cet homme dévoué à une tâche qu'il tente d'accomplir envers et contre tout, me fait penser à cette phrase de Jean Jaurès : "On n'enseigne pas ce que l'on sait, on n'enseigne pas ce que l'on veut, on 0nseigne ce que l'on est."
Une belle aventure d'un homme qui relit sa vie et la recommence après un deuil. Un étrange voyage, en fait...
Hermann Schulz est né en 1938. Il a été libraire, puis a travaillé dans une exploitation pétrolière avant de devenir éditeur en 1967. Il a voyagé en Amérique du Sud, en Orient et en Afrique. L'histoire racontée dans ce livre est imaginaire bien que les lieux existent et que certains événements se soient réellement produits..
Un roman d'aventures pour
garçons et filles dès 11-12 ans.
© Jean
TANGUY 26 décembre 2004
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