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Les Larmes de Djamila
Un roman de Marc Séassau, aux éditions
Pocket Jeunesse, 2000, dans la collection Pocket Junior.
Céline,
treize, a pour meilleure amie Djamila, une fille de sa classe, qui arrive
de Mauritanie. Djamila ne comprend pas toujours bien ce qu'elle voit,
ce qui se passe dans la classe, la façon de parler et de vivre des Français...
c'est encore trop neuf pour elle. Céline, toujours attentive, parfois
surprise, veille à ce qu'elle s'adapte, s'informant sur son pays, là où
vivent les hommes bleus.
Tout irait bien pour Céline, si elle ne détestait pas son beau-père, ou
plus précisément, le jeune copain de sa mère. Céline ne l'aime pas parce
qu'il est violent, grossier. Un homme qui aime raconter les sales blagues
qu'il faisait à l'école, qui se vante d'avoir été un cancre de première...
il ne sait presque pas lire, presque pas écrire. Un temps, au début,
il aimait emmener Céline au café, un vendredi soir par mois. Elle l'écoutait
discuter politique avec ses copains, parler sans arrêt des gens dont
la peau était plus sombre que la leur. Céline se demande vraiment
à quoi ça sert, d'être avec un homme comme lui. Elle est même quasi-certaine
que sa mère le déteste.
Un jour, Djamila est absente, le principal entre dans la classe, Djamila
est à l'hôpital de la Crau, elle a été battue par des gens qui la connaissaient,
battue à cause de la couleur sombre de sa peau.
Des gens qui la connaissaient par l'intermédiaire de Céline ???
On l'aura compris, c'est un drame que vit Céline dans
ce livre, un drame du racisme ordinaire dans une famille recomposée. Petit
à petit, à force de causer avec Djamila sur son lit d'hôpital, elle comprend
qu'elle est pour quelque chose dans cette agression, que Djamila a été
battue parce qu'elle est noire et qu'elle est son amie, par quelqu'un
qui est proche de Céline.
Ce court roman -moins de 90 pages- est écrit de façon à ce qu'on sache
dès le début que quelque chose cloche. Mais c'est tardivement qu'on possède
les informations nécessaires qui permettront de comprendre le drame. L'amitié
entre les deux filles est joliment décrite au travers des initiatives
de Céline : la visite à une agence de voyage, l'histoire du sable du Sahara.
De même que la violence qu'accepte la mère de Céline, l'incompréhension
de la petite fille du racisme des discussions politiques. L'héroïne est
une fille droite et pure, ce qui est sympathique.
Ce n'est donc pas un livre où la vie est un long fleuve tranquille...
et si la fin est heureuse, elle est courageuse et réaliste.
Un bon roman, qui parle avec franchise du racisme et de la violence familiale.
A conseiller aux collégiens et collégiennes.
© Jean TANGUY 27
juillet 2000
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