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Mis à jour le 09 mai 2012
  Les ombres de Ghadamès
 
  Loin de Ghadamès

   

  Les ombres de Ghadamès

Un roman de Joëlle Stolz, édité chez Bayard Jeunesse, en 1999 
dans la collection Estampille

Les ombres de GhadamèsFin du 19e siècle, à Ghadamès,  une ville dans le désert de Lybie,  Malika, 12 ans, vit sur les terrasses, dans un monde de femmes séparé des hommes. Son père est parti en voyage. Même quand il est absent, elle ne se permettrait pas d'enfreindre les règles qu'il fixe, elle le respecte et le craint trop.
Sa mère est Meriem, la première femme de son père, mais c'est Bilkissou, la seconde femme qu'elle préfère. Bilkissou est rieuse et plus ouverte. Elle a un fils mais aime à s’occuper de Malika. C’est elle qui l’emmène au bain et à la fête de l’Arous. Son mari a voulu qu’elle apprenne à lire et à écrire, aussi encourage-t-elle Malika à faire de même. Peut-être est-ce grâce à elle que Malika rêve d’une autre vie plus émancipée, de voyager...
Une nuit, une cavalcade dans les rues étroite de la médina met Malika et Bilkissou en alerte. Un jeune homme gît dans la ruelle, blessé. Elles le recueillent. Au matin, les trois efmmes décident de la cacher dans le garde-manger, une pièce qui donne sur leur terrasse. Ainsi, aucun homme ne pourra le trouver dans cet espace auquel seules les femmes ont accès.
Abdelkarim, le jeune homme fait partie d’une confrérie religieuse que refusent les hommes de Ghadamès. Il ne pourra rester dans la ville. Pendant sa convalescence, il se propose d’apprendre à lire et à écrire à Malika.
Mais déjà on annonce le retour de la caravane. Même si son père a l’esprit ouvert et un comportement respectueux de la dignité d’autrui, Malika sait qu’il ne doit pas trouver Abdelkarim dans la maison. Pendant la nuit de la fête des femmes qui a lieu à l’extérieur de la ville, elles vont trouver le moyen de le faire partir, clandestinement, sans que quiconque n’apprenne son séjour dans cette maison
Malika en gardera le doux souvenir d'un homme qui la traitée en égale..


C'est la vie quotidienne dans une ville du désert, une vie limitée, cloîtrée dans les murs de la ville. Pas seulement parce qu'il faut s'abriter du désert, mais par tradition, du fait d'une répartition des rôles : les hommes sont tournés vers le désert où ils vont pour exercer leur métier, pour voyager. Les femmes sont tournées vers l'intérieur où elles s'occupent la famille, éduquent les enfants, attendent le retour des hommes. En fait à Ghadamès, il y a deux villes : celle des hommes qui est ouverte sur le désert et celle des femmes, entourée de remparts. Une ville aux rues étroites,  une bourgade où tout se sait, où l'on voyage  sur les toits et par les terrasses. Une ville qui encourage à la rouerie et à la ruse si l'on veut conserver un secret.
Tout au long du roman, Joëlle Stolz nous fait découvrir avec délicatesse une autre civilisation, un autre mode de vie et de pensée. Les femmes de Ghadamès sont libres, fortes et solidaires lorsqu’elles sont entre elles, mais elles sont soumises à pouvoir des hommes qui les considèrent comme des êtres inférieurs tout en les respectant. Elles vivent la polygamie, avec la crainte d’être répudiées, mais certaines savent que leur homme les aiment. Les filles et les garçons sont élevés ensemble par les femmes jusqu'à la puberté, puis ils sont strictement séparés, les hommes devenant leurs maîtres.

Joli roman fortement documenté, écrit avec un souci d’authenticité. L’étrangeté de ce monde laisse moins de place à l’exotisme qu’au réalisme. Belle écriture simple et sensible.
Pour tous lecteurs, dès 10-11 ans.

 © Jean TANGUY   07 août 2006  

 

  Loin de Ghadamès

Un roman de Joëlle Stolz, édité chez Bayard Jeunesse, en 2005 
dans la collection Estampille.

Loin de GhadamèsOn retrouve Malika qui va avoir quinze ans. Il faut qu’elle se marie car elle a refusé trois prétendants. Parce que Malika n’a pas oublié le jeune homme qui a passé quelques temps sur leur terrasse, qui lui a appris à lire et à écrire, qui a touché son cœur. Bravant les coutumes de Ghadamès une ville du désert [où] nous avons tous besoin des autres. Tu ne peux pas vivre ici sans te plier à certaines règles, lui dit son père. Déjà, une règle est transgressée puisque son demi-frère sera marié avant elle, l’aînée de la famille.
Mais voici qu’ Abdelkarim est revenu à Ghadamès. Proscrit, Malika ne pourra le rencontrer que grâce à la complicité de Ladi, la servante. Le jeune homme demande Malika en mariage. Le père accepte, mais les femmes cherchent par divers subterfuges et sortilèges à lui faire changer d’avis, car elles ont appris que son futur mari doit l’emmener loin de Ghadamès et elles croient que les hommes sont les poutres qui protègent les maisons, les femmes sont les piliers qui tiennent toute la ville. Si on en enlève un, elle finira par s’écrouler.
A peine mariés, ils partent pour Derj, puis vers Tripoli, au Nord. Pour la fille de Ghadamès, le désert est une immensité vertigineuse, un espace sans repère, un lieu où l’on n’est jamais seul. Même son mari la surprend tellement il est différent des hommes de sa ville, il se conduit comme un Touareg.
A Tripoli, elle se lie avec Cassandra, la fille du consul anglais de Tripoli pendant qu’Abdelkarim travaille pour sa confrérie et lui parle de ses rêves d’une société plus juste, fondée sur la religion. Profitant de sa liberté d’aller et venir dans la ville, elle découvre encore d’autres façons de vivre, la ville, l’existence d’autres ethnies, d’autres religions, mais elle ne voit pas que son mari a commencé à changer. Sa confrérie l’envoie en mission dans le Hoggar. Malika tient à l’accompagner alors même qu’elle apprend qu’elle est enceinte.
A Tamanrasset, elle apprend la mort de son père. Elle entre au service de l’ermite, un moine français qui aide la population locale, surtout les esclaves. Alors qu’elle se lie à lui, son mari lui demande de l’espionner.
Mais la naissance de sa fille, le rappel d’une promesse d’Abdelkarim lorsqu’elle lui a sauvé la vie dans un tempête de sable, son amour font réfléchir son mari.
Quand il leur faut à nouveau partir, c’est à elle qu’il demande de décider de la direction.


Dans cette suite du permier roman, la femme que l’on croit faible et soumise aux hommes se révèle être forte, plus forte que les apparences. Qu’elle porte les enfants au monde rend sa volonté inviolable. Indépendante et finement intelligente, Malika peut braver les coutumes et les décisions de son père, menacer son mari de le quitter en emmenant l’enfant. Elle échappe ainsi à la monotonie étriquée de la vie quotidienne des autres femmes.
Tant que son mari est proche d’elle, qu’il converses tout en marchant dans le désert, il est un homme droit et respectable. Mais quand il s’éloigne et mène ses affaires loin d’elle, il révèle sa faiblesse, son incapacité à mener une vie droite et dévie vers le fanatisme dont l’auteur choisit de mettre discrètement en scène.
Le désert est très présent dans ce roman, comme un lieu de voyage, d’oasis, de caravanes et de bivouacs. Dans le précédent ouvrage, il ‘était comme le ieu de l’absence des hommes de la ville. Le lecteur aura quelque peu l’impression magique de voyager aux côtés du couple, d’éprouver la grandeur du Hoggar, la violence de la tempête de sable, le pas chaloupé du méhari...
Ce livre d’aventures n’omet pas d’évoquer la situation politique de l’époque (présence des anglais et des Français, colonisation, esclavage) et le problème -déjà- de l’extrémisme islamique.
Mais au bout du compte, le personnage attachant et fascinant de cette histoire, c’est bien cette femme orientale indépendante, réfléchie, volontaire, libre, une reine qui se nomme Malika.
Ne pas manquer cette lecture, vraiment. A partir de 11-12 ans jusqu'à...

On peut aisément trouver des images de Ghadamès, par exemple sur ce site d'un voyageur, Loïc Marchat.

 © Jean TANGUY   07 août 2006