Celui
qui savait tout
Un roman de Sophie Tasma,
édité à L'Ecole des loisirs en 1997,
dans la collection Neuf.
Elle
s'appelle Bérénice, ou Eré, si c'est son père qui lui parle.
Elle part en vacances en Sicile avec son père et Jérémie, son
frère aîné. Pas loin de Marseille, ils s'arrêtent pour prendre
de l'essence. Pendant que son père est occupé avec le garagiste
et que son frère sommeille sur le siège avant, un jeune garçon
frappe à la vitre. Il est très anxieux, il demande à Bérénice
de l'emmener avec eux, retrouver sa mère qu'on lui interdit
de voir. Sans réfléchir, elle le fait monter et le cache entre
les deux sièges. Dès lors, elle craindra pour Diégo. Quand le
père des enfants découvre sa présence, ils sont déjà en Italie,
près de la mer. Il est trop tard pour faire marche arrière.
Il décide de le garder et de le conduire jusqu'à Messine.
Bérénice apprend l'histoire du garçon. Son père, le garagiste
de la station, un homme au caractère violent, n'a pu supporté
que sa mère ait un ami et qu'elle veuille emmener Diégo avec
elle, en Italie. Il a tout fait pour qu'il reste en France.
Lors de son départ, il a détruit ce qui pouvait rappeler son
existence, les photos de famille, ses vêtements, les souvenirs.
Il interceptait même les lettres qu'elle lui écrivait. Il n'a
plus eu de nouvelles de sa mère. Il en est devenu malade. Puis,
guéri, il a décidé d'aller la retrouver.
Les parents de Bérénice et Jérémie sont eux aussi divorcés.
Leur père a toujours eu d'autres femmes sans cesser d'aimer
son épouse. Il a été très amoureux d'une très jeune femme. Ce
qui a provoqué la cassure du couple. Les enfants vont chez l'un
et l'autre, mais leur mère n'est plus comme avant. Et surtout,
elle ne veut plus parler de leur père.
Bérénice découvre tout cela, tout ce qu'elle avait vécu sans
trop savoir pourquoi. Qu'aimer n'est pas tous les jours facile.
Qu'on est parfois le jeu de ses désirs ou de ses colères. Que
celui qui se sent trompé ne réagit pas toujours au mieux..
Un
joli roman, qui aborde des choses graves de la vie des couples
et des familles en les insérant dans la banalité d'un départ
en vacances. Il les met en scène en fournissant aux enfants
des éléments de compréhension. Mais surtout, l'auteur nous
raconte une histoire. Une histoire de gens qui s'aimèrent
sans pouvoir rester ensemble. Elle raconte l'aventure de ce
garçon qui va vers sa mère sans savoir si elle habite encore
à Messine. Et il y a l'espoir, jusqu'au bout du livre, que
les enfants voient leurs parents se retrouver. En vain....
Malgré une ou deux invraisemblances -quel père laisserait
voyager avec sa famille un gamin en fugue ?- C'est un texte
écrit avec vivacité, agréable à lire. Un livre pour
mettre des mots sur ce qui reste trop souvent incompréhensible.
Pour garçons et filles à partir de 11-12 ans.
© Jean
TANGUY - 20 août, 2000
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