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Un roman de Janine Teisson, publié
chez Syros, en 2003,
dans la collection Les uns les autres.
A 82 ans, la mère de Marie descend tout doucement l'escalier
de la vie. Une façon charmante de dire qu'elle décline.
Avant de mourir, elle abandonne à sa fille un rêve qu'elle
avait fait alors que celle-ci avait cinq ans. Dans ma vie, je lui ai
demandé trois fois de me raconter le rêve, mais avant,
il lui faut se souvenir de l'histoire entre 1939 (Marie avait cinq ans)
et 1942
Au début, ils vivaient sans trop de soucis, supportant la guerre
et son cortège de restrictions. Le père, cheminot, participait
activement à un résau qui faisait fuir des prisonniers en
train vers la zone libre. Un jour, il n'est plus rentré. Pourtant
Marie se souvient avoir surpris sa mère en train de coudre une
pièce de tissu jaune au coude déchiré de la canadienne
de son père. Puis un jour, les soldat allemands sont venus. Il
y a eu des cris, puis le silence. Sa mère était là,
dans la chambre, comme changée en statue de marbre, la canadienne
de son mari dans ses bras complètement déchirée,
avec des trous énormes, des taches noires et luisantes, et de la
terre partout. Alors la tante s'est enfui avec cette femme au regard
qui avait perdu la raison et ses deux filles.
Elles ont erré des jours et des jours sur les routes jusqu'à
ce qu'un vieux couple les accueille et les cache chez eux.
Un matin, la mère de Marie a retrouvé la raison. Elle avait
fait un rêve.
Une tranche de vie toute simple et pourtant dramatique.
Dans ce récit de guerre, des personnes courageuses affrontent et
survivent à de terribles épreuves. Elles ne se soumettent
pas. Elles n'acceptent pas tout. L'instinct de survie, la volonté
de se protéger et de protéger les enfants fait la tante
Jacqueline partir à l'aventure, prendre des risques.
Au passage, on goûtera le joli portrait de ce vieux couple discret,
accueillant et généreux, les descriptions de la viie quotidienne,
l'évocation de l'amour que la mère de Marie a porté
à son père tout au long de sa vie.
L'auteur nous livre un beau texte, émouvant, plein de sensibilité
et de pudeur.
Pour garçons et filles dès 11-12 ans.
© Jean
TANGUY 17 janvier 2004
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