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Un roman de Johanna
Thydell, publié chez Thierry Magnier
en 2010,
dans la collection Grands Romans
Traduit du suédois.

Jenna, 13 ans, est une jeune fille renfermée et pas très bien dans sa
peau.
Elle vit avec sa mère qui est atteinte d'un cancer. Dans le même escalier habite Pénélope,
la plus belle fille du collège, la plus courtisée, la plus
superficielle et la plus extravertie. Sa mère est une alcoolique
chronique. Jenna se tient soigneusment à distance de cette fille qui
l’attire pourtant. Il y a aussi des garçons dont elles croient
être amoureuses, qui les draguent dans des soirées très arrosées,
et qui les délaissent dès le lendemain.
Jenna n'a qu'une amie, Susanna, sa confidente, qu'elle connaît depuis
toujours. Susanna est une fille gentille, sage, réfléchie, parfois
jusqu'à en être agaçante. Elles ont en commun de détester Pénélope-la
salope.
La
santé de la mère de Jenna se dégrade peu à peu. Jenna assure, elle fait
les courses, le ménage, se débrouille pour qu'on ne sache pas que sa
mère a un cancer. Les grands-parents viennent aider à la maison.
Jusqu'au jour où elle doit être hospitalisée et où ils s'installent.
Jenna ne peut alors plus
croire qu’elle guérira.
Les
relations des filles évoluent. Plus Jenna se rapproche de Pénélope,
plus Susanna s'éloigne. Pénélope invite Jenna dans des soirées
débridées et alcoolisées, ce qui déplaît à la sage Susanna. Peu à peu, Pénélope attire
Jeanna dans son cercle d'amies. Puis souvent, elle la fait monter
jusqu'à son appartement, quand sa mère est absente, et elles parlent.
Il
se
trouve que chacune des deux filles a croisé la mère de l'autre dans une
situation délicate sans qu'elles le sachent. Pénélope a aidé la
mère de
Jenna, épuisée par sa maladie, à se relever d'une chute sur le
trottoir. Jenna a aidé la mère de Pénélope à
retrouver le chemin de son appartement un matin où elle était ivre.
Lorsque Pénélope lui raconte ce que lui a dit sa mère et qu'elle a tu jusqu'alors, Jenna se rend
compte qu'elle la connaît mal, qu'elle n'est pas si superficielle, ni
une fille
heureuse. Mais, précise Pénélope, elles
ne sont pas pareilles,
l'une voudrait que sa mère meurt alors que l'autre voudrait qu'elle
vive.
La vie en décidera autrement...
Un roman "tranche de vie" avec
plusieurs thèmes : l'amitié entre filles, l'entrée dans
l'adolescence, la maladie et la mort d'un parent, la solidarité
familiale, les amours adolescentes, l'apparence, l'intimité
familiale.
Le roman se déroule en Suède. Certains
détails sont liés à ce contexte, dont le rapport à l'alcool
L'histoire commence comme un roman de
filles,
genre "chick lit". Il évolue rapidement vers un texte
plus dramatique, avec des situations qui se transforment, des moments
de gravité, de souffrance et de douleur, par la mort de la femme. Le roman est pudique, composé en courts
chapitres, avec des dialogues qui mettent fin à des moments
d’introspection. Parfois, les choses sont crûment dites, d’autres
fois seulement suggérées.
Débutant sur un poème tragique de Jenna ("Si
tu meurs, maman, je me ferai mourir") qu'elle cache sous une
étoile phosphorescente collée au plafond de sa chambre, le roman se
termine sur la note positive du même poème corrigé en "Si tu
meurs, maman, je vais continuer à vivre pour toi" collé sous la
même étoile dans sa nouvelle maison.
Ce livre est un curieux mélange de
gamineries
de collégiennes et de collégiens, de passages mélos, de moments
réalistes, d'interrogations et de réflexions sur la vie, sur le
sens des choses. Il dit les pudeurs de ces deux adolescentes, leur
position face à la mort et à la puberté. La relation
Jenna-Pénélope qui s’inverse et qui fait qu’elles se
soutiennent mutuellement, leur donnant envie de bien
grandir, évite une fin béate à cette histoire.
Ce roman est tour à tour facile, léger, dur,
grave, triste, émouvant. Il évoque bien que l'on n'échappe pas aux
rigueurs de la vie et qu'on ne peut s'en absenter.
Plutôt pour des lectrices de 14-15 ans
© Jean
TANGUY -- 19 novembre 2010
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