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Les
volets clos |
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En plus, c'était pas prévu
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Tendance
filles
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Casting |
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Athènes
autrefois puissante |
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Quelque
chose à te dire
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Tout
le monde est une idole
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Les
volets clos
Un roman de
Marie-Sophie Vermot, édité au Seuil en 1996,
dans la collection Fictions.
Éva est dans
une maison au bord de la mer, en Bretagne. C'est une maison qu'Édouard,
son père, a acheté quand elle était petite. L'an dernier, son bac
brillamment obtenu, Éva s'était inscrite en médecine, à la grande
fierté de son père et à la joie plus discrète de sa mère qui lui avait
offert son tableau le plus coté.
Tout cela, c'était avant. Avant que son père ne commence à accumuler
les maladresses et les oublis. Avant qu'il ne change et cède sa
clientèle à un autre dentiste. Avant qu'il ne perde sa voiture ou sa
route au retour de son travail. Elle qui avait cru que son frère avait
fait des progrès au tennis lorsqu'il jouait contre son père doit
apprendre que son père est atteint de la maladie d'Alzheimer.
En quelques mois , son état se dégrade terriblement. Il tourne en rond
jusqu'à l'épuisement sur le tapis de sa chambre. Il ne reconnaît plus
sa femme ni ses enfants. Éva et sa mère s'épuisent à le soigner et le
surveiller. Un jour, il disparaît. Sa mobilité s'amenuise et il faut
recourir aux soins d'une garde-malade. Des souvenirs très anciens lui
reviennent parfois à la mémoire, fugacement. Il s'enfonce dans la
maladie et c'est si difficile pour ceux qui l'entourent qu'à certains
moments, Éva en vient à le détester.
Les liens familiaux se modifient. Chacun s'enferme dans la solitude.
Chacun garde pour soi ses sentiments, sa peur de ce qui s'annonce.
Chacun tente des gestes pour raccrocher l'homme à leur vie, en vain.
Les amis ont déserté la maison. Seul, Nicolas, un étudiant aux
Beaux-Arts, vient leur rendre quelques visites, dissipant la tension
qui habite Éva.
Puis la maladie s'aggravant encore, Édouard quitte le maison pour un
établissement médical. Un départ sans retour, inacceptable pour Éva.
Une brisure définitive. Pourtant la vie continue.
Un superbe roman qui raconte
comment un homme quitte le monde que nous connaissons tous pour un
autre monde dont nous ignorons tout et que nous ne pouvons pénétrer. En
lisant ce livre, on a l'impression d'accompagner Éva jusqu'à la mort de
son père, de partager ce qu'elle ressent au fur et à mesure qu'évolue
la maladie.
Le ton est authentique, comme si ce texte était autobiographique. Le
style est superbe. L'écriture est pudique, un peu hachée, donnant une
sensation de rapidité à quelque chose à laquelle on ne peut s'habituer.
C'est un livre très sensible, sans pleurnicherie, avec une sorte de
sécheresse un peu brutale et juste ce qu'il faut de mots. L'énergie
d'Éva, son choix de vivre quoi qu'il arrive donne de l'optimisme à ce
livre et permet de regarder la mort en face, de se préparer...
Éva a la chance de vivre dans une famille aisée et cultivée : père
dentiste et mère peintre. C'est mieux ainsi, installant une distance
qui aide à lire ce texte sans trop y mettre de soi.
Cet ouvrage confirme le talent et la sensibilité de Marie-Sophie Vermot
quand elle décrit les moments les plus durs de la vie.
Pour des adolescents de 14-15 ans.
©
Jean TANGUY 6 mars 1999
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En
plus c'était pas prévu
Un roman de
Marie-Sophie Vermot, édité à L'Ecole des
loisirs, en 1997,
dans la collection Médium.
Quand
Pénélope Mistouflet va chez son amie Christine, elle trouve
que c'est trop bien rangé, rien ne traîne, je ne
peux pas croire qu'une chambre de filles puisse ressembler à une telle
image.... Sur le bureau, il n'y a pas la moindre
trace d'une raclure de gomme. Tout est prévu,
organisé, planifié, les menus de la semaine, les tâches ménagères de
chacun... Rien n'arrive par hasard. A un tel point que c'en est
décourageant.
Chez Pénélope, c'est différent :sa soeur Pétronille n'est jamais
d'accord avec personne et le fait savoir haut et fort. Elle ne rate pas
une occasion d'être en désaccord avec sa soeur et de lui dire qu'elle
la hait.
C'est pendant une séance de gymnastique, après que Christine ait fait
une chute, qu'elle a avoué qu'elle est enceinte, de six mois. Un
accident. Christine a décidé de garder l'enfant, car c'est à
moi de décider. C'est la première fois que je décide seule.
Quand elle l'annonce à ses parents, ça ne se passe pas très bien, elle
est mise à la porte avec une petite valise. Les parents de Pénélope
l'accueille, pour un temps indéfini, pendant lequel tout se passe comme
si rien d'important ne s'était passé. Elle poursuit sa
scolarité grâce à l'aide de Pénélope, sans aller au collège.
Jusqu'au jour où sa grand-mère -enfin mise au courant- vient la
chercher. Elle part loin, dans l'Ouest.
Au collège, un garçon s'intéresse à Pénélope, Alex, le seul qui ait
deviné la grossesse de Christine et qui sois discret à son sujet. Après
Noël, il propose à Pénélope de venir au ski avec sa famille. Une fois
sur place, le séjour est pénible et ennuyeux pour la jeune fille qui
n'arrive pas à s'intégrer à la bande de copains des jeunes de la
famille d'Alex. Lui semble au mieux avec autre fille et délaisse
Pénélope.
Elle traverse alors un moment difficile, perdant confiance en elle,
estimant ne pas connaître les codes qui permettent d'entrer
en relation avec les gens.
Un jour, brusquement, sans la prévenir, insatisfaite de ce qu'elle vit
avec Christine, elle prend le train pour aller la voir. Elle arrive en
début de nuit chez la grand-mère, sous la neige. Elle est décidée à
parler avec Christine de cette grossesse, de ce qui va se passer après.
Mais quand elle entre dans la chambre de son amie, elle est très
surprise : elle est dans un ordre parfait... Je m'étais
attendue à une sorte de de cocon, j'imaginais des pelotes de laine, une
layette, tout ce qui prépare la venue du bébé. Christine lui
dit tout net qu'il n'y aura pas d'enfant. Christine
lui explique sans sentiment excessif que tout est
prévu, elle accouchera sous X le 20 février...
le livre de Marie-Sophie Vermot
est la fois grave et léger. La famille Mistouflet
est décrite comme une famille où on ne peut s'ennuyer parce qu'il se
passe toujours quelque chose, un imprévu, une dispute de Pétronille
avec son père ou sa soeur, Pétronille qui veut un chat, qui s'enflamme
pour diverses causes, qui tricote des chaussons pour le bébé de
Christine. .
Pénélope raconte ce qui se passe dans sa famille sur un ton plein
d'humour, parfois ironique. En même temps, elle dit bien sa difficulté
d'adolescente qui a du mal à parler avec ses proches, qui ne sait pas
quoi leur dire. Depuis la maternelle, elle est amie avec Christine et
cette amitié lui suffit. Quand Christine s'éloigne d'elle, elle est
perdue, elle s'aperçoit qu'elle ne sait pas vivre en harmonie avec les
autres. Petit à petit, cet éloignement lui est bénéfique, elle découvre
que l'histoire d'une personne n'est pas forcément linéaire, et surtout,
que personne ne peut la décider à votre place. Que la
grossesse de Christine et sa situation familiale l'ont éloignée de son
monde. Pénélope et Christine ne peuvent plus se parler parce que les
différences de maturité, d'expérience de la vie, sont trop éloignées.
La grossesse de Christine la désarçonne, elle ne comprend pas pourquoi
elle la mène à terme. Mais elle ne sait pas que Christine est encore
plus désemparée qu'elle, qu'elle-même ne sait pas pourquoi elle le
garde et qu'elle mettra peut-être toute sa vie pour comprendre son
geste.
C'est un très beau livre, avec des descriptions extrêmement fines des
situations, des personnages, de la psychologie, des sentiments. La
situation de la jeune fille, excellente élève de troisième, est
plausible (j'ai connu quelques cas proches de celui-ci). Elle est
décrite avec une grande simplicité, sans mélo, sans qu'il soit
nécessaire de sortir son mouchoir... Les raisons de l'accouchement sous
X, que Pénélope découvre en faisant un exposé en classe avec une autre
fille, sont expliqués brièvement et clairement. En restant simple et
sans faire d'effets, Marie-Sophie Vermot réussit un livre plein
d'émotions et émouvant.
A ma connaissance, c'est le seul
roman pour la jeunesse qui aborde la question de l'accouchement sous X.
A avoir absolument au CDI. Plaira évidemment aux filles de 4e-3e et aux
lycéennes.
©
Jean TANGUY août 2000
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Tendances
filles
Un roman de
Marie-Sophie Vermot, édité à L'Ecole des
loisirs, en 2002,
dans la collection Médium.

L'année
du bac de français, Colombe, 16 ans tanne ses parents jusqu'à ce qu'ils
soient convaincus qu'habiter près du lycée est meilleur pour ses
études. Vraiment, Colombe ne rêve que de cette autonomie, que d'être
responsable de sa vie. Avec son amie Louise, elle va donc occuper un
petit appartement que leur prête sa grand-mère, Gaga.
Mais cette femme originale a le coeur sous la main. Peu avant
l'emménagement, elle annonce qu'elle n'a pas pu refuser qu'une
troisième fille y loge, Lola. Colombe n'est pas ravie, mais enfin,
c'est ça ou rien.
Il se trouve que les trois filles sont assez
différentes, que leur façon de vivre ne
s'accorde pas tout à fait. Surtout Lola, style total-bab
(...) qui chante à tue-tête en italien dans la salle de bains,
qui dit sortir avec son prof de peinture, un type marié.
Et puis, il y a un beau lycéen qui passe par là. Qui ne fait que
passer, d'ailleurs. Il y a tant de filles sur terre... Il y a aussi
l'inquiétude des mères qu'il faut supporter, car leurs mères ne pensent
qu'au bac, bien sûr !
Au début, c'est grisant, la vie entre filles dans cet appartement. Puis
il faut gérer, mesurer les sorties et le temps d'étude, regarder plus
calmement les garçons, penser au bac, travailler...
Sur
un ton bien alerte, une chronique assez popotte de la vie de trois
filles dans leur appartement. C'est bien vu et bien écrit.
Très facile à lire et bien vu. Les filles de cet âge se reconnaîtront
très certainement.
A partir de 13 ans.
©
Jean TANGUY 4 mai 2002
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Casting
Un roman de
Marie-Sophie Vermot, édité à L'Ecole des
loisirs, en 2000,
dans la collection Médium.
On peut dire
qu'elle cumule un certain nombre d'handicaps : s'appeler Bérénice
Mouton, être née à Tiruchirapalli (Inde), mesurer un mètre soixante et
un, avoir des cheveux auburn qui tirent parfois sur l'orange
et une vraie peau de rousse, très blanche. Surtout qu'elle veut être
mannequin.. Et qu'en plus il est hors de question que sa mère lui signe
une autorisation pour faire un casting.
Comme Bérénice est une fille déterminée et pleine d'imagination, elle
va trouver auprès de Marcia, une amie de sa mère, l'appui nécessaire
pour passer ce casting.
La voici donc près de la frontière italienne, avec l'équipe chargée de
réaliser une publicité pour des jeans, et d'autres mannequins, deux
filles et deux garçons.
Arrivent alors les inévitables soucis de la vie en commun d'une telle
équipe. Les adultes sont imprévisibles et capricieux. Une des filles
est très prétentieuse et pimbêche. Un des garçons s'y croit plus qu'il
ne devrait. Et les deux autres sont très occupés par leur idylle. Seule
Marcia reste calme et patiente, détachée.
En fait, la vie de mannequin est plus difficile qu'elle ne
l'imaginait...
Le début du livre est dans le
genre de "Tendance filles", une histoire d'adolescente qui trouve
qu'elle n'a vraiment pas de chance, des parents impossibles et
pas comme les autres. Puis le roman change de ton et devient
une tranche de vie au cours de laquelle l'héroïne -qui réalise son
rêve- se confronte à une réalité qui ne coïncide pas tout à fait avec
ce qu'elle avait imaginé. Celle-ci a de la chance, dans la mesure où la
femme qui l'a accompagnée dans cette aventure, lui fait découvrir une
part inconnue d'elle-même
Au bout du compte, c'est un roman tonique, avec des ingrédients qui
plairont aux filles, qui échappe à la mièvrerie grâce à cet idéal déçu
et à un rapport intéressant à ce moment de l'histoire personnelle où il
faut discerner et choisir sa vie. Bonnes descriptions de la vie
collective et des personnages.
Pour filles de préférence, dès
12-13 ans.
© Jean
TANGUY 20 octobre
2003
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Athénes
autrefois puissante
Un roman de
Marie-Sophie Vermot, édité à L'Ecole des
loisirs, en 2004,
dans la collection Médium.
Danaë
est scolarisée dans un lycée du sud de la France, spécialisé dans
l'accueil d'adolescents en difficulté, en marge de la vie.
La directrice de l'établissement l'a prévenue que
ici, tu verras, tu vas te sentir renaître. Parce que Danaë a
eu une crise de folie dans son précédent lycée, à Paris, pendant un
cours de maths. Elle s'est mise à hurler, à tout casser dans la classe,
avant de se jeter à la gorge de sa professeur de maths. On l'avait
alors internée.
Précisons que les parents de Danaë ont divorcé, qu'elle était en
vacances d'été chez une amie quand elle a appris la nouvelle par une
courte lettre de sa mère lui annonçant : je suis réellement
épuisée. Il m'est difficile de te téléphoner la nouvelle suivante : ton
père et moi avons décidé de divorcer. Danaë n'a rien vu
venir, elle apprendra plus tard que son père est avec une autre femme.
Mais sur le coup, elle se retrouve seule, n'arrivant pas à joindre ses
parents, n'ayant personne pour lui la rassurer, pour lui en dire
plus...
Le retour à Paris n'avait pas été facile. Après n'avoir
connu que des délices et des certitudes, son esprit s'était brusquement
fragmenté, il y a avait eu cette terrible colère qui avait
provoqué son internement. Accueillie dasn un nouveau lycée, elle loge
chez ses grands-parents en même temps que sa mère profondément
dépressive. Alors que personne ne connait son histoire, elle craint que
ça recommence et qu'on l'enferme à nouveau. Aussi veille-t-elle à ne se
lier avec personne pour se concentrer sur sa propre vie et oublier son
passé. Elle tente de maîtriser sa vie, d'anticiper les conséquences de
ses actes.
Dans cette vie du Sud, elle rencontre une jeune femme, Florence, une
calligraphe qui l'accueille sans rien lui demander, lui apportant des
moments de calme et de paix,
Ce qui va vraiment la sortir de cette ornière, c'est le secours qu'elle
apporte sans réfléchir à Nadila, qui vient d'accoucher seule
d'un bébé qui risque de mourir. En reparlnt de ce moment avec le
psychiatre qui la suit, elle admet qu'il faut affronter la vie telle
qu'elle se présente...
Un roman racontant une tranche
de vie d'une adolescente malheureuse, en proie à des troubles
psychologiques et affectifs profonds, suite à un choc traumatique. La
fragilité de la jeune fille est extrême, on ressent combien elle peut à
tout moment perdre tout ancrage dans la réalité et sombrer dans la
folie. Le roman montre avec finesse ce que peut être la
confusion des sentiments d'une jeune fille instable et murée dans sa
solitude.
Si elle n'avait pas été accueillie dans ce lycée respectueux des
difficultés de ses élèves, si elle n'avait pu s'appuyer sur la calme
présence de son grand-père, serait-elle revenue à une vie normale
?
Dans l'entourage de Danaë, on
remarquera le caractère fort de sa mère qui s'effondre pourtant
lorsqu'éclate la cellule familiale, la morale stricte de la grand-mère,
la force tranquille du grand-père pourtant impuissant, la détresse de
la jeune Nadila.
Ecrit avec précision et sur un
ton alerte, ce texte aborde avec perspicacité et une réeele finesse
d'observation, le problème d'une séparation parentale brutale et de ses
répercussions dans la vie d'une adolescente. Le roman n'a pas de fin
heureuse, mais une ouverture, une sorte de promesse que la jeune fille
va pouvoir retrouver une vie normale. On pourra regretter des moments
tragiques un peu excessifs (l'accouchement de Nadila).
Pour des lecteurs dès 13 ans.
©
Jean TANGUY 08 novembre 2004
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Quelque
chose à te dire
Un roman de
Marie-Sophie Vermot, édité à L'Ecole des
loisirs, en 2008,
dans la collection Médium.
Ariane a décidé que
le dossier qu'elle constituerait sur un peintre contemporain, pour son
professeur d'arts plastiques, serait sur l'oeuvre de Julia Legohen.
Julia Legohen vit sur une île, en Bretagne sud. C'est une grande
artiste peintre, réputée difficile d'accès, secrète. A cause
d'un petit tableau que sa mère possède, Ariane sait que Julia
Legohen est sa grand-mère. Elle sait aussi que sa mère a rompu
avec elle, qu'elle vit comme si sa propre mère n'existait
plus. Ariane ne l'a jamais vue et elle ignore tout des raisons de
la rupture des deux femmes.
Sur l'île, elle fait la
connaissance de
Julia Legohen et de Marthe, une amie que Julia a croisé en Irlande et
qui l'a suivie sur l'île. Elle assure l'intendance et veille sur la
tranquilité du lieu pour que Julia puisse peindre.
A aucun moment,
Ariane et Julia ne font état de ce qui les lie. Julia est assez
distante. En se promenant sur l'île, Ariane fait la connaissance d'un
voisin, Nathan, qui est venu vider la maison de famille après le décès
du dernier de ses parents. Il raconte à Ariane le peu de chose qu'il
sait sur sa famille. Il lui parle d'un accident, une nuit
de tempête. Antoine, le mari de Julia, serait parti avec son fils
souffrant. Il se serait trompé de chemin, serait allé vers la falaise
d'où il aurait chuté avec le bébé. Antoire et Frédéric Brégal sont
enterrés dans le cimetière de l'île.
Plus tard, Ariane,
fouillant dans le garage, trouve des aquarelles peinte par sa mère. De
très belles aquarelles... Le doute s'installe
dans son esprit. Elle en déduit que l'accident, la nuit de la tempête,
ne
s'est pas passé comme on le raconte. Quand elle affronte Julia avec ses
découvertes, elle déclenche une énorme colère. Les ponts
sont rompus, Ariane décide de partir au plus vite. Une dernière fois,
elle va au cimetière.
Là, une femme se tient au bord du caveau de famille, sa mère, qui a
quelque chose à lui dire...
Bien
aimé ce roman ! Marie-Sophie Vermot raconte les grands et petits soucis
des adolescents avec une grande sensibilité et toujours beaucoup de
pudeur. Une fois de plus son texte sonne juste quand il campe cette
jeune fille qui ose affronter sa grand-mère chez elle, dans son île,
sans oser évoquer le lien si particulier qu'elles ont en commun. Les
adultes font comme si rien ne s'était passé qui vaille qu'on le cache?
L'adolescente ne se satisfait pas de cette réalité. Elle veut
connaître le secret qu'elle devine. Quand on le
découvre, on
comprend qu'elle ait rompu avec sa mère, qu'elle ait quité l'île pour
ne plus y revenir, qu'elle ait changé de monde.
L'atmosphère de l'île est bien retranscrite. Il y a
effectivement cette ambiance particulière dans les îles bretonnes
battues
par les vents, entourées de mer. On y vit dans un autre monde, un monde
clos, un monde où l'on est entre soi.
Il y a aussi les moments décrits avec sensibilité, où l'adolescente
regarde Julia peindre, sans la déranger.
Un roman facile à lire, prenant, avec une jeune fille attachante et un
secret de famille qu'on ne pouvait que difficilement percer.
Filles, surtout,
à partir de 12-13 ans.
©
Jean TANGUY 03 juin 2008
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Tout le monde est une idole
Un roman de
Marie-Sophie Vermot, édité chez Thierry Magnier, en
2010,
dans la collection Roman.
Matthias
débarque en Toscane, chez ses grands-parents. En France, il a laissé sa
mère et son beau-père, et Zoé, son adorable petite soeur. Il voudrait
bien, aussi, y laisser et oublier des souvenirs terrifiants. Car ouvrir les yeux après la tragédie, avait
été terrifiant, dit -il. Matthias est l’unique rescapé du
carnage commis par un homme entré dans son lycée, qui a tué
Mademoiselle Prince, l’enseignante et 28 des élèves de sa classe.
Quand il s’était réveillé, à l’hôpital, personne ne s’est aperçu que le
Matthias qu’on avait connu n’existait plus, qu’il ne reviendrait pas.
Il était devenu un autre. Il devait la vie à Florian, son meilleur ami
dont le corps l’avait protégé. Il n’avait pas voulu revoir sa
petite amie qui pourtant lui avait écrit, puisqu’il était devenu un autre que celui qu’elle avait
connu et aimé.
Refusant toute aide, il avait choisi de partir pour oublier et pour se ressourcer
en Toscane, chez ses grands-parents. Là-bas, on lui fait rencontrer Bianca, une femme qui l’aide
à suivre des cours par correspondance. Avec elle, il établit une
relation confiante, mais Bianca porte un lourd secret qu’elle estime
devoir révéler à Matthias. Il ne peut accepter ce qu’elle a vécu et
décide de ne plus la revoir. Il rencontre aussi des gens du village qui
l’ont connu petit. Un jour, sa grand-mère lui raconte ce que sa mère ne
lui a jamais dit de la vie de son père. Plus tard, il fait une visite
dans le lycée italien le plus proche, décidant de ne pas revenir en
France.
Pourtant, il finira par revoir Bianca, puis prendra le train pour
revenir en France...
On retrouve le
goût de Marie-Sophie Vermot pour des histoires d’adolescents qui se
tiennent à la frontière de la vie adulte et qui vivent un moment
particulièrement difficile.
On peut trouver exagéré de mettre en scène ce garçon qui a échappé à la
folie meurtrière d’un tueur. Evidemment, nous viennent à l'esprit les
images du film Elephant de Gus van Sant,
quand il imagine le
massacre du lycée Colombine, viennent immédiatement à l’esprit, mais le
récit et le fim ne concordent. L'auteure narre avec justesse la
peine et le
deuil de Matthias, sa rupture avec sa petite amie, ses relations avec
sa mère, son affection pour sa soeur, la tendresse et la patience
délicate de ses grands-parents, sa réaction quand il apprend la vie
passée de Bianca et quand sa grand-mère lui parle de ce qu’il ne
connait pas de la vie de son père.
J’ai trouvé que Marie-Sophie Vermot utilise les bons mots pour décrire
la vie quotidienne, les rencontres au cours desquelles quelques mots
marquent une étape dans la reconstruction du jeune homme, l’effort des
personnes qui veulent avoir une relation vraie avec lui. Elle a su
garder la distance qui préserve le lecteur de tout voyeurisme. La
fin est
telle qu’elle se passerait dans la vraie vie.
Adolescents et jeunes adultes.
©
Jean TANGUY 23 décembre 2011
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