Chroniques de littérature de jeunesseC
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Mis à jour le 09 mai 2012
Les volets clots
 Les volets clos
En plus, c'était pas prévu
  En plus, c'était pas prévu
Tendance filles
 Tendance filles
Casting
  Casting
Athènes autrefois puissante
 Athènes autrefois puissante
Archeopolis. 1
 Quelque chose à te dire
Tout le monde st une idole
 Tout le monde est une idole


  Les volets clos

Un roman de Marie-Sophie Vermot, édité au Seuil en 1996,
dans la collection Fictions.

 

Éva est dans une maison au bord de la mer, en Bretagne. C'est une maison qu'Édouard, son père, a acheté quand elle était petite. L'an dernier, son bac brillamment obtenu, Éva s'était inscrite en médecine, à la grande fierté de son père et à la joie plus discrète de sa mère qui lui avait offert son tableau le plus coté.
Tout cela, c'était avant. Avant que son père ne commence à accumuler les maladresses et les oublis. Avant qu'il ne change et cède sa clientèle à un autre dentiste. Avant qu'il ne perde sa voiture ou sa route au retour de son travail. Elle qui avait cru que son frère avait fait des progrès au tennis lorsqu'il jouait contre son père doit apprendre que son père est atteint de la maladie d'Alzheimer.
En quelques mois , son état se dégrade terriblement. Il tourne en rond jusqu'à l'épuisement sur le tapis de sa chambre. Il ne reconnaît plus sa femme ni ses enfants. Éva et sa mère s'épuisent à le soigner et le surveiller. Un jour, il disparaît. Sa mobilité s'amenuise et il faut recourir aux soins d'une garde-malade. Des souvenirs très anciens lui reviennent parfois à la mémoire, fugacement. Il s'enfonce dans la maladie et c'est si difficile pour ceux qui l'entourent qu'à certains moments, Éva en vient à le détester.
Les liens familiaux se modifient. Chacun s'enferme dans la solitude. Chacun garde pour soi ses sentiments, sa peur de ce qui s'annonce. Chacun tente des gestes pour raccrocher l'homme à leur vie, en vain. Les amis ont déserté la maison. Seul, Nicolas, un étudiant aux Beaux-Arts, vient leur rendre quelques visites, dissipant la tension qui habite Éva.
Puis la maladie s'aggravant encore, Édouard quitte le maison pour un établissement médical. Un départ sans retour, inacceptable pour Éva. Une brisure définitive. Pourtant la vie continue.


Un superbe roman qui raconte comment un homme quitte le monde que nous connaissons tous pour un autre monde dont nous ignorons tout et que nous ne pouvons pénétrer. En lisant ce livre, on a l'impression d'accompagner Éva jusqu'à la mort de son père, de partager ce qu'elle ressent au fur et à mesure qu'évolue la maladie.
Le ton est authentique, comme si ce texte était autobiographique. Le style est superbe. L'écriture est pudique, un peu hachée, donnant une sensation de rapidité à quelque chose à laquelle on ne peut s'habituer. C'est un livre très sensible, sans pleurnicherie, avec une sorte de sécheresse un peu brutale et juste ce qu'il faut de mots. L'énergie d'Éva, son choix de vivre quoi qu'il arrive donne de l'optimisme à ce livre et permet de regarder la mort en face, de se préparer...
Éva a la chance de vivre dans une famille aisée et cultivée : père dentiste et mère peintre. C'est mieux ainsi, installant une distance qui aide à lire ce texte sans trop y mettre de soi.
Cet ouvrage confirme le talent et la sensibilité de Marie-Sophie Vermot quand elle décrit les moments les plus durs de la vie.
Pour des adolescents de 14-15 ans.

© Jean TANGUY   6 mars 1999  

  En plus c'était pas prévu

Un roman de Marie-Sophie Vermot, édité à L'Ecole des loisirs, en 1997
dans la collection Médium. 

En plus, c'était pas prévuQuand Pénélope Mistouflet va chez son amie Christine, elle trouve que c'est trop bien rangé, rien ne traîne, je ne peux pas croire qu'une chambre de filles puisse ressembler à une telle image.... Sur le bureau, il n'y a pas la moindre trace d'une raclure de gomme.  Tout est prévu, organisé, planifié, les menus de la semaine, les tâches ménagères de chacun... Rien n'arrive par hasard. A un tel point que c'en est décourageant.
Chez Pénélope, c'est différent :sa soeur Pétronille n'est jamais d'accord avec personne et le fait savoir haut et fort. Elle ne rate pas une occasion d'être en désaccord avec sa soeur et de lui dire qu'elle la hait.
C'est pendant une séance de gymnastique, après que Christine ait fait une chute, qu'elle a avoué qu'elle est enceinte, de six mois. Un accident. Christine a décidé de garder l'enfant, car c'est à moi de décider. C'est la première fois que je décide seule. Quand elle l'annonce à ses parents, ça ne se passe pas très bien, elle est mise à la porte avec une petite valise. Les parents de Pénélope l'accueille, pour un temps indéfini, pendant lequel tout se passe comme si rien d'important ne s'était passé.  Elle poursuit sa scolarité grâce à l'aide de Pénélope, sans aller au collège. 
Jusqu'au jour où sa grand-mère -enfin mise au courant- vient la chercher. Elle part loin, dans l'Ouest. 
Au collège, un garçon s'intéresse à Pénélope, Alex, le seul qui ait deviné la grossesse de Christine et qui sois discret à son sujet. Après Noël, il propose à Pénélope de venir au ski avec sa famille. Une fois sur place, le séjour est pénible et ennuyeux pour la jeune fille qui n'arrive pas à s'intégrer à la bande de copains des jeunes de la famille d'Alex. Lui semble au mieux avec autre fille et délaisse Pénélope. 
Elle traverse alors un moment difficile, perdant confiance en elle, estimant ne pas connaître les  codes qui permettent d'entrer en relation avec les gens. 
Un jour, brusquement, sans la prévenir, insatisfaite de ce qu'elle vit avec Christine, elle prend le train pour aller la voir. Elle arrive en début de nuit chez la grand-mère, sous la neige. Elle est décidée à parler avec Christine de cette grossesse, de ce qui va se passer après. Mais quand elle entre dans la chambre de son amie, elle est très surprise : elle est dans un ordre parfait... Je m'étais attendue à une sorte de de cocon, j'imaginais des pelotes de laine, une layette, tout ce qui prépare la venue du bébé. Christine lui dit tout net qu'il n'y aura pas d'enfant. Christine lui explique sans sentiment excessif que tout est prévu, elle accouchera sous X le 20 février...


le livre de Marie-Sophie Vermot est  la fois grave et léger.  La famille Mistouflet est décrite comme une famille où on ne peut s'ennuyer parce qu'il se passe toujours quelque chose, un imprévu, une dispute de Pétronille avec son père ou sa soeur, Pétronille qui veut un chat, qui s'enflamme pour diverses causes, qui tricote des chaussons pour le bébé de Christine. .  
Pénélope raconte ce qui se passe dans sa famille sur un ton plein d'humour, parfois ironique. En même temps, elle dit bien sa difficulté d'adolescente qui a du mal à parler avec ses proches, qui ne sait pas quoi leur dire. Depuis la maternelle, elle est amie avec Christine et cette amitié lui suffit. Quand Christine s'éloigne d'elle, elle est perdue, elle s'aperçoit qu'elle ne sait pas vivre en harmonie avec les autres. Petit à petit, cet éloignement lui est bénéfique, elle découvre que l'histoire d'une personne n'est pas forcément linéaire, et surtout, que personne ne peut la décider à votre place. Que la grossesse de Christine et sa situation familiale l'ont éloignée de son monde. Pénélope et Christine ne peuvent plus se parler parce que les différences de maturité, d'expérience de la vie, sont trop éloignées.
La grossesse de Christine la désarçonne, elle ne comprend pas pourquoi elle la mène à terme. Mais elle ne sait pas que Christine est encore plus désemparée qu'elle, qu'elle-même ne sait pas pourquoi elle le garde et qu'elle mettra peut-être toute sa vie pour comprendre son geste. 
C'est un très beau livre, avec des descriptions extrêmement fines des situations, des personnages, de la psychologie, des sentiments. La situation de la jeune fille, excellente élève de troisième, est plausible (j'ai connu quelques cas proches de celui-ci). Elle est décrite avec une grande simplicité, sans mélo, sans qu'il soit nécessaire de sortir son mouchoir... Les raisons de l'accouchement sous X, que Pénélope découvre en faisant un exposé en classe avec une autre fille, sont expliqués brièvement et clairement. En restant simple et sans faire d'effets, Marie-Sophie Vermot réussit un livre plein d'émotions et émouvant.

A ma connaissance, c'est le seul roman pour la jeunesse qui aborde la question de l'accouchement sous X. A avoir absolument au CDI. Plaira évidemment aux filles de 4e-3e et aux lycéennes.

© Jean TANGUY   août 2000  

  Tendances filles

Un roman de Marie-Sophie Vermot, édité à L'Ecole des loisirs, en 2002
dans la collection Médium. 

Tendance filles

L'année du bac de français, Colombe, 16 ans tanne ses parents jusqu'à ce qu'ils soient convaincus qu'habiter près du lycée est meilleur pour ses études. Vraiment, Colombe ne rêve que de cette autonomie, que d'être responsable de sa vie. Avec son amie Louise, elle va donc occuper un petit appartement que leur prête sa grand-mère, Gaga.
Mais cette femme originale a le coeur sous la main. Peu avant l'emménagement, elle annonce qu'elle n'a pas pu refuser qu'une troisième fille y loge, Lola. Colombe n'est pas ravie, mais enfin, c'est ça ou rien.
Il se trouve que les trois filles sont assez
différentes, que leur façon de vivre ne s'accorde pas tout à fait. Surtout Lola, style total-bab (...) qui chante à tue-tête en italien dans la salle de bains, qui dit sortir avec son prof de peinture, un type marié.
Et puis, il y a un beau lycéen qui passe par là. Qui ne fait que passer, d'ailleurs. Il y a tant de filles sur terre... Il y a aussi l'inquiétude des mères qu'il faut supporter, car leurs mères ne pensent qu'au bac, bien sûr !
Au début, c'est grisant, la vie entre filles dans cet appartement. Puis il faut gérer, mesurer les sorties et le temps d'étude, regarder plus calmement les garçons, penser au bac, travailler...


Sur un ton bien alerte, une chronique assez popotte de la vie de trois filles dans leur appartement. C'est bien vu et bien écrit.
Très facile à lire et bien vu. Les filles de cet âge se reconnaîtront très certainement.

A partir de 13 ans.

© Jean TANGUY   4 mai 2002

  Casting

Un roman de Marie-Sophie Vermot, édité à L'Ecole des loisirs, en 2000
dans la collection Médium. 

Casting

On peut dire qu'elle cumule un certain nombre d'handicaps : s'appeler Bérénice Mouton, être née à Tiruchirapalli (Inde), mesurer un mètre soixante et un, avoir des cheveux auburn qui tirent parfois sur l'orange et une vraie peau de rousse, très blanche. Surtout qu'elle veut être mannequin.. Et qu'en plus il est hors de question que sa mère lui signe une autorisation pour faire un casting. 
Comme Bérénice est une fille déterminée et pleine d'imagination, elle va trouver auprès de Marcia, une amie de sa mère, l'appui nécessaire pour passer ce casting.
La voici donc près de la frontière italienne, avec l'équipe chargée de réaliser une publicité pour des jeans, et d'autres mannequins, deux filles et deux garçons.
Arrivent alors les inévitables soucis de la vie en commun d'une telle équipe. Les adultes sont imprévisibles et capricieux. Une des filles est très prétentieuse et pimbêche. Un des garçons s'y croit plus qu'il ne devrait. Et les deux autres sont très occupés par leur idylle. Seule Marcia reste calme et patiente, détachée.
En fait, la vie de mannequin est plus difficile qu'elle ne l'imaginait...


Le début du livre est dans le genre de "Tendance filles", une histoire d'adolescente qui trouve qu'elle n'a vraiment pas de chance, des parents impossibles et pas comme les autres. Puis le roman change de ton et devient une tranche de vie au cours de laquelle l'héroïne -qui réalise son rêve- se confronte à une réalité qui ne coïncide pas tout à fait avec ce qu'elle avait imaginé. Celle-ci a de la chance, dans la mesure où la femme qui l'a accompagnée dans cette aventure, lui fait découvrir une part inconnue d'elle-même 
Au bout du compte, c'est un roman tonique, avec des ingrédients qui plairont aux filles, qui échappe à la mièvrerie grâce à cet idéal déçu et à un rapport intéressant à ce moment de l'histoire personnelle où il faut discerner et choisir sa vie. Bonnes descriptions de la vie collective et des personnages.

Pour filles de préférence, dès 12-13 ans.

© Jean TANGUY   20 octobre 2003  

  Athénes autrefois puissante

Un roman de Marie-Sophie Vermot, édité à L'Ecole des loisirs, en 2004
dans la collection Médium. 

Athènes autrefois puissanteDanaë est scolarisée dans un lycée du sud de la France, spécialisé dans l'accueil d'adolescents en difficulté, en marge de la vie. La directrice de l'établissement l'a prévenue  que ici, tu verras, tu vas te sentir renaître. Parce que Danaë a eu une crise de folie dans son précédent lycée, à Paris, pendant un cours de maths. Elle s'est mise à hurler, à tout casser dans la classe, avant de se jeter à la gorge de sa professeur de maths. On l'avait alors internée.
Précisons que les parents de Danaë ont divorcé, qu'elle était en vacances d'été chez une amie quand elle a appris la nouvelle par une courte lettre de sa mère lui annonçant : je suis réellement épuisée. Il m'est difficile de te téléphoner la nouvelle suivante : ton père et moi avons décidé de divorcer. Danaë n'a rien vu venir, elle apprendra plus tard que son père est avec une autre femme. Mais sur le coup, elle se retrouve seule, n'arrivant pas à joindre ses parents, n'ayant personne pour lui la rassurer, pour lui en dire plus...
Le retour à Paris n'avait pas été facile. Après n'avoir connu que des délices et des certitudes, son esprit s'était brusquement fragmenté, il y a avait eu cette terrible colère qui avait provoqué son internement. Accueillie dasn un nouveau lycée, elle loge chez ses grands-parents en même temps que sa mère profondément dépressive. Alors que personne ne connait son histoire, elle craint que ça recommence et qu'on l'enferme à nouveau. Aussi veille-t-elle à ne se lier avec personne pour se concentrer sur sa propre vie et oublier son passé. Elle tente de maîtriser sa vie, d'anticiper les conséquences de ses actes.
Dans cette vie du Sud, elle rencontre une jeune femme, Florence, une calligraphe qui l'accueille sans rien lui demander, lui apportant des moments de calme et de paix,
Ce qui va vraiment la sortir de cette ornière, c'est le secours qu'elle apporte sans réfléchir à  Nadila, qui vient d'accoucher seule d'un bébé qui risque de mourir. En reparlnt de ce moment avec le psychiatre qui la suit, elle admet qu'il faut affronter la vie telle qu'elle se présente...


Un roman racontant une tranche de vie d'une adolescente malheureuse, en proie à des troubles psychologiques et affectifs profonds, suite à un choc traumatique. La fragilité de la jeune fille est extrême, on ressent combien elle peut à tout moment perdre tout ancrage dans la réalité et sombrer dans la folie.  Le roman montre avec finesse ce que peut être la confusion des sentiments d'une jeune fille instable et murée dans sa solitude.
Si elle n'avait pas été accueillie dans ce lycée respectueux des difficultés de ses élèves, si elle n'avait pu s'appuyer sur la calme présence de son grand-père, serait-elle revenue à une vie normale ? 

Dans l'entourage de Danaë, on remarquera le caractère fort de sa mère qui s'effondre pourtant lorsqu'éclate la cellule familiale, la morale stricte de la grand-mère, la force tranquille du grand-père pourtant impuissant, la détresse de la jeune Nadila.

Ecrit avec précision et sur un ton alerte, ce texte aborde avec perspicacité et une réeele finesse d'observation, le problème d'une séparation parentale brutale et de ses répercussions dans la vie d'une adolescente. Le roman n'a pas de fin heureuse, mais une ouverture, une sorte de promesse que la jeune fille va pouvoir retrouver une vie normale. On pourra regretter des moments tragiques un peu excessifs (l'accouchement de Nadila).

Pour des lecteurs dès 13 ans.

© Jean TANGUY   08 novembre 2004 

  Quelque chose à te dire

Un roman de Marie-Sophie Vermot, édité à L'Ecole des loisirs, en 2008
dans la collection Médium. 

Quelque chose à te dire  Ariane a décidé que le dossier qu'elle constituerait sur un peintre contemporain, pour son professeur d'arts plastiques, serait sur l'oeuvre de Julia Legohen.
Julia Legohen vit sur une île, en Bretagne sud. C'est une grande artiste peintre, réputée difficile d'accès, secrète. A cause d'un petit tableau que sa mère possède, Ariane sait que Julia Legohen est sa grand-mère. Elle sait aussi que sa mère a rompu avec elle, qu'elle vit comme si sa propre mère n'existait plus. Ariane ne l'a jamais vue et elle ignore tout des raisons de la rupture des deux femmes.
Sur l'île, elle fait la connaissance de Julia Legohen et de Marthe, une amie que Julia a croisé en Irlande et qui l'a suivie sur l'île. Elle assure l'intendance et veille sur la tranquilité du lieu pour que Julia puisse peindre.
A aucun moment, Ariane et Julia ne font état de ce qui les lie. Julia est assez distante. En se promenant sur l'île, Ariane fait la connaissance d'un voisin, Nathan, qui est venu vider la maison de famille après le décès du dernier de ses parents. Il raconte à Ariane le peu de chose qu'il sait sur sa famille. Il lui parle d'un accident, une nuit de tempête. Antoine, le mari de Julia, serait parti avec son fils souffrant. Il se serait trompé de chemin, serait allé vers la falaise d'où il aurait chuté avec le bébé. Antoire et Frédéric Brégal sont enterrés dans le cimetière de l'île. 
Plus tard, Ariane, fouillant dans le garage, trouve des aquarelles peinte par sa mère. De très belles aquarelles...  Le doute s'installe dans son esprit. Elle en déduit que l'accident, la nuit de la tempête, ne s'est pas passé comme on le raconte. Quand elle affronte Julia avec ses découvertes, elle déclenche une énorme colère. Les ponts sont rompus, Ariane décide de partir au plus vite. Une dernière fois, elle va au cimetière.
Là, une femme se tient au bord du caveau de famille, sa mère, qui a quelque chose à lui dire...


Bien aimé ce roman ! Marie-Sophie Vermot raconte les grands et petits soucis des adolescents avec une grande sensibilité et toujours beaucoup de pudeur. Une fois de plus son texte sonne juste quand il campe cette jeune fille qui ose affronter sa grand-mère chez elle, dans son île, sans oser évoquer le lien si particulier qu'elles ont en commun. Les adultes font comme si rien ne s'était passé qui vaille qu'on le cache? L'adolescente ne se satisfait pas de cette réalité. Elle veut connaître le secret qu'elle devine.  Quand on le découvre, on comprend qu'elle ait rompu avec sa mère, qu'elle ait quité l'île pour ne plus y revenir, qu'elle ait changé de monde.

L'atmosphère de l'île est bien retranscrite. Il y a effectivement cette ambiance particulière dans les îles bretonnes battues par les vents, entourées de mer. On y vit dans un autre monde, un monde clos, un monde où l'on est entre soi.
Il y a aussi les moments décrits avec sensibilité, où l'adolescente regarde Julia peindre, sans la déranger.

Un roman facile à lire, prenant, avec une jeune fille attachante et un secret de famille qu'on ne pouvait que difficilement percer.

Filles, surtout, à partir de 12-13 ans.

© Jean TANGUY  03 juin 2008     

  Tout le monde est une idole

Un roman de Marie-Sophie Vermot, édité chez Thierry Magnier, en 2010
dans la collection Roman. 

Tout le monde est une idole  Matthias débarque en Toscane, chez ses grands-parents. En France, il a laissé sa mère et son beau-père, et Zoé, son adorable petite soeur. Il voudrait bien, aussi, y laisser et oublier des souvenirs terrifiants. Car ouvrir les yeux après la tragédie, avait été terrifiant, dit -il. Matthias est l’unique rescapé du carnage commis par un homme entré dans son lycée, qui a tué Mademoiselle Prince, l’enseignante et 28 des élèves de sa classe.
Quand il s’était réveillé, à l’hôpital, personne ne s’est aperçu que le Matthias qu’on avait connu n’existait plus, qu’il ne reviendrait pas. Il était devenu un autre. Il devait la vie à Florian, son meilleur ami dont le corps l’avait protégé. Il n’avait pas voulu revoir sa petite amie qui pourtant lui avait écrit, puisqu’il était devenu un autre que celui qu’elle avait connu et aimé.
Refusant toute aide, il avait choisi de partir pour oublier et pour se ressourcer en Toscane, chez ses grands-parents. Là-bas, on lui fait rencontrer Bianca, une femme qui l’aide à suivre des cours par correspondance. Avec elle, il établit une relation confiante, mais Bianca porte un lourd secret qu’elle estime devoir révéler à Matthias. Il ne peut accepter ce qu’elle a vécu et décide de ne plus la revoir. Il rencontre aussi des gens du village qui l’ont connu petit. Un jour, sa grand-mère lui raconte ce que sa mère ne lui a jamais dit de la vie de son père. Plus tard, il fait une visite dans le lycée italien le plus proche, décidant de ne pas revenir en France.
Pourtant, il finira par revoir Bianca, puis prendra le train pour revenir en France...


On retrouve le goût de Marie-Sophie Vermot pour des histoires d’adolescents qui se tiennent à la frontière de la vie adulte et qui vivent un moment particulièrement difficile.

On peut trouver exagéré de mettre en scène ce garçon qui a échappé à la folie meurtrière d’un tueur. Evidemment, nous viennent à l'esprit les images du film Elephant de Gus van Sant, quand il imagine le massacre du lycée Colombine, viennent immédiatement à l’esprit, mais le récit et le fim ne concordent.  L'auteure narre avec justesse la peine et le deuil de Matthias, sa rupture avec sa petite amie, ses relations avec sa mère, son affection pour sa soeur, la tendresse et la patience délicate de ses grands-parents, sa réaction quand il apprend la vie passée de Bianca et quand sa grand-mère lui parle de ce qu’il ne connait pas de la vie de son père.

J’ai trouvé que Marie-Sophie Vermot utilise les bons mots pour décrire la vie quotidienne, les rencontres au cours desquelles quelques mots marquent une étape dans la reconstruction du jeune homme, l’effort des personnes qui veulent avoir une relation vraie avec lui. Elle a su garder la distance qui préserve le lecteur de tout voyeurisme.  La fin est telle qu’elle se passerait dans la vraie vie.

Adolescents et jeunes adultes.

© Jean TANGUY  23 décembre 2011