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Mis ŕ jour le 09 mai 2012
 

L'or de Cajamalca

Un roman de Jacob Wassermann, publié à L'Ecole des Loisirs, en 1989,
dans la collection Médium.

Tellement tu es ma soeur ! En 1532, après la conquête du Pérou par les Espagnols, Domingo de Soria, un chevalier proche de Pizarro, s'est retiré dans un monastère. Il revient, pour se soulager d'un traumatisme, sur les événements qui l'ont bouleversé. Les Espagnols étaient venus dans cette montagne, par soif de l'or. Dès leur arrivée, ils sont impressionnés par l'Inca, qu'ils ne comprennent pas. Les Espagnols sont trois cents hommes en armes, les Péruviens sont bien plus nombreux, ils pourraient les écraser. Mais si la fièvre de l'or avait pénétré profondément en moi, éteignant en mon âme toutes les lumières, il n'en est pas de même pour les Péruviens qui sont indifférents à ce métal. Chez eux, la propriété était réglementée (...) des millions et des millions d'hommes étaient totalement égaux. Seul l'Inca est supérieur. Tout appartient à cet être d'origine divine.
Les Espagnols décident d'attirer l'Inca dans un piège. Le dominicain qui accompagne la troupe, le somme de se soumettre, il ne bouge pas. Alors, le général Pizarro fait charger les soldats qui massacrent un peuple qui n'oppose aucune résistance pas, étonné qu'on puisse être aussi brutal. L'Inca ne s'enfuit pas, il reste impassible et est fait prisonnier. Quand les Espagnols lui proposent d'échanger sa liberté contre de l'or, il est étonné. L'idée d'acquérir quelque chose avec de l'or devait l'étonner et l'inquiéter au plus profnd de son être. Il fait cependant apporter de l'or. Mais plus il y a d'or, plus les Espagnols en sont avides, et plus ils s'avilissent. Pizarro ne tiendra pas son serment de libérer l'Inca contre de l'or, il le condamne à mort.
L'Inca ne demande qu'une faveur, de mourir le matin face au soleil. Domingo de Soria comprend ce qui va se passer : puisqu'il ne peut aller à Cuzco, au temple du soleil, ses ancêtres morts viendront à lui, afin qu'il pût prendre le repas de la mort, comme l'avait fait chaque Inca qui sentait sa fin prochaine. Juste avant ce dernier repas, il y a une ultime discussion avec le général espagnol : Est-ce le même soleil qui brille chez vous ? Ne se fâche-t-il pas quand vous détruisez les bijoux que le travail que vos artisans a créés ? Quelles sont vos lois, quels sont vos usages ? Y a-t-il chez vous des être sacrés ? Savez-vous ce qu'est le sacré alors que votre main ne recule devant rien et se pose sur tout ?


A priori, les Européens sont des gens civilisés, et les Péruviens sont des sauvages. Avec une efficacité remarquable, Wassermann montre l'impérialisme aveugle des premiers, et la haute culture des Incas. Au nom de leur Dieu, les Espagnols pillent, volent, renient leurs serments, massacrent. L'Inca les regarde, garant d'un ordre divin qu'il vit comme naturel, il ne résiste pas, il sait ce vers quoi il tend et vers qui il va, avec une certitude sereine, sans angoisse.
La sagesse est chez les Péruviens. Les Espagnols sont cupides, manquent de scrupules, sont grossiers. Ils ne connaissent pas cette civilisation et ne prennent pas le temps de la découvrir.
Au fur et à mesure que s'approche la mort inéluctable de l'Inca, l'officier découvre cette civilisation, il entre dans le point de vue de l'Inca, il regarde ses compatriotes avec les yeux de l'Inca, son horreur grandit, jusqu'à atteindre le paroxysme quand l'Inca monte sur le bûcher.
Ce roman est écrit dans un langue simple et contient de superbes descriptions de la société péruvienne, des réactions des Espagnols et de l'Inca, du repas avec les ancêtres... Il tente de décrypter la psychologie si opposée des personnages. Il entraîne à une réflexion philosophique sur bien des valeurs humaines : la justice, le respect, la parole tenue, la définition de le richesse...

Jakob Wassermann (1873-1934) est un écrivain allemand. Juif d'origine modeste, après une jeunesse assez misérable, son oeuvre lui fit connaître la célébrité. Au cours du IIIe Reich, ses livres furent brûlés en place publique. De L'or de Cajamalca, Thomas Mann a dit que c'était le plus beau récit en langue allemande du 20e siècle.

Pour garçons et filles, dčs 12-13 ans.

  Š Jean TANGUY   15 avril 2002