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Mis à jour le 09 mai 2012
 

La guerre au fond des yeux

Un roman de Robert Westall, publié chez Hachette, en 2003,
dans la collection Livre de poche. Jeunesse.

La Guerre au fond des yeux Tom a beaucoup de chance de vivre dans une famille épanouie entourés de parents dont il est fier. Avant la naissance de son frère, il s'était inventé un  ami à sa taille qu'il avait appelé Figgis. Puis Andy était né et secrètement, Tom l'avait surnommé Figgis. Un rêveur, ce frère, un garçon sensible et étrange qui voyait des choses étonnantes. Par exemple, il avait vu une photo d'un sorcier africain et il lui avait donné un nom. Le plus étonnant est qu'il s'appelait bien ainsi. Mais encore plus, quand l'homme a répondu, sa lettre commençait par "Cher Figgis". Comment savait-il que Tom le surnommait Figgis ? Il y eu bien d'autres Choses comme celle-ci que Figgis vivait, qui le fascinaient, l'emportaient dans une autre réalité..
Mais la plus grave des Choses de Figgis commença le 4 août, pendant les vacances. Figgis avait alors quinze ans. Son père passait son temps à écouter à la radio, les nouvelles de la guerre en Irak. Figgis a commencé à parler une langue bizarre, à rêver d'un trajet en camion dans le désert. Puis une nuit, après la rentrée au collège, Tom découvrit Figgis assis sur son lit, chantonnant une étrange petite chanson, appuyé sur la carabine à air comprimé. Une fois, sortant de son rêve, il a dit s'appeler Latif.   Figgis s'enfonçait dans cette Chose, ses notes scolaires dégringolaient, il avait pris une manie de se gratter. Puis il a a fallu l'hospitaliser lorsqu'il est vraiment devenu Latif, ce soldat irakien en fuite devant les soldats américains.
Il s'est mis à vivre comme dans un abri, ne se lavant plus, mangeant dans un bol, ne parlant plus que l'arabe, traqué, apeuré... Il était ailleurs, en danger, en compagnie d'un homme qui allait mourir...


Ce livre a fait l'objet d'une première publication en 1993, sous le titre La double vie de Figgis. C'était deux ans après la première guerre du Golfe.
C'est un réquisitoire contre la guerre, mais surtout un texte qui rappelle que nous ne pouvons regarder les actualités télévisées comme si elles étaient un feuilleton. Un roman qui dit ce que nous avons tellement l'habitude de voir, nous oublions que cela existe réellement : la souffrance des personnes, des tribus, des peuples, ces hordes de réfugiés jetés sur les routes avec leur barda à la main, ces files de femmes, d'enfants, de vieillards (les hommes sont au front) au regard triste, affaiblies par des jours de marche, la peur de tous ces gens que menacent les bombes aveugles.
Il dit comment cette famille heureuse a basculé dans la folie à cause des images que l'on montre pour choquer et qui ne choque plus personne, sauf Figgis. Il secoue le lecteur pour réveiller sa conscience humaine, tout comme Tom a été ébranlé par la schizophrénie de Figgis. Car comme dit leur mère : les soldats irakiens aussi ont des mères.
Il dit encore que Les guerres sont toutes impitoyables, qu'on peut bien en parler, débattre intellectuellement à leur sujet, il reste qu'elles épuisent les peuples, qu'elles provoquent des morts, qu'elles sont ignomineuses.
Dans ce roman il y aussi une découverte de l'autre, en la personne de Rashid, le médecin qui soigne Figgis, dans la folie du garçon, dans son amnésie après la "guérison" de Figgis, qui étonne Tom, lequel reste le seul à se préoccuper des guerres, des golfes, des abîmes entre les gens.

Pour garçons et filles dès 11-12 ans.

© Jean TANGUY   09 juillet 2004