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Mis à jour le 09 mai 2012

Junk  

La Déroute 

Le cri du loup
Le fantôme de l'immeuble
Rouge Sang
De feu et de sang

 Junk

Un roman de Melvin Burgess, chez Gallimard, 1998. Traduit de l'anglais.

Nico a fugué. Il ne supportait plus de vivre entre un père violent et une mère alcoolique. Gemma, son amie le rejoint par amour, mais aussi par désir de vivre autre chose, de s'affranchir d'une tutelle familiale jugée trop sage, trop conformiste. A Bristol, que peuvent faire deux adolescents de quatorze ans sans ressources ? Ils rejoignent un squat où ils vivent quelques temps avec un libertaire, inconscient et peu concerné par leurs choix de jeunes, et avec une femme, plus soucieuse de leur éducation, dont les conseils deviennent vite pesants. Ils découvrent la drogue. Ils y trouvent du plaisir, de l'énergie. C'est une expérience positive. Petit à petit, ils se décalent, vivent en marge. Mais ce n'est encore rien. Un jour, ils prennent de l'héroïne et c'est le début de la descente aux enfers. Ils ont cru pouvoir arrêter quand ils le décideraient. Ils ne peuvent plus. Ils sont devenus des junkies, sans en avoir conscience.
Pour combler le manque, éviter les atroces et douloureuses descentes, ils sont prêts à tout. A se prostituer, à se voler les uns les autres. 
Jusqu'au jour où, dans un sursaut de conscience, Gemma décide de remonter la pente... Mais tous sont des junkies et ils le resteront, pour toujours.


Le livre est écrit à plusieurs voix, celles des jeunes héros qui sont tous des junkies, des drogués à l'héroïne. Leur vie est pitoyable, sous la complète dépendance de la drogue. Leur déchéance est complète. Au début, la drogue les rendait forts, insolents, les exaltait. Mais dès qu'ils ont   touché à l'héroïne, ils lui sont devenus soumis, prisonniers. A cause d'elle, ils côtoient la mort, sans cesse. C'est un roman dur, sans concession, saisissant et tragique. Un peu pédago, sans doute.
L'auteur, né en 1954, a connu le chômage à Bristol. Il vit dans la Lancashire et se consacre entièrement à l'écriture. Son roman a un grand succès et a reçu plusieurs prix littéraires en Grande-Bretagne. 
Je crois qu'il faut le faire lire. Il plaira aux ados qui aiment ce genre de récit-témoignage, calqué sur la réalité et assez violent. Il ne donnera pas envie de se droguer. Les lecteurs sauront ce qui peut leur arriver s'ils y touchent. Et pour cela, ce livre est nécessaire.
Pour des 14-15 ans et plus.

 © Jean TANGUY  29 juillet 2000  


La déroute

Un roman de Melvin Burgess, chez Gallimard, 1998, dans la collection Page blanche.
 Traduit de l'anglais.

La Déroute, de Melvin Burgess Londres, fin du millénaire. Des enfants vivent dans une Décharge, une sorte de ville pour les rats, les chats, les mouettes et les gosses. Gâteau-Mouche et sa sœur Jane sont les gosses des ordures, les filles et garçons de la Mère. Ils montent chaque jour sur La Décharges trier les déchets pour Mère Shelly.   La Mère les protège contre une adversité féroce, et en profite pour les exploiter. Un jour où, généreusement, elle leur octroie un congé, Gâteau-Mouche et un "ami", Sham, vont jouer dans les cartons d'un ancien entrepôt. Ils y rencontrent un gangster mourant, avec un bébé. Contre une assez grosse poignée de billets, il s'assure leur aide. Gâteau-Mouche part aux courses, avec cet argent qui le tente, et apprend qu'une rançon est demandée pour le bébé kidnappé : 17 millions de livres sterling... Il va peut-être pouvoir réaliser son rêve : acheter une petite boulangerie. Mais il faut soigner l'homme, s'occuper du bébé et ils ne savent pas s'y prendre. Contre la promesse d'une forte somme d'argent, Gâteau-Mouche part à la recherche de sa soeur. Quand ils reviennent, le gangster est mort. Ils restent tous les trois, avec le bébé, discutent,  décident de le rendre, quand ils auront de l'argent. De toutes façons, ils n'ont guère le choix, ils appartiennent tous à quelqu'un : Gâteau-Mouche sont à Mère Shelly, Jane a été achetée par un homme. Ils savent qu'ils sont recherchés...
 Commence alors une folle cavalcade, une course contre la mort, une tentative désespérée d'échapper à leur destin, avec les forces de l'ordre de l'ordre du pays à leurs trousses. Il leur faut ruser pour échapper aux pièges qui leur sont tendus, pour déjouer la rouerie de leurs alliés d'un moment. Ils veulent juste ne plus être des gosses de la rue, ni même des gosses de la Décharge, qui sont des gosses plus utiles que les gosses de la rue. Ils veulent "agir bien". Jane est certaine, quand elle rendra le bébé et qu'elle expliquera les raisons de leur geste, on les croira...
Elle a tort. Leur lutte est vaine. Leurs espoirs sont insensé. Ils n'ont pas su, pas pu apprendre qu'ils leur fallait devenir hors-la-loi pour survivre. Ils ne savent pas que le piège qu'on leur tend est imparable, que leur fin sera tragique...
 


On passe près de 300 pages avec des gens d'une normalité totale, des jeunes qui ont des rêves effrayants, car peut-on se sortir des bas-fonds de la société sans commettre quelqu'acte de violence ou de folie, et sans devoir payer cette sortie ? Melvin Burgess explore le monde des exclus de l'Angleterre de cette fin de siècle, le monde des pauvres (le livre est dédié "A ceux qui n'ont pas de maison") et décrit une réalité très noire, cynique. On pense à Dickens, et plus encore au "Peuple d'en bas" de Jack London (chez Phébus, collection Libretto). Les trois jeunes héros - des gens très ordinaires - portent un regard très juste sur leur condition et sur ceux qu'ils côtoient. Leur comportement est juste, tant qu'on le considère de leur point de vue de paumés, de laissés-pour-compte. Du point de vue des gens normaux, des bien-pensants, ils se trompent, ils commettent une erreur que leur sera fatale. De leur point de vue, leur choix de garder le bébé est un choix honnête, alors qu'ils commettent un crime, du point de vue des gens "normaux". ils vivent dans un monde qui les a rejetés, exclus, ils n'ont aucune chance de le réintégrer. Leur erreur est de ne pas avoir la lucidité de le comprendre et de choisir de rester des exclus, de devenir des hors-le-loi.
C'est un livre où l'on ne s'ennuie pas un seul instant. Il est noir, très noir. Il se termine tragiquement. Melvin Burgess ne cache rien à son lecteur, de la dureté et de la noirceur de l'Angleterre de l'après-Thatcher. C'est un roman réaliste, un grand roman engagé.
Melvin Burgess est né à Londres en 1954. Dès l'âge de dix-huit ans, il a exercé divers métiers dans le secteur des travaux publics, dans le journalisme. Il habite Manchester, vit de sa plume. Junk est son grand succès.
Pour des lecteurs de 13-14 ans. 

 © Jean TANGUY  5 octobre 2000  


   Le cri du loup

Un roman de Melvin Burgess, chez Pocket, 1996, dans la collection Pocket junior.
 Traduit de l'anglais.

Le cri du loup, de Melvin Burgess Dans le sud de l'Angleterre vivent encore des loups.  Ben Tilley, dix ans, est au bord de la rivière, il attend, il chasse les rats d'eau. Passe un homme, le Chasseur, à qui, imprudemment, il révèle qu'il y a des loups dans la région. 
L'extermination des loups va commencer. Comme Gueule d'Or, Tavelé et  Cacoo, Silver, Conna et les autres loups vont être tués par le Chasseur. Mais il y a Gris-Loup. Sa mère avait fui le Chasseur. Avec Gris-Loup qui était un louveteau, elle s'était réfugiée dans une ferme, la ferme des Tilley. L'Eleveur n'aimait pas le Chasseur. Il avait du respect pour les loups qu'il connaissait mieux que le Chasseur. Les Tilley ont donc protégé la louve et son petit. Et quand, plus tard,  Silver est morte, Gris-Loup s'est réfugié à nouveau chez les Tilley où il a vécu une vie de chien de ferme tout en restant un loup, fier et fidèle à ses origines. Devenu adulte, il est parti. Il est allé jusqu'en Écosse, cherchant d'autres loups. Sa chasse à lui a duré deux années jusqu'à son retour dans le Sussex.  Il a fallu qu'il se rende à l'évidence : il était le dernier loup. 
Mais un jour d'octobre, il croisa une odeur qu'il connaissait bien. C'était l'odeur du Chasseur.  Et à partir de jour, la chasse s'inversa...   


Dans ce roman paru en France en 1996, Melvin Burgess trace le portrait d'un loup normal. Je veux dire d'un loup qui n'est pas sauvage au sens habituel du mot, asservi par ses instincts, sanguinaire, ennemi de l'homme. Le loup de Burgess est un animal social, affectueux avec les siens, intelligent, respectueux des hommes. Gris-Loup sait distinguer entre les fermiers qui l'élèvent et le chasseur qui veut le tuer. Mais sa  reconnaissance pour les Tilley ne l'empêche pas de garder sa fierté, de rester un loup.
Le sauvage, c'est le chasseur, celui qui s'est juré de détruire jusqu'au dernier des loups. Ce chasseur dont on ne connaît pas le nom, à la différence des loups. Ce chasseur qui chasseur vit seul, se déplaçant dans le vaste monde là où il y a des animaux à chasser. C'est le goût du sang, le goût de la mort qui le meut. 
Excellent roman, parfois brutal et violent, qui témoigne d'une grande dignité.
Pour des lecteurs dès 9-10 ans. 

  ©Jean TANGUY  4 avril 2001  

 



   Le Fantôme de l'immeuble

Un roman de Melvin Burgess, chez Gallimard, 2001, dans la collection Folio junior.
 Traduit de l'anglais.

 David, douze ans, vit seul avec son père dans un immeuble plus très neuf du nom de Mahogany Villas. C'est un garçon de petite taille, solitaire, que les autres surnomment Bas-du-cul, Demi-portion ou Nabot. Son père et lui s'entendent correctement, même s'ils n'ont jamais de discussion sérieuse.
Un jour d'ennui, ce garçon s'introduit dans le système d'aération de l'immeuble. Une première indiscrétion concerne une de ses professeurs, Mary Turner, une personne, très propre sur elle et ordonnée, dont -surprise- l'appartement est une porcherie.
Mais c'est au cinquième étage que se passe l'événement étrange qui va bouleverser sa vie. Un très vieil homme y habite, Mr Robert Alveston. Un homme qui a une mémoire très précise, qui se rappelle d'infimes détails de sa vie passée : les souvenirs de Robert étaient si vivants qu'ils finissaient par se substituer à la réalité. Pourtant, depuis quelques temps, il oublie, n'arrive plus à se rappeler des choses. Ce sont ses moments de vieillesse.
Lorsque David parvient au bord du tuyau d'aération du vieil homme, celui-ci l'aperçoit et l'appelle "Jonathon". Mais quand David veut s'enfuir, il découvre qu'in fantôme habite l'immeuble, un fantôme qui a l'apparence d'un jeune garçon. Un fantôme qui le harcèle, qui l'entraîne à pénétrer dans l'appartement de Mr Alveston et à y commettre des dégâts. Repéré par la travailleuse familiale, David est accusé. Mais la police trouve la preuve qu'il n'est pas coupable de ces méfaits. De son côté, Mr Alveston s'inquiète, se voyant devenir fou.
Puis David se lie d'amitié avec le vieil homme. Et peu à peu, il comprend ce qui se passe, il découvre pourquoi le vieil homme ne peut pas mourir...


Melvin Burgess entraîne son lecteur dans une vraie histoire fantastique, où il est question du mal de vivre et des difficultés de relations entre les enfants et les adultes. Si le garçon se met à explorer les conduits d'aération de son immeuble, c'est parce qu'il n'est pas occupé aux jeux des garçons de son âge, qui se sont moqués de sa petite taille et l'ont exclu de ce fait. Il pourrait parler avec son père de cette rencontre du fantôme qui l'épouvante, mais depuis que sa femme est partie, c'est comme si sa vie sétait arrêtée, il ne discute plus avec son fils, ni avec personne, d'ailleurs. Et il y a ce vieux monsieur, qui vit dans son monde, qui voudrait bien partir -il a assez vécu, il a eu tout ce qu'il voulait- mais à qui personne ne dit comment on peut mourir. Qui peut comprendre qu'il ne souhaite pas devenir centenaire ? Surtout pas Sis, la travailleuse familiale qui n'a rien compris des relations qui unissent David et Mr Alveston...
Au fur et à mesure que les liens unissant ces deux personnes s'intensifient, David pénètre plus avant dans la compréhension du problème de Mr Alveston : il ne peut pas mourir parce qu'il a perdu des souvenirs, il ne peut pas partir sans les retrouver et les emporter avec lui. Et revoir un souvenir, c'est revoir un fantôme, dit-il. David va l'aider à renouer avec ce fantôme qui hante les conduits d'aération de l'immeuble, à retrouver ses souvenirs d'enfance, à se rappeler le jeune garçon qu'il a été, puis, apaisé, à trouver le chemin de la mort.

Un très beau et fort roman, bien plus étrange et obsédant que Géante. Car le fantastique de ce roman est plus fort, plus présent, dans la mesure où le lecteur peut se représenter le fantôme avec lequel David se bat. Il peut imaginer quelle complication cette rencontre provoque dans sa vie. Ce garçon insouciant est soudainement confronté au choix entre le mal impuni et le bien inconnu. Il est confronté à la fin de la vie du vieil homme et à la mort, à la délicate rencontre humaine d'autres que ses compagnons d'école ou de jeux.
C'est un roman plein de tendresse : celle du père maladroit pour son fils, celle attentive et préoccupée de David pour le vieil homme, celle de Mr Alveston pour ce qui a été sa vie. Beaucoup de dialogues font appel à la sensibilité et à la profondeur des personnages. Le problème de la mort est posé avec délicatesse, non pas à la manière d'une leçon, mais tel qu'on parle d'un moment ordinaire de l'expérience humaine.

Pour des lecteurs dès 10 ans, indique la 4ème de couverture. On fera bien de ne pas priver les plus âgés de cette lecture consistante (jusqu'en 4e-3e). 

 © Jean TANGUY  29 décembre 2001  



   Rouge Sang

Un roman de Melvin Burgess, chez Gallimard, 2002.
 Traduit de l'anglais.

Rouge Sang, de Melvin Burgess L'histoire se passe à Londres, dans un futur lointain. La ville est entièrement sous le contrôle de deux familles, qui se livrent une guerre sanglante et sans merci et exercent une impitoyable dictature. La ville a été abandonnée par le gouvernement. Elle est coupée de l'extérieur du monde. Un mur a été édifié tout autour, pour garder les gangs familiaux à l'intérieur. Ces deux familles, les Volson et les Conor, se sont partagées la ville. Chacun vit sur ses quartiers à sa façon : les Volson ont le souci des gens du peuple, les Conor règnent par la terreur.
Le mur qui entoure Londres a aussi pour fonction de maintenir les terrifiants Mi-Hommes à l'extérieur de la ville. Ces Mi-Hommes sont le produit d'expérimentations génétiques : on crache dans un incubateur, on ajoute quelques plumes d'oiseau, ou des soies de porc, ou quelque chose d'un loup, d'un serpent, d'un vautour, attendre un an. Assaisonner de boyaux d'acier et de tendons fibreux. Et on obtient cette sorte de machine qui peut vivre dans un environnement toxique, des bêtes sanguinaires capables de courir très vite, de mordre, de tuer. Ces Mi-Hommes séparent Londres du monde de l'extérieur.
Pour vaincre, à terme, ses ennemis, Val Volson veut conclure un traité en donnant sa fille Signy en mariage à Conor. Mais ce qui n'était pas prévu arrive, Signy et Conor deviennent amoureux. Plus tard, quand Conor aura trahi l'amour de Signy en décimant sa famille et en amputant sa femme, celle-ci continuera de l'aimer d'un amour corrompu ; qui subsiste même lorsque c'est un monstre qu'on aime, même lorsqu'on nourrit en son coeur à l'égard de cette personne la plus violente des haines.
Lors de la conclusion du traité entre les deux familles, apparaît Odin, sous la forme d'un très grand homme borgne. On s'interroge : est-ce un homme fait de chair et de sang ? Ou un robot ? Plus tard, lorsque les Volson rendent visite aux Conor, ceux-ci les attaquent. L'un après l'autre, les membres de la famille vont mourir, certains mangés par le Pourceau, un Mi-Homme. Seul Siggy, le jumeau de Signy, va survivre, graâce aux soins attentifs d'une autre Mi-Homme, le femelle du Pourceau.
Odin fait cadeau à Signy d'une petite chatte qui a reçu trois formes. Elle peut être oiseau, fille ou noix. En se servant de ce don du dieu, elle pourra s'échapper d'un château d'eau désaffecté où est enfermée Signy, rejoindre Siggy et des résistants, et préparer la terrible vengeance des Volson contre Conor.
Mais rien ne sera épargné à Signy, car les dieux arrivent à leurs fins...


C'est un roman complexe où l'action progresse de différentes façons : la guerre des familles, leur entente, la trahison de l'une, l'amour de Conor et de Sigly, l'enfant, la chasse des Mi-Humains, la haine, le destin des personnages, les massacres, les résistants, les changements de forme de Cherry...
Burgess construit tout un monde complexe, avec des personnages bien campés, qui éprouvent des sentiments, qui s'aiment ou se haïssent, qui sont rarement doux et souvent violents, qui vivent leur sexualité.
C'est à la fois un roman fantastique et un drame humain, une réflexion philosophique sur les technologies et sur le progrès, une interrogation sur la capacité de l'humanité à éviter un drame ultime. Un drame ultime qui ne serait pas l'explosion des bombes atomiques et la destruction de la planète, mais une irréflexion, une longue inconscience qui provoquerait la perte de contrôle des technologies inventées par les hommes. L'humanité deviendrait aveugle, soumise au bon vouloir des dieux ou à leur folie, livrée à sa propre violence meurtrière, dépourvue de toute morale. Peut-être régresserait-elle même vers une sauvagerie toute primitive, quasi animale.
C'est un roman - mais quel roman ! - violent, terrible, avec beaucoup de morts, de sang, de destructions. Des situations dramatiques. Ames sensibles, s'abstenir !

Pour grands adolescents et adultes.

  © Jean TANGUY  24 juin 2002  





   De feu et de sang

Un roman de Melvin Burgess, chez Gallimard, 2007.
 Traduit de l'anglais.

De feu et de sangContrairement à qui se dit, le dernier des Volson, Sigurd, 15 ans, n'est pas mort. Lui seul peut ramener la paix dans un royaume qui peut en instant sombrer dans la peur et l'esclavage  sous la violence d'un petit tyran. Regin, un Mi-Homme tout dévoué a Sigurd, est allé mener sa petite enquête du côté de Fafnir, un homme qui est devenu mauvais. Il s'est doté de multiples perfectionnements, est devenu énorme et surtout, s'est habillé d'une carapace que les plus puissantes balles ne traversent pas, mais qui est aussi souple que la peau. Regin a forgé une épée très coupante avec la poudre de métal d'un poignard ayant appartenu à Odin.  Sigurd va passer trois jours enterré dans la boue du chemin qu'emprunte Fafnir pour aller prendre son bain. Il connaît ainsi une première mort. Quand Fafnir passe, il l'éventre et manque de se noyer dans son sang. Mais Odin l'a prévenu, aucune arme ne le blessera plus jamais là où le sang du dragon l'aura touché. Une feuille d'arbre est restée coincée sous sa chemise, Sigurd peut donc être blessé à cet endroit de son crops, à cet endroit seulement...
Peu après apparaît un premier grave désaccord entre Sigurd et Regin à propos des machines. Fafnir possédait des machines permettant de contrôler l'humeur du peuple, d'agir sur ses idées. Regin veut les emporter pour en faire une arme de dissuasion. Sigurd s'y refuse par crainte qu'un ennemi ne s'en empare et les utilise. Il décide de les détruire. Regin mourra pour avoir voulu s'y opposer. 
L'explosion qui détruit ces machines provoque un immense cataclysme qui propulse Sigrud au centre de la terre, dans Crayley, une ville enterrée et abandonnée. C'est une deuxième mort. Là, il rencontre Bryony et arrive ce qui arrive aux amoureux, Bryony devient enceinte. Sigurd remonte à la surface, à travers le feu de la terre, chercher la peau du dragon afin de pouvoir ramener le bébé et Bryony à la surface. Mais une intrigante va le cloner en effaçant une part de ses souvenirs, puis détruire l'original. C'est ainsi que le clone, ignorant son état de clone, devient amoureux de Gudrun. Quand il revient vers Bryony, des mois plus tard, elle a accouché et le bébé est asservi par la ville. Sigurd qui a pris l'apparence d'un de ses alliés, Gunar, devra le tuer. Sur terre, il retrouve sa mémoire et est déchiré entre ses deux amours.
Bryony se se résoudra pas à cette situation, et quand Gunar aura tué Sigurd, elle prendra ses dispositions pour rejoindre son amoureux...


Cette suite de Rouge sangse déroule dans une atmosphère sombre et sanglante.  A la bonté, le générosité , la fidélité de Sigurd, s'opposent la noirceur de personnes de son entourage, leur duplicité, les trahisons. Les combats sont terrifiants et violents. Parfois le sang coule à flot et le feu ne laisse survivre que ceux qui ont des capacités surhumaines.  La société dans laquelle se déroule les événements est post-moderne et technologiquement très avancées, avec , par exemple, un cheval au squelette de titane capable de survivre au feu le plus puissant.
Les rebondissements sont multiples et sont narrés par les différents personnages, ce qui permet au lecteur de multiplier les points de vue. Souvent, avec Sigrud, on réfléchit au sens de la vie, au pouvoir, à l'amour et à la passion, au respect des gens pour qui on exerce le pouvoir, au devoir.  Il y a aussi une constante réflexion sur le sens du progrès : les personnages ont tous des pouvoirs qui dépendent des technologies. Pour quel usage ? 

Et il  y a la constance de la passion et de l'amour qui sauvent le monde, pour lequel on peut sacrifier sa vie...

C'est violent, très agité, mais c'est un roman prenant et beau.

Pour grands adolescents et adultes.

  © Jean TANGUY  11 juin 2007