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Junk
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La
Déroute
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Le
cri du loup
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Le
fantôme de l'immeuble
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Rouge
Sang
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De feu et de
sang |
Junk
Un
roman de Melvin Burgess, chez Gallimard,
1998. Traduit de l'anglais.
Nico a
fugué. Il ne supportait plus de vivre entre un
père violent et une mère alcoolique. Gemma, son
amie le rejoint par amour, mais aussi par désir de vivre
autre chose, de s'affranchir d'une tutelle familiale jugée
trop sage, trop conformiste. A Bristol, que peuvent faire deux
adolescents de quatorze ans sans ressources ? Ils rejoignent un squat
où ils vivent quelques temps avec un libertaire, inconscient
et peu concerné par leurs choix de jeunes, et avec une
femme, plus soucieuse de leur éducation, dont les conseils
deviennent vite pesants. Ils découvrent la drogue. Ils y
trouvent du plaisir, de l'énergie. C'est une
expérience positive. Petit à petit, ils se
décalent, vivent en marge. Mais ce n'est encore rien. Un
jour, ils prennent de l'héroïne et c'est le
début de la descente aux enfers. Ils ont cru pouvoir
arrêter quand ils le décideraient. Ils ne peuvent
plus. Ils sont devenus des junkies, sans en avoir conscience.
Pour combler le manque, éviter les atroces et douloureuses
descentes, ils sont prêts à tout. A se prostituer,
à se voler les uns les autres.
Jusqu'au jour où, dans un sursaut de conscience, Gemma
décide de remonter la pente... Mais tous sont des junkies et
ils le resteront, pour toujours.
Le livre est
écrit à plusieurs voix, celles des jeunes
héros qui sont tous des junkies, des drogués
à l'héroïne. Leur vie est pitoyable,
sous la complète dépendance de la drogue. Leur
déchéance est complète. Au
début, la drogue les rendait forts, insolents, les exaltait.
Mais dès qu'ils ont touché
à l'héroïne, ils lui sont devenus
soumis, prisonniers. A cause d'elle, ils côtoient la mort,
sans cesse. C'est un roman dur, sans concession, saisissant et
tragique. Un peu pédago, sans doute.
L'auteur, né en 1954, a connu le chômage
à Bristol. Il vit dans la Lancashire et se consacre
entièrement à l'écriture. Son roman a
un grand succès et a reçu plusieurs prix
littéraires en Grande-Bretagne.
Je crois qu'il faut le faire lire. Il plaira aux ados qui aiment ce
genre de récit-témoignage, calqué sur
la réalité et assez violent. Il ne donnera pas
envie de se droguer. Les lecteurs sauront ce qui peut leur arriver
s'ils y touchent. Et pour cela, ce livre est nécessaire.
Pour des 14-15 ans et plus.
©
Jean TANGUY 29 juillet 2000
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Un
roman de Melvin Burgess, chez Gallimard,
1998, dans la collection Page blanche.
Traduit de l'anglais.
Londres, fin du millénaire.
Des enfants vivent dans une Décharge, une sorte de ville pour
les rats, les chats, les mouettes et les gosses.
Gâteau-Mouche et sa sœur Jane sont les
gosses des ordures, les filles et garçons de la
Mère. Ils montent chaque jour sur La Décharges
trier les déchets pour Mère Shelly.
La Mère les protège contre une
adversité féroce, et en profite pour les
exploiter. Un jour où, généreusement,
elle leur octroie un congé, Gâteau-Mouche et un
"ami", Sham, vont jouer dans les cartons d'un ancien
entrepôt. Ils y rencontrent un gangster mourant, avec un
bébé. Contre une assez grosse poignée
de billets, il s'assure leur aide. Gâteau-Mouche part aux
courses, avec cet argent qui le tente, et apprend qu'une
rançon est demandée pour le
bébé kidnappé : 17 millions de livres
sterling... Il va peut-être pouvoir réaliser son
rêve : acheter une petite boulangerie. Mais il faut soigner
l'homme, s'occuper du bébé et ils ne savent pas
s'y prendre. Contre la promesse d'une forte somme d'argent,
Gâteau-Mouche part à la recherche de sa soeur.
Quand ils reviennent, le gangster est mort. Ils restent tous les trois,
avec le bébé, discutent,
décident de le rendre, quand ils auront de l'argent. De
toutes façons, ils n'ont guère le choix, ils
appartiennent tous à quelqu'un : Gâteau-Mouche
sont à Mère Shelly, Jane a
été achetée par un homme. Ils savent
qu'ils sont recherchés...
Commence alors une folle cavalcade, une course contre la
mort, une tentative désespérée
d'échapper à leur destin, avec les forces de
l'ordre de l'ordre du pays à leurs trousses. Il leur faut
ruser pour échapper aux pièges qui leur sont
tendus, pour déjouer la rouerie de leurs alliés
d'un moment. Ils veulent juste ne plus être des
gosses de la rue, ni même des gosses de
la Décharge, qui sont des gosses plus utiles que
les gosses de la rue. Ils veulent "agir bien". Jane est certaine, quand
elle rendra le bébé et qu'elle expliquera les
raisons de leur geste, on les croira...
Elle a tort. Leur lutte est vaine. Leurs espoirs sont
insensé. Ils n'ont pas su, pas pu apprendre qu'ils leur
fallait devenir hors-la-loi pour survivre. Ils ne savent pas que le
piège qu'on leur tend est imparable, que leur fin sera
tragique...
On passe près
de 300 pages avec des gens d'une normalité totale, des
jeunes qui ont des rêves effrayants, car peut-on se sortir
des bas-fonds de la société sans commettre
quelqu'acte de violence ou de folie, et sans devoir payer cette sortie
? Melvin Burgess explore le monde des exclus de l'Angleterre de cette
fin de siècle, le monde des pauvres (le livre est
dédié "A ceux qui n'ont pas de maison") et
décrit une réalité très
noire, cynique. On pense à Dickens, et plus encore au
"Peuple d'en bas" de Jack London (chez Phébus, collection
Libretto). Les trois jeunes héros - des gens très
ordinaires - portent un regard très juste sur leur condition
et sur ceux qu'ils côtoient. Leur comportement est juste,
tant qu'on le considère de leur point de vue de
paumés, de laissés-pour-compte. Du point de vue
des gens normaux, des bien-pensants, ils se trompent, ils commettent
une erreur que leur sera fatale. De leur point de vue, leur choix de
garder le bébé est un choix honnête,
alors qu'ils commettent un crime, du point de vue des gens "normaux".
ils vivent dans un monde qui les a rejetés, exclus, ils
n'ont aucune chance de le réintégrer. Leur erreur
est de ne pas avoir la lucidité de le comprendre et de
choisir de rester des exclus, de devenir des hors-le-loi.
C'est un livre où l'on ne s'ennuie pas un seul instant. Il
est noir, très noir. Il se termine tragiquement. Melvin
Burgess ne cache rien à son lecteur, de la dureté
et de la noirceur de l'Angleterre de l'après-Thatcher. C'est
un roman réaliste, un grand roman engagé.
Melvin Burgess est né à Londres en 1954.
Dès l'âge de dix-huit ans, il a exercé
divers métiers dans le secteur des travaux publics, dans le
journalisme. Il habite Manchester, vit de sa plume. Junk est son grand
succès.
Pour des lecteurs de 13-14 ans.
©
Jean TANGUY 5 octobre 2000
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Le cri du loup
Un
roman de Melvin Burgess, chez Pocket,
1996, dans la collection Pocket junior.
Traduit de l'anglais.
Dans le sud de l'Angleterre vivent
encore des loups. Ben Tilley, dix ans, est au bord de la
rivière, il attend, il chasse les rats d'eau. Passe un
homme, le Chasseur, à qui, imprudemment, il
révèle qu'il y a des loups dans la
région.
L'extermination des loups va commencer. Comme Gueule d'Or,
Tavelé et Cacoo, Silver, Conna et les autres loups
vont être tués par le Chasseur. Mais il y a
Gris-Loup. Sa mère avait fui le Chasseur. Avec Gris-Loup qui
était un louveteau, elle s'était
réfugiée dans une ferme, la ferme des Tilley. L'Eleveur
n'aimait pas le Chasseur. Il avait du respect pour les loups
qu'il connaissait mieux que le Chasseur. Les Tilley ont donc
protégé la louve et son petit. Et quand, plus
tard, Silver est morte, Gris-Loup s'est
réfugié à nouveau chez les Tilley
où il a vécu une vie de chien de ferme tout en
restant un loup, fier et fidèle à ses origines.
Devenu adulte, il est parti. Il est allé jusqu'en
Écosse, cherchant d'autres loups. Sa chasse à lui
a duré deux années jusqu'à son retour
dans le Sussex. Il a fallu qu'il se rende à
l'évidence : il était le dernier loup.
Mais un jour d'octobre, il croisa une odeur qu'il connaissait
bien. C'était l'odeur du Chasseur. Et
à partir de jour, la chasse s'inversa...
Dans ce roman paru en
France en 1996, Melvin Burgess trace le portrait d'un loup normal. Je
veux dire d'un loup qui n'est pas sauvage au sens habituel du mot,
asservi par ses instincts, sanguinaire, ennemi de l'homme. Le loup de
Burgess est un animal social, affectueux avec les siens, intelligent,
respectueux des hommes. Gris-Loup sait distinguer entre les fermiers
qui l'élèvent et le chasseur qui veut le tuer.
Mais sa reconnaissance pour les Tilley ne l'empêche
pas de garder sa fierté, de rester un loup.
Le sauvage, c'est le chasseur, celui qui s'est juré de
détruire jusqu'au dernier des loups. Ce chasseur dont on ne
connaît pas le nom, à la différence des
loups. Ce chasseur qui chasseur vit seul, se
déplaçant dans le vaste monde là
où il y a des animaux à chasser. C'est le
goût du sang, le goût de la mort qui le
meut.
Excellent roman, parfois brutal et violent, qui témoigne
d'une grande dignité.
Pour des lecteurs dès 9-10 ans.
©Jean TANGUY 4 avril 2001
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Le Fantôme de
l'immeuble
Un
roman de Melvin Burgess, chez Gallimard,
2001, dans la collection Folio junior.
Traduit de l'anglais.
David,
douze ans, vit seul avec son père dans un immeuble plus
très neuf du nom de Mahogany Villas. C'est un
garçon de petite taille, solitaire, que les autres
surnomment Bas-du-cul, Demi-portion ou Nabot. Son
père et lui s'entendent correctement, même s'ils
n'ont jamais de discussion sérieuse.
Un jour d'ennui, ce garçon s'introduit dans le
système d'aération de l'immeuble. Une
première indiscrétion concerne une de ses
professeurs, Mary Turner, une personne, très
propre sur elle et ordonnée, dont -surprise-
l'appartement est une porcherie.
Mais c'est au cinquième étage que se passe
l'événement étrange qui va bouleverser
sa vie. Un très vieil homme y habite, Mr Robert Alveston. Un
homme qui a une mémoire très précise,
qui se rappelle d'infimes détails de sa vie
passée : les souvenirs de Robert
étaient si vivants qu'ils finissaient par se substituer
à la réalité. Pourtant,
depuis quelques temps, il oublie, n'arrive plus à se
rappeler des choses. Ce sont ses moments de vieillesse.
Lorsque David parvient au bord du tuyau
d'aération du vieil homme, celui-ci l'aperçoit et
l'appelle "Jonathon". Mais quand David veut
s'enfuir, il découvre qu'in fantôme habite
l'immeuble, un fantôme qui a l'apparence d'un jeune
garçon. Un fantôme qui le harcèle, qui
l'entraîne à pénétrer dans
l'appartement de Mr Alveston et à y commettre des
dégâts. Repéré par la
travailleuse familiale, David est accusé. Mais la police
trouve la preuve qu'il n'est pas coupable de ces méfaits. De
son côté, Mr Alveston s'inquiète, se
voyant devenir fou.
Puis David se lie d'amitié avec le vieil homme. Et peu
à peu, il comprend ce qui se passe, il découvre
pourquoi le vieil homme ne peut pas mourir...
Melvin Burgess
entraîne son lecteur dans une vraie histoire fantastique,
où il est question du mal de vivre et des
difficultés de relations entre les enfants et les adultes.
Si le garçon se met à explorer les conduits
d'aération de son immeuble, c'est parce qu'il n'est pas
occupé aux jeux des garçons de son âge,
qui se sont moqués de sa petite taille et l'ont exclu de ce
fait. Il pourrait parler avec son père de cette rencontre du
fantôme qui l'épouvante, mais depuis que sa femme
est partie, c'est comme si sa vie sétait
arrêtée, il ne discute plus avec son fils, ni avec
personne, d'ailleurs. Et il y a ce vieux monsieur, qui vit dans son
monde, qui voudrait bien partir -il a assez vécu, il a eu
tout ce qu'il voulait- mais à qui personne ne dit comment on
peut mourir. Qui peut comprendre qu'il ne souhaite pas devenir
centenaire ? Surtout pas Sis, la travailleuse familiale qui n'a rien
compris des relations qui unissent David et Mr Alveston...
Au fur et à mesure que les liens unissant ces deux personnes
s'intensifient, David pénètre plus avant dans la
compréhension du problème de Mr Alveston : il ne
peut pas mourir parce qu'il a perdu des souvenirs, il ne peut pas
partir sans les retrouver et les emporter avec lui. Et revoir
un souvenir, c'est revoir un fantôme, dit-il. David
va l'aider à renouer avec ce fantôme qui hante les
conduits d'aération de l'immeuble, à retrouver
ses souvenirs d'enfance, à se rappeler le jeune
garçon qu'il a été, puis,
apaisé, à trouver le chemin de la mort.
Un très beau et
fort roman, bien plus étrange et obsédant que Géante.
Car le fantastique de ce roman est plus fort, plus présent,
dans la mesure où le lecteur peut se représenter
le fantôme avec lequel David se bat. Il peut imaginer quelle
complication cette rencontre provoque dans sa vie. Ce garçon
insouciant est soudainement confronté au choix entre le mal
impuni et le bien inconnu. Il est confronté à la
fin de la vie du vieil homme et à la mort, à la
délicate rencontre humaine d'autres que ses compagnons
d'école ou de jeux.
C'est un roman plein de tendresse : celle du père maladroit
pour son fils, celle attentive et préoccupée de
David pour le vieil homme, celle de Mr Alveston pour ce qui a
été sa vie. Beaucoup de dialogues font appel
à la sensibilité et à la profondeur
des personnages. Le problème de la mort est posé
avec délicatesse, non pas à la manière
d'une leçon, mais tel qu'on parle d'un moment ordinaire de
l'expérience humaine.
Pour des lecteurs
dès 10 ans, indique la 4ème de couverture. On
fera bien de ne pas priver les plus âgés de cette
lecture consistante (jusqu'en 4e-3e).
©
Jean TANGUY 29 décembre 2001
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Rouge Sang
Un
roman de Melvin Burgess, chez Gallimard,
2002.
Traduit de l'anglais.
L'histoire se passe à
Londres, dans un futur lointain. La ville est entièrement
sous le contrôle de deux familles, qui se livrent une guerre
sanglante et sans merci et exercent une impitoyable dictature. La ville
a été abandonnée par le gouvernement.
Elle est coupée de l'extérieur du monde. Un mur a
été édifié tout autour,
pour garder les gangs familiaux à l'intérieur.
Ces deux familles, les Volson et les Conor, se sont
partagées la ville. Chacun vit sur ses quartiers
à sa façon : les Volson ont le souci des gens du
peuple, les Conor règnent par la terreur.
Le mur qui entoure Londres a aussi pour fonction de maintenir les
terrifiants Mi-Hommes à l'extérieur de la ville.
Ces Mi-Hommes sont le produit d'expérimentations
génétiques : on crache dans un incubateur, on
ajoute quelques plumes d'oiseau, ou des soies de porc, ou quelque chose
d'un loup, d'un serpent, d'un
vautour, attendre un
an. Assaisonner de boyaux d'acier et de tendons fibreux. Et
on obtient cette sorte de machine qui peut vivre dans un environnement
toxique, des bêtes sanguinaires capables de courir
très vite, de mordre, de tuer. Ces Mi-Hommes
séparent Londres du monde de l'extérieur.
Pour vaincre, à terme, ses ennemis, Val Volson veut conclure
un traité en donnant sa fille Signy en mariage à
Conor. Mais ce qui n'était pas prévu arrive,
Signy et Conor deviennent amoureux. Plus tard, quand Conor aura trahi
l'amour de Signy en décimant sa famille et en amputant sa
femme, celle-ci continuera de l'aimer d'un amour corrompu ;
qui subsiste même lorsque c'est un monstre qu'on aime,
même lorsqu'on nourrit en son coeur à
l'égard de cette personne la plus violente des haines.
Lors de la conclusion du traité entre les deux familles,
apparaît Odin, sous la forme d'un très grand homme
borgne. On s'interroge : est-ce un homme fait de chair et de sang ? Ou
un robot ? Plus tard, lorsque les Volson rendent visite aux Conor,
ceux-ci les attaquent. L'un après l'autre, les membres de la
famille vont mourir, certains mangés par le Pourceau, un
Mi-Homme. Seul Siggy, le jumeau de Signy, va survivre, graâce
aux soins attentifs d'une autre Mi-Homme, le femelle du Pourceau.
Odin fait cadeau à Signy d'une petite chatte qui a
reçu trois formes. Elle peut être oiseau, fille ou
noix. En se servant de ce don du dieu, elle pourra
s'échapper d'un château d'eau
désaffecté où est enfermée
Signy, rejoindre Siggy et des résistants, et
préparer la terrible vengeance des Volson contre Conor.
Mais rien ne sera épargné à Signy, car
les dieux arrivent à leurs fins...
C'est
un roman complexe où l'action progresse de
différentes façons : la guerre des familles, leur
entente, la trahison de l'une, l'amour de Conor et de Sigly, l'enfant,
la chasse des Mi-Humains, la haine, le destin des personnages, les
massacres, les résistants, les changements de forme de
Cherry...
Burgess
construit tout un monde complexe, avec des personnages bien
campés, qui éprouvent des sentiments, qui
s'aiment ou se haïssent, qui sont rarement doux et souvent
violents, qui vivent leur sexualité.
C'est
à la fois un roman fantastique et un drame humain, une
réflexion philosophique sur les technologies et sur le
progrès, une interrogation sur la capacité de
l'humanité à éviter un drame ultime.
Un drame ultime qui ne serait pas l'explosion des bombes atomiques et
la destruction de la planète, mais une
irréflexion, une longue inconscience qui provoquerait la
perte de contrôle des technologies inventées par
les hommes. L'humanité deviendrait aveugle, soumise au bon
vouloir des dieux ou à leur folie, livrée
à sa propre violence meurtrière,
dépourvue de toute morale. Peut-être
régresserait-elle même vers une sauvagerie toute
primitive, quasi animale.
C'est un roman - mais quel roman ! - violent, terrible, avec beaucoup
de morts, de sang, de destructions. Des situations dramatiques. Ames
sensibles, s'abstenir !
Pour grands adolescents et adultes.
©
Jean TANGUY 24 juin 2002
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De feu et de sang
Un
roman de Melvin Burgess, chez Gallimard,
2007.
Traduit de l'anglais.
Contrairement à qui
se dit, le dernier des Volson, Sigurd, 15 ans, n'est pas mort. Lui seul
peut ramener la paix dans un royaume qui peut en instant sombrer dans
la peur et l'esclavage sous la violence d'un petit
tyran. Regin, un Mi-Homme tout dévoué a
Sigurd, est
allé mener sa petite enquête du
côté de
Fafnir, un homme qui
est devenu mauvais.
Il s'est doté de multiples perfectionnements, est devenu
énorme et surtout, s'est habillé d'une carapace
que les
plus puissantes balles
ne traversent pas, mais qui est aussi souple que la peau.
Regin a forgé une épée très
coupante avec la
poudre de métal d'un poignard ayant appartenu à
Odin. Sigurd va passer trois jours enterré dans la boue du
chemin qu'emprunte Fafnir pour aller prendre son bain. Il connaît
ainsi une première mort. Quand Fafnir passe, il l'éventre
et manque de se noyer dans son sang. Mais Odin l'a prévenu, aucune arme ne le blessera plus jamais là où le sang du dragon l'aura touché.
Une feuille d'arbre est restée coincée sous sa chemise,
Sigurd peut donc être blessé à cet endroit de son
crops, à cet endroit seulement...
Peu après apparaît un premier grave désaccord entre
Sigurd et Regin à propos des machines. Fafnir possédait
des machines permettant de contrôler l'humeur du peuple, d'agir
sur ses idées. Regin veut les emporter pour en faire
une arme de dissuasion. Sigurd s'y refuse par crainte qu'un
ennemi ne s'en empare et les utilise. Il décide de les
détruire. Regin mourra pour avoir voulu s'y opposer.
L'explosion qui détruit ces machines provoque un immense
cataclysme qui propulse Sigrud au centre de la terre,
dans Crayley, une ville enterrée et abandonnée.
C'est une deuxième mort. Là, il rencontre Bryony et
arrive ce qui arrive aux
amoureux, Bryony devient enceinte. Sigurd remonte à la surface,
à travers le feu de la terre, chercher la peau du dragon
afin de pouvoir ramener le bébé et Bryony à la
surface. Mais une intrigante va le cloner en effaçant une part
de ses souvenirs, puis détruire l'original. C'est ainsi que le
clone, ignorant son état de clone, devient amoureux de
Gudrun. Quand
il revient vers Bryony, des mois plus tard, elle a accouché et
le bébé est asservi par la ville. Sigurd qui a pris
l'apparence d'un de ses alliés, Gunar, devra le tuer. Sur terre,
il retrouve sa mémoire et est déchiré entre ses
deux amours.
Bryony se se résoudra pas à cette situation, et quand
Gunar aura tué Sigurd, elle prendra ses dispositions pour
rejoindre son amoureux...
Cette
suite de Rouge sangse
déroule dans une
atmosphère sombre et sanglante. A la bonté, le
générosité , la
fidélité de Sigurd, s'opposent la noirceur de personnes
de
son entourage, leur duplicité, les trahisons. Les combats sont
terrifiants et violents. Parfois le sang coule à flot et le feu
ne laisse survivre que ceux qui ont des capacités surhumaines.
La société dans laquelle se déroule les
événements est post-moderne et technologiquement
très avancées, avec , par exemple, un cheval au squelette
de titane capable de survivre au feu le plus puissant.
Les rebondissements sont multiples et sont narrés par les
différents personnages, ce qui permet au lecteur de multiplier
les points de vue. Souvent, avec Sigrud, on réfléchit au
sens de la vie, au pouvoir, à l'amour et à la passion, au respect des gens
pour qui on exerce le pouvoir, au devoir. Il y a aussi une
constante réflexion sur le sens du progrès : les
personnages ont tous des pouvoirs qui dépendent des
technologies. Pour quel usage ?
Et il y a la constance de la passion et de l'amour qui sauvent le monde, pour lequel on peut sacrifier sa vie...
C'est violent, très agité, mais c'est un roman prenant et beau.
Pour grands adolescents et adultes.
©
Jean TANGUY 11 juin 2007
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