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Le jeu des sept familles
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Mauvais rêves
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La
tête à l'envers |
Le jeu des sept familles
Un
roman de Anne Fine, édité
à L'Ecole des loisirs en 1995,
dans la collection Maximax.
Parce qu'ils ont quelque
chose en commun - mais quoi ???- cinq collégiens ont
été choisi par Mlle O'Dell pour partir avant la
classe vers une maison qui leur apparaît, au milieu d'une
nuit d'orage, comme affreusement sinistre.
En fait, Old Harwick Hall est une maison très ancienne, que
l'on dit hantée par des fantômes. Elle n'est plus
habitée. A la faveur d'un éclair, Colin remarque
une porte dissimulée dans un mur. La franchissant, ils
pénètrent dans une chambre. Une chambre de
garçon qui n'a pas servi depuis bien longtemps. Il y
trouvent un cahier contenant l'histoire de Richard Clayton Harwick.
Lorsqu'il était enfant, le père de Richard C.
Harwick fut atteint d'une mauvaise fièvre. Avant de mourir,
il demanda au garçon de s'occuper au mieux de sa
mère. Il ne se demanda pas qui allait prendre soin de lui.
Plus tard, il surprit le révérend Pierrefroide
courtisant sa mère et lui demandant de mettre Richard en
pension, pour le mater. Autant sa petite sœur Charlotte
s'adapte à la situation, autant Richard n'y arrive pas,
estimant qu'il ferait mieux de quitter la maison pour laisser sa
mère, Charlotte et M. Pierrefroide vivre ensemble leur petit
conte de fées.
Richard Harwick a donc fui la maison familiale. Il est devenu marin.
Bien plus tard, il a lu dans un journal un petite annonce, que des
avocats le recherchaient. Toute sa famille étant morte, il
héritait. Dans sa chambre, il trouva une lettre
désespérée de Charlotte.
Après la lecture du cahier, tour à tour, les
enfants racontent leur histoire.
Claudia explique comment sa mère est partie avec elle pour
une autre maison, sans son père. Comment elle a
découvert Stella, l'amie de son père. Jamais
Claudia n'a admis que Stella intervienne dans sa vie, elle n'est pas ma
mère. Jusqu'au jour où, au cours d'un repas
auquel son père avait invité ses anciens amis,
elle a remarqué qu'ils faisaient comme si Claudia n'existait
pas. Elle décide alors de faire les choses changer...
Colin raconte ensuite la sienne. Il va souvent à la
patinoire alors qu'il ne chausse jamais les patins à glace.
Pourquoi ? Parce qu'il a eu un papa extraordinaire. Un peu trop
fantasque, cependant, au goût sa mère qui a fini
par le quitter. Colin n'a plus jamais revu son père. Il l'a
perdu, au sens propre. Mais chaque soir, il sortait la boîte
à tabac de son père, s'endormait avec en chantant
leur chanson préférée.
Jusqu'à ce que sa mère jette ses vieilles bottes
en caoutchouc où il cachait ce précieux et unique
souvenir. Un jour, Colin aura économisé assez
d'argent pour partir à la recherche de son père.
En attendant, il va à la patinoire, parce que toutes les
heures, il entend L'oiseau bleu du bonheur, la chanson
préférée de ses parents...
L'histoire de Ralph est tout à fait différente,
lui est plus heureux au milieu de sa famille "compliquée" :
outre son père et sa mère, dit-il, j'ai
deux frères, deux demi-frères, une
demi-sœur, trois frères par alliance et trois
belle-mères -c'est à dire deux ex et une
actuelle- un beau-père, et d'autres encore que je ne connais
pas. Et dans quelques jours quand Flora mettra au monde son
bébé, j'aurai une nouvelle demi-sœur.
Pixie vient le week-end loger chez son père qui vit avec
Lucy, une femme qui a deux filles. Elle se sent bien ni dans cette
maison, ni avec ces gens, d'autant que son père ne prend
guère son parti. Quand on impose la présence de
Hetty, une des deux filles dans sa chambre, les relations se
détériorent. Une franche discussion avec Lucy lui
donne la possibilité de vivre mieux cette situation, parce
que son point de vue est enfin pris en compte et qu'elle admet que
l'ambiance idéale n'existe pas dans la
réalité. Du coup, Hetty retourne dans la chambre
de sa sœur et peut devenir copine de Pixie...
Le problème de Robbo, c'est Dumpa, le trop charmant jeune
enfant que sa mère a eu avec un autre homme que son
père. L'affection que Robbo et sa sa sœur Callie
portent à Dumpa ne contrebalance pas
l'impossibilité de Callie de continuer à vivre
aux côtés du père de Dumpa. Il choisit
de retourner chez son père, malgré toutes les
difficultés qu'elle pressent...
Sur
le thème des familles recomposées, c'est un roman
tout à fait intéressant qui commence comme un
livre d'horreur ou d'épouvante pour accrocher son lecteur.
Les situations des cinq enfants sont suffisamment diverses pour
refléter les différentes recompositions
familiales possibles. Les enfants font des réflexions sur ce
qui leur arrive, encourageant l'un ou l'autre à voir les
choses sous une autre angle, cherchant un sens à ce qu'ils
vivent. Ce n'est pas moralisateur ni nunuche. C'est plutôt un
livre-miroir où l'on découvre que la famille
modèle n'existe pas, que les séparations des
parents sont rarement indolores, mais qu'au bout du compte, il s'agit
de vivre sa vie et de la réussir...
Garçons et filles de 12-13 ans jusqu'à 14-15 ans.
©
Jean TANGUY 24 juillet 2000
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Mauvais
rêves
Un
roman d'Anne Fine édité
à L'Ecole des loisirs, en 2002,
dans la collection Neuf.
Traduit de l'anglais
Mélanie
préfère la compagnie des livres à
celle des êtres humains, ce qui inquiéte parfois
son entourage. Pourtant, c'est elle que choisit M. Hooper, le
maître, pour s'occuper d'Imogène, la nouvelle
élève.
Dans un sens, ça tombe mal, parce qu'Imogène
n'aime pas les livres, mais alors pas du tout ! Dans un autre sens,
c'est bien, parce qu'autour d'Imogène, bizarrement, il n'y a
personne. A la piscine, par exemple, il lui a suffi de poser
le pied sur l'échelle d'entrée dans le bassin
pour qui tous les autres décident brusquement d'aller
à l'autre bout s'entraîner au départ de
course (...) Pour moi, c'était génial.
Là où elle se trouve, Imogène met les
gens si mal à l'aise qu'ils s'écartent d'elle.
Sans s'en rendre compte, car à part Mélanie, qui
remarque quoi que ce soit ?
Car Mélanie, habituée à
fréquenter les livres et leurs histoires bizarres, est
habituée à réfléchir,
à ne pas accepter les choses sans les examiner, les
questionner. Elle voit bien, Mélanie, que
lorsqu'Imogène range la bibliothèque, elle
réagit avec d'énormes émotions, que
lorsqu'elle touche certains livres, elle voit à
travers les livres. Pour elle , les livres ne sont pas seulement des
mondes imaginaires. Il sont réels. Des gens
réels, dans des endroits réels. Mélanie
teste ses réactions face à des livres qu'elle a
lu et vérifie son hypothèse. Ce
problème lui est insupportable, même si
Imogène et son extravagante de mère ont l'air de
trouver ce "don" normal.
Mélanie va donc chercher la cause de cette bizarrerie, se
documenter à la bibliothèque, accumuler des
éléments de connaissance, jusqu'à
décider d'appliquer une solution radicale pour
améliorer la vie de son amie.
Elle en décide en sachant qu'elle va détruire
leur amitié...
C'est vraiment un livre
intéressant, très fort, avec une intrigue
totalement fantastique et pourtant traitée commeun
événement bien réel.
La recherche de Mélanie est intelligente, elle est mise sur
l'éveil de l'esprit qu'entretient la
fréquantation des livres. Lire des romans, c'est s'habituer
à réfléchir, à ne pas
être naïf, à imaginer, à ne
pas se satisfaire de l'apparence des choses et des gens...
Il y a d'intéressantes notations sur l'atmosphère
et la vie de la classe.
Un point noir, cependant, que Mélanie soit à ce
point misanthrope, comme s'il fallait pour aimer lire, fuir la
compagnie des humains !
Dommage que les titres cités dans le roman ne soient pas des
ouvrages accessibles en France.
Mais, je le redis, c'est un texte fort, avec beaucoup de
générosité et d'humanité.
Pour garçons et filles dès 11-12 ans.
©
Jean TANGUY 22 février 2002
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La tête à l'envers
Un
roman d'Anne Fine édité
à L'Ecole des loisirs, en 2006,
dans la collection Médium
Traduit de l'anglais
Stuart Terence
Oliver –que l'on
appelle Stol ou Stolly- est allongé sur un lit
d'hôpital,
après une chute qui lui vaut des fractures à la
clavicule, des deux bras, de six côtes, d'une jambe et d'une
cheville. Précisément, il est dans une salle de
soins
intensifs, dans le coma. A son chevet se pressent Ian, son meilleur
ami, presque son frère, et les parents de Ian. Parce qu'il
faut savoir que les parents de Stolly s'en occupent peu. Son
père,
avocat, passe le plus clair de son temps au tribunal à
sauver
les autres. Sa mère est une artiste imprévisible
qui, à
ce moment-là, fait des photos de mode dans la jungle, au
Nicaragua. au Nicaragua. Ce sont donc les parents de Ian qui assurent
son éducation qui l'hébergent, qui lui donnent
à
manger. La mère de Ian le considère comme son
fils.
Il
faut reconnaître que Stolly n'est pas un garçon
banal.
S'il n'a jamais pu apprendre à faire un noeud à
ses
lacets, il est capable d'inventer des histoires terrifiantes, de
faire des blagues énormes, de converser avec Dieu, de
s'entretenir avec les adultes en leur disant la
vérité
sur ce qu'ils font et ce qu'ils sont. Il est le fondateur du club des
Enfants Uniques, un statisticien étonnant pour son jeune
âge,
un poète capable de disserter sur l'influence de l'art dans
sa
vie ou sur ses émotions. Il a un sens particulier de la
justice, surtout avant le tirage de la tombola de l'école,
et
il affirme ne jamais mentir. Il est persuadé d'avoir un
petit
diable sur son épaule droite qui l'accompagne où
qu'il
aille.
Les adultes ont des avis partagé
sur ce garçon. Ils le disent bavard, imaginatif,
différent.
Ils acceptent parfois qu'en classe, il fasse ce qu'il veut. Certains
le prennent pour un menteur, un affabulateur, un mythomane. Beaucoup
trouvent qu'il a la tête à l'envers...
Mais Ian, son
ami, son ange gardien, celui qui veille sur lui et qui est le seul
à
la connaître vraiment, est au pied de son lit et
décide
de penser très fort à la vie pour qu'il sorte du
coma.
Il se lance dans la rédaction de la biographie de Stolly. Il
lui parle, tranquillement, calmement, et se rappelle ce qui le
distingue des autres.
Et peu à peu, les mots de Stan
apaisent Stolly.
Un roman
excellent, avec une belle
écriture très vive, des trouvailles heureuses et
pittoresque, beaucoup de fraîcheur et de tendresse. Des
réflexions intéressantes, de la grandeur
d'âme.
Originalité garantie pour ce livre à l' humour
régulier
et au sérieux épisodique. Des surprises
à chaque
chapitre. Vraiment, c'est très bien...
Ce garçon qui a la tête à
l'envers vit dans un monde à l'envers : car c'est Ian qui a
été trouvé dans un poubelle, qui a
été
adopté et qui est le garçon
équilibré,
raisonnable et sans problème. Et Stolly, qui a des parents
riches et cultivés, mais trop souvent absents, est le
garçon
qui va mal.
On notera tout
de même que Stolly
n'est pas un exemple à suivre par le lecteur, quel que soit
son âge...
Pour garçons et filles dès 13 ans.
©
Jean TANGUY 26 avril 2006
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