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Mis à jour le 09 mai 2012

 Le jeu des sept familles

 Mauvais rêves

La tête à l'envers

 La tête à l'envers

Le jeu des sept familles

Un roman de Anne Fine, édité à L'Ecole des loisirs en 1995,
dans la collection Maximax.


Parce qu'ils ont quelque chose en commun - mais quoi ???- cinq collégiens ont été choisi par Mlle O'Dell pour partir avant la classe vers une maison qui leur apparaît, au milieu d'une nuit d'orage, comme affreusement sinistre.
En fait, Old Harwick Hall est une maison très ancienne, que l'on dit hantée par des fantômes. Elle n'est plus habitée. A la faveur d'un éclair, Colin remarque une porte dissimulée dans un mur. La franchissant, ils pénètrent dans une chambre. Une chambre de garçon qui n'a pas servi depuis bien longtemps. Il y trouvent un cahier contenant l'histoire de Richard Clayton Harwick. Lorsqu'il était enfant, le père de Richard C. Harwick fut atteint d'une mauvaise fièvre. Avant de mourir, il demanda au garçon de s'occuper au mieux de sa mère. Il ne se demanda pas qui allait prendre soin de lui. Plus tard, il surprit le révérend Pierrefroide courtisant sa mère et lui demandant de mettre Richard en pension, pour le mater. Autant sa petite sœur Charlotte s'adapte à la situation, autant Richard n'y arrive pas, estimant qu'il ferait mieux de quitter la maison pour laisser sa mère, Charlotte et M. Pierrefroide vivre ensemble leur petit conte de fées.
Richard Harwick a donc fui la maison familiale. Il est devenu marin. Bien plus tard, il a lu dans un journal un petite annonce, que des avocats le recherchaient. Toute sa famille étant morte, il héritait. Dans sa chambre, il trouva une lettre désespérée de Charlotte.
Après la lecture du cahier, tour à tour, les enfants racontent leur histoire.
Claudia explique comment sa mère est partie avec elle pour une autre maison, sans son père. Comment elle a découvert Stella, l'amie de son père. Jamais Claudia n'a admis que Stella intervienne dans sa vie, elle n'est pas ma mère. Jusqu'au jour où, au cours d'un repas auquel son père avait invité ses anciens amis, elle a remarqué qu'ils faisaient comme si Claudia n'existait pas. Elle décide alors de faire les choses changer...
Colin raconte ensuite la sienne. Il va souvent à la patinoire alors qu'il ne chausse jamais les patins à glace. Pourquoi ? Parce qu'il a eu un papa extraordinaire. Un peu trop fantasque, cependant, au goût sa mère qui a fini par le quitter. Colin n'a plus jamais revu son père. Il l'a perdu, au sens propre. Mais chaque soir, il sortait la boîte à tabac de son père, s'endormait avec en chantant leur chanson préférée. Jusqu'à ce que sa mère jette ses vieilles bottes en caoutchouc où il cachait ce précieux et unique souvenir. Un jour, Colin aura économisé assez d'argent pour partir à la recherche de son père. En attendant, il va à la patinoire, parce que toutes les heures, il entend L'oiseau bleu du bonheur, la chanson préférée de ses parents...
L'histoire de Ralph est tout à fait différente, lui est plus heureux au milieu de sa famille "compliquée" : outre son père et sa mère, dit-il, j'ai deux frères, deux demi-frères, une demi-sœur, trois frères par alliance et trois belle-mères -c'est à dire deux ex et une actuelle- un beau-père, et d'autres encore que je ne connais pas. Et dans quelques jours quand Flora mettra au monde son bébé, j'aurai une nouvelle demi-sœur.
Pixie vient le week-end loger chez son père qui vit avec Lucy, une femme qui a deux filles. Elle se sent bien ni dans cette maison, ni avec ces gens, d'autant que son père ne prend guère son parti. Quand on impose la présence de Hetty, une des deux filles dans sa chambre, les relations se détériorent. Une franche discussion avec Lucy lui donne la possibilité de vivre mieux cette situation, parce que son point de vue est enfin pris en compte et qu'elle admet que l'ambiance idéale n'existe pas dans la réalité. Du coup, Hetty retourne dans la chambre de sa sœur et peut devenir copine de Pixie...
Le problème de Robbo, c'est Dumpa, le trop charmant jeune enfant que sa mère a eu avec un autre homme que son père. L'affection que Robbo et sa sa sœur Callie portent à Dumpa ne contrebalance pas l'impossibilité de Callie de continuer à vivre aux côtés du père de Dumpa. Il choisit de retourner chez son père, malgré toutes les difficultés qu'elle pressent...


Sur le thème des familles recomposées, c'est un roman tout à fait intéressant qui commence comme un livre d'horreur ou d'épouvante pour accrocher son lecteur.
Les situations des cinq enfants sont suffisamment diverses pour refléter les différentes recompositions familiales possibles. Les enfants font des réflexions sur ce qui leur arrive, encourageant l'un ou l'autre à voir les choses sous une autre angle, cherchant un sens à ce qu'ils vivent. Ce n'est pas moralisateur ni nunuche. C'est plutôt un livre-miroir où l'on découvre que la famille modèle n'existe pas, que les séparations des parents sont rarement indolores, mais qu'au bout du compte, il s'agit de vivre sa vie et de la réussir...
Garçons et filles de 12-13 ans jusqu'à 14-15 ans.

© Jean TANGUY   24 juillet 2000 


Mauvais rêves

Un roman d'Anne Fine édité à L'Ecole des loisirs, en 2002,
dans la collection Neuf.
Traduit de l'anglais

Mauvais rêves Mélanie préfère la compagnie des livres à celle des êtres humains, ce qui inquiéte parfois son entourage. Pourtant, c'est elle que choisit M. Hooper, le maître, pour s'occuper d'Imogène, la nouvelle élève.
Dans un sens, ça tombe mal, parce qu'Imogène n'aime pas les livres, mais alors pas du tout ! Dans un autre sens, c'est bien, parce qu'autour d'Imogène, bizarrement, il n'y a personne. A la piscine, par exemple, il lui a suffi de poser le pied sur l'échelle d'entrée dans le bassin pour qui tous les autres décident brusquement d'aller à l'autre bout s'entraîner au départ de course (...) Pour moi, c'était génial. Là où elle se trouve, Imogène met les gens si mal à l'aise qu'ils s'écartent d'elle. Sans s'en rendre compte, car à part Mélanie, qui remarque quoi que ce soit ?
Car Mélanie, habituée à fréquenter les livres et leurs histoires bizarres, est habituée à réfléchir, à ne pas accepter les choses sans les examiner, les questionner. Elle voit bien, Mélanie, que lorsqu'Imogène range la bibliothèque, elle réagit avec d'énormes émotions, que lorsqu'elle touche certains livres, elle voit à travers les livres. Pour elle , les livres ne sont pas seulement des mondes imaginaires. Il sont réels. Des gens réels, dans des endroits réels. Mélanie teste ses réactions face à des livres qu'elle a lu et vérifie son hypothèse. Ce problème lui est insupportable, même si Imogène et son extravagante de mère ont l'air de trouver ce "don" normal.
Mélanie va donc chercher la cause de cette bizarrerie, se documenter à la bibliothèque, accumuler des éléments de connaissance, jusqu'à décider d'appliquer une solution radicale pour améliorer la vie de son amie.
Elle en décide en sachant qu'elle va détruire leur amitié...


C'est vraiment un livre intéressant, très fort, avec une intrigue totalement fantastique et pourtant traitée commeun événement bien réel.
La recherche de Mélanie est intelligente, elle est mise sur l'éveil de l'esprit qu'entretient la fréquantation des livres. Lire des romans, c'est s'habituer à réfléchir, à ne pas être naïf, à imaginer, à ne pas se satisfaire de l'apparence des choses et des gens...
Il y a d'intéressantes notations sur l'atmosphère et la vie de la classe.
Un point noir, cependant, que Mélanie soit à ce point misanthrope, comme s'il fallait pour aimer lire, fuir la compagnie des humains !
Dommage que les titres cités dans le roman ne soient pas des ouvrages accessibles en France.
Mais, je le redis, c'est un texte fort, avec beaucoup de générosité et d'humanité.
Pour garçons et filles dès 11-12 ans.

© Jean TANGUY   22 février 2002 

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La tête à l'envers

Un roman d'Anne Fine édité à L'Ecole des loisirs, en 2006,
dans la collection Médium
Traduit de l'anglais

La tête à l'envers 

Stuart Terence Oliver –que l'on appelle Stol ou Stolly- est allongé sur un lit d'hôpital, après une chute qui lui vaut des fractures à la clavicule, des deux bras, de six côtes, d'une jambe et d'une cheville. Précisément, il est dans une salle de soins intensifs, dans le coma. A son chevet se pressent Ian, son meilleur ami, presque son frère, et les parents de Ian. Parce qu'il faut savoir que les parents de Stolly s'en occupent peu. Son père, avocat, passe le plus clair de son temps au tribunal à sauver les autres. Sa mère est une artiste imprévisible qui, à ce moment-là, fait des photos de mode dans la jungle, au Nicaragua. au Nicaragua. Ce sont donc les parents de Ian qui assurent son éducation qui l'hébergent, qui lui donnent à manger. La mère de Ian le considère comme son fils.
Il faut reconnaître que Stolly n'est pas un garçon banal. S'il n'a jamais pu apprendre à faire un noeud à ses lacets, il est capable d'inventer des histoires terrifiantes, de faire des blagues énormes, de converser avec Dieu, de s'entretenir avec les adultes en leur disant la vérité sur ce qu'ils font et ce qu'ils sont. Il est le fondateur du club des Enfants Uniques, un statisticien étonnant pour son jeune âge, un poète capable de disserter sur l'influence de l'art dans sa vie ou sur ses émotions. Il a un sens particulier de la justice, surtout avant le tirage de la tombola de l'école, et il affirme ne jamais mentir. Il est persuadé d'avoir un petit diable sur son épaule droite qui l'accompagne où qu'il aille.
Les adultes ont des avis partagé sur ce garçon. Ils le disent bavard, imaginatif, différent. Ils acceptent parfois qu'en classe, il fasse ce qu'il veut. Certains le prennent pour un menteur, un affabulateur, un mythomane. Beaucoup trouvent qu'il a la tête à l'envers...
Mais Ian, son ami, son ange gardien, celui qui veille sur lui et qui est le seul à la connaître vraiment, est au pied de son lit et décide de penser très fort à la vie pour qu'il sorte du coma. Il se lance dans la rédaction de la biographie de Stolly. Il lui parle, tranquillement, calmement, et se rappelle ce qui le distingue des autres.
Et peu à peu, les mots de Stan apaisent Stolly.


Un roman excellent, avec une belle écriture très vive, des trouvailles heureuses et pittoresque, beaucoup de fraîcheur et de tendresse. Des réflexions intéressantes, de la grandeur d'âme. Originalité garantie pour ce livre à l' humour régulier et au sérieux épisodique. Des surprises à chaque chapitre. Vraiment, c'est très bien...
Ce garçon qui a la tête à l'envers vit dans un monde à l'envers : car c'est Ian qui a été trouvé dans un poubelle, qui a été adopté et qui est le garçon équilibré, raisonnable et sans problème. Et Stolly, qui a des parents riches et cultivés, mais trop souvent absents, est le garçon qui va mal.
On notera tout de même que Stolly n'est pas un exemple à suivre par le lecteur, quel que soit son âge...
Pour garçons et filles dès 13 ans.

© Jean TANGUY   26 avril 2006 

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