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Mis à jour le 09 mai 2012
L'étoile de Kazan
  L'étoile de Kazan
Le secret du quai 13
  Le secret du quai 13
L'étang aux libellules
  L'étang aux libellules

 

  L'étoile de Kazan

Un roman de Eva Ibbotson, publié chez Albin Michel, en 2004,
dans la collection Wiz. Traduit de l'anglais

L'étoile de kazanC'est à Vienne, au début du 20e siècle que grandit Annika, dans une maison excentrique et chaleureuse qu'habitent des professeurs célibataires, deux frères et leur soeur Gertrude, une harpiste. Elle a été trouvée dans une église de montagne par leurs deux servantes. Leurs voisins sont arrogants, genre nouveaux riches, et leur fille est une peste qui déteste beaucoup de choses, dont les vieiles personnes. C'est ainsi qu'elle demande à Annika de visiter sa grand-mère, une dame qui a mené une vie d'artiste, et qui va lui donner sa malle de vêtements et de faux bijoux en héritage.
Alors qu'elle atteint le début de l'adolescence, sa mère réapparaît subitement, désolée d'avoir été dans l'obligation de l'abandonner. Elle l’emmène en Allemagne, dans le château familial. Annika a beaucoup de mal à s'adapter à ce manoir délabré et pas chauffé. Sa mère exige qu'elle ne fréquente pas les servantes, alors qu'elle a été élevée par celles des professeurs. Heureusement, elle rencontre Zed, un jeune gitan qui aime les chevaux et élève Rocco, celui de la famille.
Un héritage arrive fort à propos pour sauver le propriété de la saisie des huissiers. Peu à peu, Annika remarque des choses bizarres, sans avoir l'idée de soupçonner que sa mère soit malhonnête. Mais quand la jeune fille est enfermée dans un pensionnat qui ressemble à une prison, ses amis viennois commencent à s'agiter et décident d'intervenir.
Les aventures vont alors se succéder, toutes aussi surprenantes les unes que les autres, jusqu'à ce que la vérité éclate et qu'Annika recouvre ses biens...


Un gros roman d'aventures fantastiques et merveilleuses. On est plongé dans la vieille Europe avec un luxe de détails. On pourrait presque sentir l'odeur des chevaux de l'Ecole espagnole d'équitation, se surprendre à se lécher les doigts qu'on croirait avoir plongé dans la casserole de chocolat ou avoir froid et faim comme Zed pendant sa fuite. 

Le roman est très respectueux des clichés : les servantes et Annika sont travailleuses, pleines d'abnégation et loyales envers leurs employeurs qui n'ont aucun souci domestique, Vienne est une ville de culture et l'Allemagne est rigoriste et austère, le pensionnat de jeunes filles est d'une absolue sévérité, la vieille grand-mère Egghart est généreuse, sa petite fille est une peste prétentieuse et épuisante, la prétendue mère d'Annika est foncièrement méchante, Zed est certes gitan, mais d'une grande droiture. Il y a des personnages courageux et droits, et d'autres pervers et malhonnêtes, certains sont bêtes, méchants et hautains, d'autres sont beaucoup plus simples, avec un esprit vif et de la détermination à revendre.  Globalement, les plus pauvres sont les plus sympathiques.
Les rebondissements ne manquent pas, qui permetent de réparer l'injustice et de récompenser ceux qui sont restés droits, honnêtes, courageux et généreux. Les personnages qui ont pris le parti d'Annika lui portent une belle affection. 

Si on nage en plein  romanesque, on remarquera que le contexte historique est bien traité, avec les détails précis, décrits avec minutie. 
Annika vit des aventures incroyables, plus rocambolesques les unes que les autres,  parfois incroyables et pas plausibles du tout... Mais on s'y plonge avec joie, suivant les péripéties jusqu'à une fin heureuse qui ne se dévoile que dans les toutes dernières pages de ce gros livre. 

Ce roman sera davantage apprécié par les filles (leur signaler qu'il y a un cheval dans l'histoire), dès 11 ans si elles sont bonnes lectrices.  

 © Jean TANGUY   26 février 2006  


  Le secret du quai 13

Un roman de Eva Ibbotson, publié chez Hachette, en 2009,
dans la collection Le Livre de poche Jeunesse. Traduit de l'anglais

L'étoile de kazan Dans une gare londonienne, le quai n°13 est à l'abandon. Pourtant, une fois tous les neuf ans, il s'ouvre pendant neuf jours sur un tunnel qui relie Londres à une île mystérieuse, le Pays des Brumes. C'est un pays merveilleux et enchanté, inconnu du monde des gens normaux.
Alors que des nurses de l'île faisaient une incursion dans Londres, le bébé qu'elles gardaient, le fils des souverains de l'île, avait été volé par une femme riche, Mme Trottell.
Neuf ans plus tard, des Sauveteurs arrivent à Londres. Ce sont quatre créatures peu communes : un ogre, un très vieux magicien, une fée, et une jeune sorcière pas encore totalement qualifiée. Elles ne tardent pas à retrouver le trace du garçon, Raymond, qui est devenu un enfant capricieux et bouffi, un goujat mal élevé par sa mère qui ne sait rien refuser. Il ne sait pas qu'il est Prince, et de toutes façons, il ne tient pas à quitter le confort de sa vie d'enfant gâté, entouré de serviteurs qui satisfont à toutes ses exigences.
Mais Odge, la petite sorcière, a apporté avec elle une créature très affectueuse, un faiseur de brume, qui préfère s'attacher à Ben, le fils de la nurse de Raymond Trottell. Elle aussi, d'ailleurs, trouve ce garçon bien charmant...
Y aurait-il tromperie sur l'identité du Prince ?


Le roman publié en 1994, a été édité en France en 2005, chez Albin Michel, dans la collection Wiz. A part l'entrée du tunnel dans la gare, ce roman n'a rien à voir avec la série des Harry Potter.
C'est un conte plein de créatures fantastiques, des ogres, des harpies, des géants très costauds, des petites et des grandes sorcières, des chiens qui volent, et j'en passe. Plein de gaité, aussi, de bonne humeur, de personnages délirants, de petites piques sur le monde des riches et du bling-bling, alors que celui-ci n'existait pas encore. On se doute que le jeune Ben est bien plus digne d'être le prince que Raymond, mais cela ne gâche pas la lecture. On estt même soulagé que le dénouement de l'histoire le confirme.
Eva Ibbotson a une imagination débordante, ne laissant pas une page sans y mettre en scène une invention de sa part, imagination dont elle avait déjà fait preuve dans le précédent roman.

C'est vraiment un bon roman, délassant, de lecture aisée, pour des lecteurs dès 10 ans. 

 © Jean TANGUY   06 novembre 2009       

  L'étang aux libellules

Un roman de Eva Ibbotson, publié chez Albin Michel, en 2011,
dans la collection Wiz. Traduit de l'anglais

 L'étang aux libellules 
Londres, 1939. Tally est une jeune fille adorable qui vit avec un père médecin, très dévoué à ses patients et peu intéressé à l'aisance matérielle et financière. Tally entre facilement en relation avec les gens qu'elle rencontre, et particulièrement avec les plus démunis. Comme Londres est menacée par les bombardements allemands, Tally est envoyée à la campagne, au collège de Delderton. C'est une école différente des écoles anglaises très strictes, fréquentées par des enfants de riches familles, garçons et filles séparés. Delderton est une école libre et progressiste, les élèves y ont de la liberté, on favorise leur épanouissement et leur créativité. Dans leurs relations avec les adultes, ils sont considérés avec sérieux et respect.
Tally s’y adapte parfaitement. Une de ses amies, dont la mère est actrice, l'emmène au cinéma. Elle voit un reportage sur le tout petit royaume de Bergamie, dont le prince résiste à Hitler. Sa force de caractère l'éblouit. Elle décide de s'y rendre. Elle parvient à convaincre le directeur de laisser un groupe d'élèves participer à un festival de danses folkloriques organisé dans ce petit pays qui veut développer l’amitié entre les peuples. En Bergamie, Tally fait la connaissance de Karil, le prince héritier, qui l'emmène dans son jardin secret, voir les libellules. Plus tard, elle assiste au coup d’état fomenté par un ministre à la solde des nazis. Les enfants présents au festival, motivés par Tally, s'organisent pour que Karil sorte de son pays et devienne élève à Delderton.
Mais en Angleterre, des membres de la famille princière capturent Karil. Séparés et sans nouvelles l'un de l'autre, Tally et le jeune prince en viennent à croire que leur amitié n'aura pas de suite.
Quelques grains de sable vont leur permettre de se retrouver et de reprendre le combat


J'ai lu ce roman après d'autres rès noirs et pessimistes. Du coup, j'ai trouvé ce roman rafraîchissant !
C'est écrit avec simplicité, limpidité, comme un conte. Pourtant, le roman évoque une période historique dramatiquement tourmentée, qui est opposée à un pays qui vit dans l'harmonie et qui résiste pacifiquement aux nazis.

En mettant en scène cette école "libre et progressiste", l'auteur montre qu'on peut vivre autrement que sous la férule des enseignants ou de la famille. Elle montre aussi que les enfants sont capables de solidarité, de déjouer des pièges, de déchiffrer des situations complexes pourvu qu'on les éduque à vivre ainsi.
Une note de l'auteur signale qu'elle puise dans son enfance pour trouver la matière de ce roman. Ce qui lui donne un surplus de force.

Eva Ibbotson est décédée en octobre 2010. C'est son dernier roman.

Un bon roman, à partir de 12 ans, et même avant, dès qu'on est capable de lire un roman de 450 pages

 © Jean TANGUY   20 mars 2012