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L'étoile de Kazan |
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Le secret du quai 13 |
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L'étang aux libellules |
L'étoile
de Kazan
Un roman de Eva
Ibbotson, publié chez Albin Michel,
en 2004,
dans la collection Wiz. Traduit
de l'anglais
C'est
à Vienne, au
début du
20e siècle que grandit Annika, dans une maison excentrique
et chaleureuse qu'habitent des professeurs célibataires,
deux frères et leur soeur Gertrude, une harpiste. Elle a
été trouvée dans une
église de montagne par leurs deux servantes. Leurs
voisins sont arrogants, genre nouveaux riches, et leur fille est une
peste qui déteste beaucoup de choses, dont les vieiles
personnes. C'est ainsi qu'elle demande à Annika de visiter
sa grand-mère, une dame qui a mené une vie
d'artiste, et qui va lui donner sa malle de vêtements et de
faux bijoux en héritage.
Alors qu'elle atteint le début de l'adolescence, sa
mère réapparaît subitement,
désolée d'avoir été dans
l'obligation de l'abandonner. Elle l’emmène en
Allemagne, dans le château familial. Annika a beaucoup de mal
à s'adapter à ce manoir
délabré et pas chauffé. Sa
mère exige qu'elle ne fréquente pas les
servantes, alors qu'elle a été
élevée par celles des professeurs. Heureusement,
elle rencontre Zed, un jeune gitan qui aime les chevaux
et élève Rocco, celui de la famille.
Un héritage arrive fort à propos pour sauver le
propriété de la saisie des huissiers. Peu
à peu, Annika remarque des choses bizarres, sans avoir
l'idée de soupçonner que sa mère soit
malhonnête. Mais quand la jeune fille est enfermée
dans un pensionnat qui ressemble à une prison, ses amis
viennois commencent à s'agiter et décident
d'intervenir.
Les aventures vont alors se succéder, toutes aussi
surprenantes les unes que les autres, jusqu'à ce que la
vérité éclate et qu'Annika recouvre
ses biens...
Un gros roman d'aventures
fantastiques et merveilleuses. On est plongé dans la vieille
Europe avec un luxe de détails. On pourrait presque sentir
l'odeur des chevaux de l'Ecole espagnole d'équitation, se
surprendre à se lécher les doigts qu'on croirait
avoir plongé dans la casserole de chocolat ou avoir froid et
faim comme Zed pendant sa fuite.
Le roman est très
respectueux des clichés : les servantes et Annika sont
travailleuses, pleines d'abnégation et loyales envers leurs
employeurs qui n'ont aucun souci domestique, Vienne est une ville de
culture et l'Allemagne est rigoriste et austère, le
pensionnat de jeunes filles est d'une absolue
sévérité, la vieille
grand-mère Egghart est généreuse, sa
petite fille est une peste prétentieuse et
épuisante, la prétendue mère d'Annika
est foncièrement méchante, Zed est certes gitan,
mais d'une grande droiture. Il y a des personnages courageux et droits,
et d'autres pervers et malhonnêtes, certains sont
bêtes, méchants et hautains, d'autres
sont beaucoup plus simples, avec un esprit vif et de la
détermination à revendre. Globalement,
les plus pauvres sont les plus sympathiques.
Les rebondissements ne manquent pas, qui permetent de
réparer l'injustice et de récompenser
ceux qui sont restés droits, honnêtes, courageux
et généreux. Les personnages qui ont
pris le parti d'Annika lui portent une belle affection.
Si on nage en plein
romanesque, on remarquera que le contexte historique est bien
traité, avec les détails précis,
décrits avec minutie.
Annika vit des aventures incroyables, plus rocambolesques les unes que
les autres, parfois incroyables et pas plausibles du tout...
Mais on s'y plonge avec joie, suivant les
péripéties jusqu'à une fin heureuse
qui ne se dévoile que dans les toutes dernières
pages de ce gros livre.
Ce roman sera davantage
apprécié par les filles (leur signaler qu'il y a
un cheval dans l'histoire), dès 11 ans si
elles sont bonnes lectrices.
©
Jean TANGUY 26 février 2006
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Le
secret du quai 13
Un roman de Eva
Ibbotson, publié chez Hachette,
en 2009,
dans la collection Le Livre de poche Jeunesse. Traduit de l'anglais
Dans une gare londonienne,
le quai n°13 est à l'abandon. Pourtant, une fois tous les neuf ans, il
s'ouvre pendant neuf jours sur un tunnel qui relie Londres à une île
mystérieuse, le Pays des Brumes. C'est un pays merveilleux et enchanté,
inconnu du monde des gens normaux.
Alors que des nurses de l'île faisaient une incursion dans Londres, le
bébé qu'elles gardaient, le fils des souverains de l'île, avait été
volé par une femme riche, Mme Trottell.
Neuf ans plus tard, des Sauveteurs arrivent à Londres. Ce sont quatre
créatures peu communes : un ogre, un très vieux magicien, une fée, et
une jeune sorcière pas encore totalement qualifiée. Elles ne tardent
pas à retrouver le trace du garçon, Raymond, qui est devenu un enfant
capricieux et bouffi, un goujat mal élevé par sa mère qui ne sait rien
refuser. Il ne sait pas qu'il est Prince, et de toutes façons, il ne
tient pas à quitter le confort de sa vie d'enfant gâté, entouré de
serviteurs qui satisfont à toutes ses exigences.
Mais Odge, la petite sorcière, a apporté avec elle une créature très
affectueuse, un faiseur de brume, qui préfère s'attacher à Ben, le fils
de la nurse de Raymond Trottell. Elle aussi, d'ailleurs, trouve ce
garçon bien charmant...
Y aurait-il tromperie sur l'identité du Prince ?
Le
roman publié en 1994, a été édité en France en 2005, chez Albin Michel,
dans la collection Wiz. A part l'entrée du
tunnel dans la gare, ce roman n'a rien à voir avec la série des Harry
Potter.
C'est un conte plein de créatures fantastiques, des ogres, des harpies,
des géants très costauds, des petites et des grandes sorcières, des
chiens qui volent, et j'en passe. Plein de gaité, aussi, de bonne
humeur, de personnages délirants, de petites piques sur le monde des
riches et du bling-bling,
alors que celui-ci n'existait pas encore. On se doute que le jeune Ben
est bien plus digne d'être le prince que Raymond, mais cela ne gâche
pas la lecture. On estt même soulagé que le dénouement de l'histoire le
confirme.
Eva Ibbotson a une imagination débordante, ne laissant pas une page
sans y mettre en scène une invention de sa part, imagination dont elle
avait déjà fait
preuve dans le précédent roman.
C'est vraiment un bon roman, délassant, de lecture aisée, pour des
lecteurs dès 10 ans.
©
Jean TANGUY 06 novembre 2009
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L'étang
aux libellules
Un roman de Eva
Ibbotson, publié chez Albin Michel,
en 2011,
dans la collection Wiz. Traduit
de l'anglais
Londres, 1939. Tally est une jeune fille adorable qui vit avec un père médecin, très dévoué
à ses patients et peu intéressé à l'aisance matérielle et financière.
Tally entre facilement en relation avec les gens qu'elle rencontre, et
particulièrement avec les plus démunis. Comme Londres est menacée par
les bombardements allemands, Tally est envoyée à la campagne, au
collège de Delderton. C'est une école différente des écoles anglaises
très strictes, fréquentées par des enfants de riches familles, garçons
et filles séparés. Delderton est une école libre et progressiste, les
élèves y ont de la liberté, on favorise leur épanouissement et leur
créativité. Dans leurs relations avec les adultes, ils sont considérés
avec sérieux et respect. Tally
s’y adapte parfaitement.
Une de ses amies, dont la mère est actrice, l'emmène au cinéma. Elle
voit un reportage sur le tout petit royaume de Bergamie, dont le prince
résiste à Hitler. Sa force de caractère l'éblouit. Elle décide de s'y
rendre. Elle parvient à convaincre le directeur de laisser un groupe
d'élèves participer à un festival de danses folkloriques organisé dans
ce petit pays qui veut développer l’amitié entre les peuples. En
Bergamie, Tally fait la connaissance de Karil, le prince héritier, qui
l'emmène dans son jardin secret, voir les libellules. Plus tard, elle
assiste au coup d’état fomenté par un ministre à la solde des nazis.
Les enfants présents au festival, motivés par Tally, s'organisent pour
que Karil sorte de son pays et devienne élève à Delderton.
Mais en Angleterre, des membres de la famille princière capturent
Karil. Séparés et sans nouvelles l'un de l'autre, Tally et le jeune
prince en viennent à croire que leur amitié n'aura pas de suite.
Quelques grains de sable vont leur permettre de se retrouver et de
reprendre le combat
J'ai lu ce roman après d'autres rès
noirs et pessimistes. Du coup, j'ai trouvé ce roman rafraîchissant !
C'est écrit avec simplicité, limpidité, comme un conte. Pourtant, le
roman évoque une période historique dramatiquement tourmentée, qui est
opposée à un pays qui vit dans l'harmonie et qui résiste pacifiquement
aux nazis.
En mettant en scène cette école "libre
et progressiste", l'auteur montre qu'on peut vivre autrement que sous
la férule des enseignants ou de la famille. Elle montre aussi que les
enfants sont capables de solidarité, de déjouer des pièges, de
déchiffrer des situations complexes pourvu qu'on les éduque à vivre
ainsi.
Une note de l'auteur signale qu'elle puise dans son enfance pour
trouver la matière de ce roman. Ce qui lui donne un surplus de force.
Eva Ibbotson est décédée en octobre
2010. C'est son dernier roman.
Un bon roman, à partir de 12 ans, et
même avant, dès qu'on est capable de lire un roman de 450 pages
©
Jean TANGUY 20 mars 2012
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